Le Moro-Sphinx, le papillon colibri
Le Moro sphinx ! Avez-vous déjà croisé ce drôle d’insecte dans votre jardin, virevoltant de fleur en fleur à une vitesse folle ? Vous avez peut-être pensé : « Tiens, un mini colibri ! »
Eh bien, pas du tout ! Ce petit bolide aérien, c’est le moro sphinx, un papillon ultra-rapide, aussi élégant qu’utile.
Avec sa trompe interminable, son vol stationnaire et son allure de champion olympique, il intrigue autant qu’il émerveille.
Mais qui est-il vraiment ? Installez-vous, je vous dit tout sur ce papillon hors du commun ! 🌸🐛
Carte d’identité du Moro-Sphinx
- Nom scientifique : Macroglossum stellatarum.
- Famille : Sphingidés (ordre des Lépidoptères).
- Taille : 4 à 6 cm de long, envergure de 4 à 5 cm.
- Couleurs :
- Ailes antérieures brun-gris.
- Ailes postérieures orange vif.
- Corps beige et gris, flancs noirs et blancs.
- Particularité : trompe extensible jusqu’à 3 cm pour aspirer le nectar des fleurs tubulaires.
- Vitesse : jusqu’à 50 km/h, capable de vol stationnaire et de manœuvres précises.
- Espérance de vie : jusqu'à 2 ans (de l'oeuf à l'adulte)
- Confusions possibles :
- Le Sphinx gazé (Hemaris fuciformis), avec ses ailes transparentes.
- Le Sphinx bourdon (Hemaris tityus), trapu et ressemblant à un bourdon.
Une star des jardins et un athlète du monde des papillons !

Pourquoi s'appelle t'il "Moro-Sphinx" ? Un nom qui intrigue
Le nom "Moro" ne sort pas d’un roman policier, mais fait simplement référence à sa teinte sombre, rappelant celle des Maures d’Afrique du Nord.
Quant à "Sphinx", il doit ce titre royal à la posture de ses chenilles, qui, lorsqu’on les observe, semblent imiter la célèbre statue égyptienne. On vous l’accorde, il faut un peu d’imagination.
Et ce n’est pas tout. Ce papillon porte aussi le surnom de "sphinx du caille-lait". Pourquoi ? Parce que sa chenille raffole des plantes appelées "caille-lait", comme le Galium mollugo ou l’Asperula tinctoria.
Ces plantes étaient autrefois utilisées pour… cailler le lait, justement ! Un hommage subtil à son menu de chenille gourmet.
Où et comment vit le Moro-Sphinx ?
Le Moro sphinx est un papillon globe-trotteur. C'est un papillon diurne (de jour).
Vous pouvez le croiser dans votre jardin en France, mais aussi en Afrique du Nord, en Asie et même dans certaines régions d’Amérique. Il est partout où il fait bon vivre… et où il y a des fleurs, bien sûr.
Comment vit il ?
Quand on observe le Moro sphinx en action, on comprend vite qu’il n’a pas une minute à perdre.
Dès qu’il émerge de sa chrysalide, il se lance dans une vie à 100 à l’heure :
- Nourriture : il passe ses journées à butiner des fleurs riches en nectar comme la lavande, la valériane ou le buddleia. Avec sa trompe démesurée, il atteint les recoins inaccessibles à d’autres insectes, un vrai VIP du nectar.
- Reproduction : une fois nourri, il se concentre sur sa reproduction. Le but du jeu étant qu'il y ait toujours des petits papillons comme lui dans les jardins.
Et tout ça en quelques semaines !
Quelle est la durée de vie d’un Moro-sphinx ?
Contrairement à beaucoup d’autres papillons, la durée de vie du moro-sphinx peut dépasser deux ans.
Mais ces deux ans comprennent son cycle de vie total, et pas uniquement sa vie en format adulte !
La migration du Moro-sphinx
Le Moro-sphinx est un TRÈS grand migrateur, malgré sa petite taille.
Chaque année, il peut parcourir jusqu’à 3 000 km depuis l’Afrique du Nord, où il hiverne, pour rejoindre l’Europe du Nord au printemps ou en été.
Une performance d’autant plus impressionnante quand on sait que ce papillon ne mesure que 4 centimètres !
Grâce à ses ailes puissantes et à son vol rapide, semblable à celui d’un colibri, il franchit montagnes et plaines avec une étonnante aisance.
Ces incroyables voyages lui permettent de suivre les floraisons au fil des saisons et de toujours trouver de quoi se nourrir. Un vrai globe-trotter ailé !
Le Moro-Sphinx est il dangereux ?
Pas du tout! Malgré son allure impressionnante et son vol rapide, le moro sphinx est le plus pacifique des papillons.
Il n’a pas de dard, pas de dents, rien qui puisse vous faire du mal.
Sa trompe est exclusivement dédiée au nectar et pas à autre chose. En réalité, si quelqu’un doit avoir peur, c’est plutôt lui.
Essayez de l’attraper, et vous risquez de l’endommager : ses ailes délicates n’apprécieront pas votre maladresse.

Donc, si ce mini colibri entre chez vous par erreur, pas de panique. Ouvrez une fenêtre, il trouvera la sortie tout seul.
Et si ce n’est pas le cas, laissez lui une chance de repartir avant de sortir l’épuisette !
Que mange un Moro-Sphinx ?
Le Moro sphinx est un gourmand assumé, mais pas il ne mange pas n’importe comment ni n'importe quoi !
Oubliez les miettes de pain ou les restes de pique-nique, ce papillon a des goûts raffinés.
Son régime alimentaire est exclusivement composé de nectar, cette précieuse boisson sucrée que les fleurs offrent généreusement.
Un menu 100 % floral
Le Moro sphinx est fidèle à ses fleurs préférées, celles qui débordent de nectar. Parmi ses plats favoris :
- Chèvrefeuille : un régal pour lui, surtout grâce à la forme tubulaire des fleurs qui lui va comme un gant (ou plutôt une trompe).
- Lavande : un classique pour ce mini colibri, qu’il adore pour ses fleurs riches en nectar.
- Valériane : parfaite pour faire le plein d’énergie.
- Sauge et buddleia : Une valeur sûre, surtout en été.
Manger en plein vol : un exploit acrobatique
Mais ce qui rend le Moro sphinx vraiment unique, c’est sa manière de manger. Attention, c’est du grand art.
Contrairement à la plupart des papillons qui se posent gentiment sur une fleur pour siroter leur nectar, le Moro sphinx a décidé que se poser sur une fleur était trop facile.
- Vol stationnaire : grâce à ses ailes qui battent à toute vitesse, il reste suspendu dans les airs comme un hélicoptère.
- Déploiement de la trompe : sa trompe ultra longue, qui peut atteindre 3 cm, est son arme secrète. Elle s’enroule en spirale sous sa tête lorsqu’il ne l’utilise pas, mais il la déploie avec précision pour atteindre le cœur des fleurs.
- Aspiration façon paille : une fois la trompe bien en place, il aspire le nectar en plein vol, sans jamais toucher la fleur. Un vrai pro.
Le Moro sphinx a un avantage énorme avec sa trompe : il peut butiner les fleurs tubulaires que d’autres insectes ne peuvent pas atteindre.
Ses concurrents, comme les abeilles, doivent parfois se contenter de fleurs plus simples. Mais lui, avec sa trompe extensible, il accède à des trésors cachés.
Comment se reproduit le Moro-Sphinx ?
Le Moro sphinx, malgré son emploi du temps chargé entre butinage et vols supersoniques, trouve quand même le temps de s’occuper de la perpétuation de son espèce.
Et il fait ça avec style. Voici comment il s’y prend :
Tout commence au printemps (ou presque)
Quand les beaux jours arrivent, les Moro sphinx émergent de leurs chrysalides, prêts à passer à l’action.
Les adultes se lancent dans une quête frénétique de partenaires pour s’accoupler. Pas le temps de traîner : avec une vie de seulement 2 à 3 semaines, mieux vaut ne pas procrastiner.
💡 Dans les régions tempérées, comme en France, ils ont plusieurs générations par an. Traduction : ils ne perdent jamais une occasion de s’aimer tout l’été !

La ponte, étape minutieuse
Une fois l’accouplement terminé, madame Moro sphinx prend les choses en main.
Elle pond ses œufs un par un, avec une précision chirurgicale, sur les feuilles des plantes hôtes comme les gaillets (Galium) ou d’autres membres de la famille des Rubiaceaes.
Ces plantes serviront de garde-manger aux futures chenilles.
Les œufs passent presque inaperçus. Petits, ronds et vert pâle, difficile de les repérer sur une plante ! A moins d'avoir une loupe !
Les chenilles, grandes gourmandes en devenir
Quand les œufs éclosent, les chenilles prennent le relais.
Ces bébés moro sphinx se mettent immédiatement à grignoter les feuilles de leur plante hôte avec un appétit digne d’un marathonien.

Et si vous les observez de près, vous remarquerez leur magnifique couleur verte rayée de blanc et une petite "corne" inoffensive à l’arrière. Une vraie signature "chenille de sphinx".
Elles muent plusieurs fois pour grandir, devenant de plus en plus dodues à chaque étape.
L’art de devenir un papillon
Quand les chenilles sont repues et bien dodues, elles entrent dans leur phase la plus fascinante : la métamorphose.
Elles tissent un cocon ou trouvent un abri sûr pour se transformer en chrysalides. À l'intérieur, c’est un véritable chantier biologique :
- La chenille, en quelque sorte, se "liquéfie". Certaines de ses cellules sont détruites et recyclées pour construire de nouvelles structures.
- Des groupes de cellules spéciales, appelés disques imaginaux (oui, c'est leur vrai nom !), se développent pour former les ailes, les pattes, et les antennes du futur papillon.
Quelques semaines plus tard, le moro sphinx adulte émerge, prêt à déployer ses ailes et à partir à la conquête des fleurs.
Une prouesse naturelle digne d’un magicien de la biologie !
Le Moro-Sphinx en hiver
Contrairement à de nombreux papillons qui vivent quelques semaines à l’état adulte, le Moro-Sphinx fait figure d’exception.
Grâce à sa capacité à hiberner, il peut vivre jusqu’à un an, voire plus, en traversant deux années consécutives.
Stratégies pour survivre
En automne, on trouve deux générations distinctes :
- Les imagos (adultes) : certains adultes nés en été ou en début d’automne entrent en hibernation. Ils se réfugient dans des endroits abrités, comme des fissures de murs, des rochers ou des anfractuosités. Leur métabolisme ralentit, leur permettant de passer l’hiver en vie.
- Les chenilles de la dernière génération : elles se transforment en chrysalides et restent en dormance dans le sol, protégées des intempéries, jusqu’au printemps suivant.
Au printemps : la grande sortie
Quand les températures remontent et que les fleurs s’épanouissent, c’est l’heure du réveil :
- Les adultes qui hibernent émergent de leur cachette, prêts à se reproduire.
- Les chrysalides de l’automne s’ouvrent pour libérer de nouveaux adultes, qui rejoignent les autres papillons adultes pour démarrer une nouvelle génération.

Les Symboles du Moro-Sphinx
Le Moro sphinx, avec sa grâce et sa vitesse, est chargé de significations :
- Transformation : comme tous les papillons, il symbolise le changement et la métamorphose, rappelant la beauté qui peut naître des épreuves.
- Messager spirituel : dans certaines cultures, il est vu comme un lien avec l’au-delà ou un signe de chance et d’harmonie.
- Rapidité et agilité : sa maîtrise du vol incarne l’efficacité, l’adaptabilité et la résilience face aux défis.
- Inspiration scientifique : son vol stationnaire a inspiré des avancées en robotique, notamment pour les drones.
- Mystère éphémère : sa courte vie et son allure de colibri en font un symbole de beauté et de mystère dans l’art et la littérature.
Un papillon aussi fascinant qu’utile, qui ne cesse d’émerveiller !
Le saviez-vous ? Quelques anecdotes
- Un sprinter de l’air : Le Moro sphinx avec une vitesse de 50 km/h, est l’un des papillons les plus rapides au monde.
- Un œil sur son jardin : il est capable de revenir exactement au même endroit où il a butiné la veille, grâce à une excellente mémoire visuelle.
- Un amateur de déco florale : ses fleurs préférées sont souvent violettes ou bleues. Mais il ne dira jamais non à un buddleia en fleurs même si celui ci n'est pas de la bonne couleur, et peu nourrissant.
FAQ Vos questions sur le Moro Sphinx
Non, ce papillon est assez répandu en Europe. On le croise souvent dans les jardins, les prairies ou près des massifs fleuris. Sa rapidité et son vol stationnaire le rendent parfois difficile à observer, ce qui donne l’impression qu’il est rare, mais il est en réalité bien présent.
Oui, il fait partie de la grande famille des sphinx, qui sont des papillons de nuit. Mais le Moro-sphinx est une exception : il vole surtout en plein jour, quand le soleil brille, ce qui le distingue de la plupart de ses cousins nocturnes.
Très impressionnante ! Ce petit papillon est un grand voyageur. Chaque année, il migre depuis l’Afrique du Nord ou le sud de l’Europe vers le nord du continent, et il peut parcourir plusieurs centaines de kilomètres sans problème. Certains atteignent même la Grande-Bretagne en traversant la Manche.
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