L’Epervier d’Europe, un redoutable petit rapace
L'Epervier d'Europe, avec son allure majestueuse et ses talents de chasseur redoutables, occupe une place particulière parmi les rapaces.
Pas très grand, rapide, agile, l'Epervier d'Europe est un rapace diurne, aux étonnantes capacités.
Qui est l’Epervier d’Europe ?
L'Epervier d'Europe (Accipiter nisus) est un rapace qui fait partie de la famille des Accipitridés (Accipitridae). Une grande famille de rapaces qui comprend entre autre, les Buses, Aigles, Busards et Milans. Les caractéristiques communes de cette famille incluent des serres puissantes, un bec crochu et une excellente vision
Il n'est certes pas le plus impressionnant des rapaces. Sa taille est en effet assez proche de celle d'un Pigeon ramier. Et son plumage assez discret, dans les tons gris, en font un oiseau pas toujours facile à repérer. Il n'y tient d'ailleurs pas. La discrétion est l'une de ses meilleures armes.

Comment le reconnaître ?
Comment vit l’Epervier d’Europe
Si l’épervier d’Europe devait avoir une carte d’identité, voici à quoi elle ressemblerait :
📌 Taille :
- Mâle : 28 à 34 cm
- Femelle : 35 à 41 cm (oui, madame domine clairement la situation)
📌 Envergure : - Mâle : 55 à 65 cm
- Femelle : 67 à 80 cm
📌 Poids : - Mâle : 100 à 180 g (léger, mais redoutable)
- Femelle : 185 à 350 g (une vraie force de la nature)
📌 Plumage : - Mâle : dos gris-bleu, poitrine barrée de roux et blanc
- Femelle : dos brun, ventre barré de brun et blanc, plus sobre mais tout aussi efficace
- Yeux : jaunes à orange, regard perçant digne d’un détective privé
- Bec : court, crochu et aiguisé pour la découpe express
- Pattes : longues et fines, griffes acérées, idéales pour capturer ses proies
- Queue : longue et rayée, outil parfait pour les virages serrés en pleine chasse
- Cri : un "kikikiki" rapide et nerveux, souvent entendu en période de nidification
- Alimentation : 100 % carnivore – moineaux, mésanges, merles, parfois quelques rongeurs
- Habitat : forêts claires, haies, parcs, jardins… bref, là où se cachent les petits oiseaux
- Espérance de vie : en moyenne 4 à 6 ans à l’état sauvage, mais certains spécimens peuvent atteindre 10 ans
Ce petit chasseur agile et opportuniste est un véritable ninja des airs. Avec ses ailes courtes et sa longue queue, il excelle dans le vol en rase-mottes et les embuscades. Dès qu’il surgit, les petits passereaux du jardin passent en mode panique générale !

Comment vit il ?
L’épervier d’Europe est un as de la discrétion. Si certains oiseaux passent leur temps à chanter et à parader, lui préfère l’efficacité : voler bas, chasser vite et disparaître aussitôt. Mais que se passe-t-il quand il ne traque pas ses proies ?
📌 Un solitaire dans l’âme
L’épervier est plutôt du genre loup solitaire… ou plutôt, faucon ermite. En dehors de la saison de reproduction, il évite autant que possible ses congénères. Chacun son territoire, chacun ses proies. Les rencontres entre éperviers sont rarement chaleureuses, et il vaut mieux pour un mâle de ne pas trop s’attarder sur le domaine d’une femelle, sous peine de se faire remettre à sa place !
📌 Un oiseau territorial mais discret
L’épervier ne cherche pas à attirer l’attention. Il ne chante pas, il ne parade pas hors saison, et il ne s’affiche pas en groupe. Son quotidien est une alternance de longues phases d’affût et de sprints fulgurants pour attraper une proie. Il chasse au petit matin ou en fin de journée, et passe le reste du temps à se reposer à l’abri des regards.
En somme, c’est un prédateur méthodique, un chasseur solitaire et un parent plutôt distant. Une vie sociale minimaliste… mais diablement efficace !
Que mange t’il ?
📌 Un régime strictement carnivore
L’épervier d’Europe ne perd pas son temps avec des graines ou des baies : son alimentation est composée à 100 % d’animaux vivants, principalement des oiseaux. Il ne dit jamais non à un bon moineau dodu ou à une mésange inattentive, mais son menu varie en fonction de son gabarit et de son territoire.
- Le menu du mâle (plus petit) : petits passereaux (moineaux, mésanges, rouges-gorges, chardonnerets…)
- Le menu de la femelle (plus grande et plus puissante) : proies plus imposantes (merles, étourneaux, grives, pigeons…)
- En cas d’opportunité : quelques petits mammifères (campagnols, souris) ou même des chauves-souris
- En hiver : il peut se rabattre sur des proies plus faciles, comme des oiseaux affaiblis par le froid
L’Epervier, un chasseur redoutable
L’épervier d’Europe est un prédateur embusqué. Contrairement aux rapaces qui chassent en altitude, il préfère une approche furtive et fulgurante, adaptée aux milieux boisés et aux jardins.
🔹 L’embuscade parfaite
L’épervier aime surprendre. Il attend souvent caché dans un arbre ou vole à basse altitude, rasant les haies, les murs et les troncs pour rester invisible. Quand il repère une proie, il accélère brutalement et surgit au dernier moment, provoquant la panique dans les rangs des petits oiseaux.
🔹 Un vol rapide et précis
Contrairement aux buses qui planent, l’épervier adopte un vol typique : quelques battements d’ailes rapides suivis d’un court vol plané. Cette technique lui permet de zigzaguer entre les obstacles et de fondre sur sa cible avant qu’elle n’ait le temps de réagir.
🔹 La capture : une affaire de secondes
S’il réussit à surprendre sa proie, il la saisit avec ses longues pattes aux griffes acérées. Il l’immobilise en la pressant contre le sol ou une branche, puis l’achève rapidement d’un coup de bec bien placé. Si la proie se débat trop, il peut s’envoler avec elle pour la mettre à l’abri avant de la consommer.
🔹 Un échec ? Pas grave, on recommence !
Malgré sa technique efficace, l’épervier rate sa cible dans plus de la moitié des cas. Mais il ne se décourage pas : il enchaîne les attaques jusqu’à réussir. D’ailleurs, il lui suffit d’une à deux bonnes prises par jour pour couvrir ses besoins énergétiques.
📌 Un prédateur opportuniste
L’épervier n’est pas difficile : il chasse là où les oiseaux sont nombreux. Mangeoires, haies, lisières de forêt, parcs… Il n’a aucun scrupule à transformer une mangeoire à oiseaux en buffet à volonté. Si un groupe de moineaux est trop confiant, il en profitera sans hésiter !

L’épervier en hiver : le buffet est ouvert !
En hiver, il n’est pas rare d’apercevoir un épervier d’Europe faire une incursion dans les jardins, y compris en pleine ville. Et pour cause : les mangeoires, installées avec amour pour aider les petits oiseaux à passer la saison froide, sont devenues de véritables buffets à ciel ouvert… pour lui aussi !
Dès qu’il repère un regroupement d’oiseaux insouciants picorant tranquillement, il prend position, observe… et attend le bon moment. Quand l’occasion se présente, il fonce sans hésiter, transformant la scène bucolique en un véritable thriller ornithologique.
Mais les mésanges, toujours en alerte, ne sont pas dupes. Si elles aperçoivent l’ombre furtive du prédateur, elles déclenchent immédiatement un cri strident digne d’une alarme anti-intrusion. Résultat ? Un silence de plomb s’abat sur le jardin. Moineaux, pinsons et autres habitués des mangeoires disparaissent en un éclair.
Quand un épervier rôde, mieux vaut filer avant de se retrouver au menu du jour !
Comment se reproduit il ? Un couple… mais pas trop proche !
Si l’épervier d’Europe passe l’année en mode solitaire, il fait une exception au printemps. Dès le mois de mars-avril, les mâles se lancent dans un show aérien impressionnant : vol plané, piqué, loopings… tout y passe pour séduire une femelle. Un vrai spectacle de voltige, mais avec un enjeu bien plus sérieux que le simple plaisir de virevolter dans les airs.
📌 La saison des amours : un couple, mais chacun chez soi
Une fois séduit, le mâle ne croit pas pour autant avoir gagné le droit de s’installer confortablement auprès de sa dulcinée. L’épervier n’est pas du genre romantique : madame construit son nid, monsieur apporte les repas, mais chacun garde ses distances. Une trop grande proximité pourrait lui être fatale, car la femelle, bien plus grande, ne plaisante pas avec la hiérarchie… et pourrait bien lui rappeler qui commande "à la maison" ! Eh oui, chez l'épervier d'Europe c'est Madame qui porte la culotte !
📌 Le nid : une construction sans chichi
Madame choisit un arbre, généralement dans une forêt ou un grand parc, et s’installe sur une fourche solide à 6 à 20 mètres de hauteur. Avec des branches et un peu d’écorce, elle construit une plateforme sobre et efficace : pas de déco, pas de superflu, juste de quoi accueillir les œufs. Après tout, l’essentiel est que ça tienne jusqu’à l’éclosion ! Mais la construction du nid ne se fait pas en 2 jours. Cette construction prendra entre 10 et 20 jours, selon l’enthousiasme de la femelle et la disponibilité des matériaux.
📌 La naissance des petits : la cantine est ouverte !
Quand les oisillons éclosent, ils sont totalement dépendants de leurs parents. Pendant les 10 premiers jours, la femelle reste au nid pour les protéger, tandis que le mâle continue d’assurer les livraisons de proies fraîchement chassées. Les parents régurgitent la nourriture directement dans le nid pour nourrir les jeunes. Les proies typiques comprennent des petits oiseaux et d'autres petits animaux faciles à manger ou dépecer par les petits Eperviers. La période d'alimentation des jeunes dure plusieurs semaines.
Ensuite, madame reprend la chasse, car ces petites bouches insatiables ont un appétit d’ogre. Un seul jeune peut engloutir jusqu’à 40 petits oiseaux avant de quitter le nid !
📌 L’envol : apprentissage express du vol… et de la chasse !
Vers 24 à 30 jours, les jeunes éperviers s’aventurent hors du nid. Mais voler ne signifie pas encore chasser ! Pendant une quinzaine de jours, ils perfectionnent leur technique de vol et quémandent encore de la nourriture auprès des parents. Puis, brutalement, les repas gratuits s’arrêtent. Il faut bien qu’ils apprennent à se débrouiller !
📌 Un avenir incertain pour les jeunes éperviers
Dans la nature, être un jeune épervier, ce n’est pas simple. Sur une nichée, seul un sur trois atteindra l’âge adulte. Les dangers sont nombreux : météo capricieuse, manque de nourriture, prédateurs, collisions…
Le couple d'Epervier d'Europe n'aura qu'une seule portée par an. Une fois que les petits ont tous quittés le nid, les parents regagnent chacun leur territoire.

L’épervier d’Europe : un rapace protégé, mais toujours menacé
L’épervier d’Europe a longtemps été mal aimé. Autrefois considéré comme un nuisible, ce petit rapace agile a payé cher son goût prononcé pour les oiseaux domestiques. Entre les éleveurs de volailles et les amateurs d’oiseaux en cage, il n’avait pas que des amis… et il a longtemps été pourchassé sans scrupules.
Heureusement, les mentalités ont évolué, et aujourd’hui, l’épervier d’Europe est une espèce protégée par la loi. Sa capture, sa détention ou sa destruction sont strictement interdites. Mais cela ne veut pas dire qu’il est tiré d’affaire pour autant.
📌 Un passé empoisonné par les pesticides
Comme beaucoup d’oiseaux de proie, l’épervier a souffert de l’usage intensif des pesticides, notamment les organochlorés comme le tristement célèbre DDT. Ces substances, en s’accumulant dans la chaîne alimentaire, ont fragilisé les coquilles de ses œufs, réduisant drastiquement son taux de reproduction. Même si ces pesticides sont désormais interdits, leur impact se fait encore sentir dans certaines régions.
📌 Un statut de conservation contrasté
L’épervier d’Europe est actuellement classé "quasi menacé" sur la Liste Rouge des oiseaux nicheurs de France métropolitaine. Ce statut reflète une certaine préoccupation, bien que les populations restent stables dans certaines zones grâce à la protection légale.
Cependant, les menaces sont encore bien présentes :
- L’urbanisation réduit ses espaces de chasse.
- La disparition des forêts et des haies lui complique la vie.
- Les produits chimiques encore utilisés continuent d’impacter la biodiversité dont il dépend.
- Les collisions avec des vitres et des véhicules font partie des dangers quotidiens.
📌 Quand l’épervier devient un allié en ville
Ironie du sort : autrefois pourchassé, l’épervier est aujourd’hui utilisé comme solution naturelle pour réguler certaines populations d’oiseaux jugées envahissantes, comme les pigeons ou les perruches à collier. Certaines villes pratiquent la "fauconnerie urbaine", une méthode qui consiste à introduire des rapaces pour contrôler les effectifs de ces espèces en pleine expansion. Un rôle de régulateur qu’il assume sans effort… et sans réclamer de salaire !
👉 Conclusion : malgré son statut d’espèce protégée, l’épervier d’Europe reste vulnérable face aux activités humaines. Tantôt chassé, tantôt allié, il s’adapte, mais a toujours besoin d’un environnement préservé pour survivre.
FAQ Vos questions sur l’Epervier d’Europe
La Buse variable est trapue, plane en cercles avec ses ailes larges et chasse surtout des rongeurs. L’Epervier est plus fin, avec une longue queue et des battements rapides, et il chasse surtout les oiseaux.
Non. Le vol stationnaire est l’apanage du faucon crécerelle, pas de l’épervier.
Surtout l’Epervier d’Europe, parfois l’Autour ou le Faucon pèlerin.
Sans lui nuire (c’est une espèce protégée), placez les mangeoires près de buissons, les oiseaux pourront s'y cacher. Installez des cages protectrices, et si besoin arrêtez le nourrissage quelques jours pour qu’il aille chasser ailleurs.
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