Le Perce oreille, jardinier discret et utile
Mais qui est ce Perce Oreille, que l'on nomme aussi Pince Oreille, Cure oreille, Michorèle ou Forficule (petit ciseau en latin), que l'on voit déambuler dans le jardin, sous les bûches, et même dans la maison ?
Qui est le Perce Oreille ?
Le perce-oreille (Forficula auricularia) traîne une réputation peu enviable. Non, il ne grimpe pas dans les oreilles la nuit pour y faire son nid (merci les légendes urbaines !). Cet insecte discret fait en réalité partie des Dermaptères, une famille d'insectes dotés de pinces redoutables à l'arrière du corps, qui lui donnent un air de petit dur... mais qui ne sont là que pour l’intimidation et la défense.
Il existe une vingtaine d'espèces de Perce Oreille en France.
Originaire d’Europe, le perce-oreille est aujourd’hui présent presque partout dans le monde, profitant de la mondialisation avant l’heure. Et contrairement aux idées reçues, il joue un rôle essentiel dans les écosystèmes… et dans votre jardin !
Le Perce Oreille est il dangereux ? Légende urbaine
🧐Beaucoup redoute le Perce Oreille car, selon la légende, il chercherait à pénétrer dans nos oreilles, et à nous percer les tympans ! Ou mieux encore, il viendrait pondre ses œufs dans nos oreilles !
Toutes ces croyances, bien entendu, sont fausses. Le Pince Oreille est un insecte totalement inoffensif ! Son nom, trompeur, lui vient sans doute du fait qu'il ressemble aux pinces utilisées par les humains pour se percer les oreilles. Ce pauvre insecte n'y est donc pour rien !
Avec lui, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles (si vous y arrivez ! parce que techniquement ce n'est pas possible 😉 ), vous n'avez rien à craindre de sa part. Il ne vous piquera pas, ne vous mordra pas, il est totalement inoffensif pour l'humain !
Le Perce Oreille n'est pas non plus un insecte ravageur pour les plantes ou le jardin ! Alors surtout ne le détruisez pas. Regardez ce qu'il mange réellement, et vous comprendrez pourquoi il ne faut pas le détruire.

Comment reconnaître un Pince Oreille ?
Facile ! Le perce-oreille ressemble à un petit gangster de 1 à 2 cm de long, brun rougeâtre, avec des ailes bien cachées sous ses élytres courts (oui, il vole, mais franchement, ce n’est pas son truc).
Ce qui le distingue vraiment, ce sont ses cerques – ces fameuses pinces situées à l’arrière de son abdomen. Ce sont deux appendices que l'on nomme des cerques (du mot grec Kerkos, qui signifie queue)
- Chez le mâle, ces cerques sont recourbés et imposantes en forme de pince. Elles servent à impressionner les autres insectes, à se défendre mais aussi à attraper leurs proies et à attirer les femelles.
- Chez la femelle, ces appendices sont plus droites et discrètes, et lui servent à protéger et à s'occuper de ses œufs
Le perce-oreille possède une arme secrète : une substance chimique irritante qu’il peut vaporiser sur ses agresseurs… ou même sur ses proies. Cette petite attaque chimique est produite par des glandes situées sur ses flancs, histoire de repousser ceux qui auraient l’idée saugrenue de le croquer. Une tactique efficace pour un insecte qui préfère la discrétion, mais qui sait se défendre quand il le faut !
Où et quand le rencontrer ?
Le perce-oreille est un insecte nocturne. La journée, il préfère se cacher à l’abri de la lumière, bien calé sous un tas de bois, dans la fissure d’un mur, sous l’écorce d’un arbre ou même blotti entre les pétales des fleurs. Un pro du camouflage !
Ce n’est que quand la nuit tombe qu’il se met à déambuler à la recherche de nourriture, explorant son territoire avec son style de marche bien à lui, entre furtivité et nonchalance.

👉 C’est aussi un insecte sociable ! Il vit en groupe, partageant ses cachettes avec ses congénères, ce qui explique pourquoi, en soulevant une pierre ou un pot de fleurs, vous pouvez en trouver une petite bande bien installée.
Espérance de vie du perce-oreille
Le perce-oreille n’a pas une longévité exceptionnelle :
- Les mâles vivent environ 6 mois et ne survivent généralement pas à l’hiver.
- Les femelles, elles, peuvent atteindre 12 mois, car elles restent plus longtemps en activité, notamment pour s’occuper des œufs et des jeunes.
Un cycle de vie court, mais intense !
Comment se nourrit le Perce Oreille ?
Le perce-oreille n’est ni un prédateur féroce, ni un simple végétarien : c’est un omnivore opportuniste qui varie son régime en fonction de ce qu’il trouve.
🦠 Le Menu du Perce Oreille :
- Pucerons et petits insectes 🐜 : il en raffole et contribue ainsi à réguler certaines populations nuisibles dans les jardins.
- Œufs d’insectes et larves : un véritable petit nettoyeur qui limite certaines invasions.
- Débris végétaux et matières en décomposition 🍂 : il adore recycler et participe à la décomposition des végétaux morts.
- Fleurs et fruits mûrs 🍑 : parfois, il croque un peu trop dans les pétales ou grignote un fruit bien juteux, ce qui lui vaut une mauvaise réputation chez certains jardiniers.
- Champignons 🍄 : eh oui, il aime aussi les petites moisissures et les spores !
Le perce-oreille est un chasseur discret et un fouilleur infatigable. Il explore le sol et les feuillages avec ses antennes sensibles, à la recherche de proies ou de végétaux à consommer. Il peut stocker un peu de nourriture, surtout en automne, quand l’hiver approche et que les ressources se raréfient.
👉 Il utilise ses pinces pour maintenir sa nourriture ou pour intimider ses concurrents. Et même si elles ont l’air impressionnantes, elles ne lui servent pas vraiment à attraper ses proies.
Comment se reproduit le Perce Oreille ?
Chez les perce-oreilles, pas de fidélité éternelle : mâles et femelles peuvent avoir plusieurs partenaires au cours de leur vie. L’accouplement a lieu en automne, et une fois l’affaire conclue, c’est la femelle qui prend les choses en main.
👉 Elle chasse son partenaire et part chercher un endroit sûr pour pondre, histoire d’éviter que monsieur ne vienne grignoter ses futurs œufs par gourmandise.
Elle peut choisir de creuser un trou dans le sol ou d’investir un espace déjà existant : sous une pierre, dans une cavité d’arbre ou même dans une anfractuosité d’un mur.

Une super maman jusqu’au bout
La première ponte a lieu au début de l’hiver, et comprend généralement une trentaine d’œufs. Mais contrairement à la plupart des insectes qui pondent et s’en vont, la femelle perce-oreille reste et s’occupe activement de ses œufs.
💡 Un instinct maternel hors norme :
- Elle s’enferme avec eux, arrête toute activité et ne se nourrit plus pendant plusieurs semaines.
- Elle nettoie ses œufs, les retourne régulièrement pour éviter les moisissures et protège le nid de toute menace.
- Pour éviter les infections, elle recouvre le nid de ses déjections, qui possèdent des propriétés antimicrobiennes !
Quand les petits naissent au printemps, ils pourraient techniquement se débrouiller seuls, mais maman leur apporte quand même de la nourriture (feuilles, pucerons…) – un vrai room service de luxe !
👉 Si la nourriture vient à manquer, ou si la mère disparaît, les petits s'organisent : ils partent chercher de la nourriture et la partagent entre frères et sœurs. Un bel exemple de coopération familiale !
Un deuxième cycle avant la fin
Une fois les petits devenus indépendants, ils partent fonder d’autres groupes et commencent à muer plusieurs fois avant d’atteindre l’âge adulte.
Quant à la femelle, elle peut pondre une deuxième fois, cette fois-ci en été. Ses derniers petits écloront avant sa mort, marquant ainsi la fin de son rôle de mère infatigable.
👉 Les mâles ne survivent pas à l’hiver, tandis que les femelles, bien plus résistantes, vivent environ un an, jusqu’à ce que leur ultime couvée prenne son envol.
Une cohabitation avec les fourmis ?
Fait surprenant : le perce-oreille peut cohabiter avec certaines espèces de fourmis rouges ! On soupçonne un échange de bons procédés où les fourmis s’occupent des œufs du perce-oreille en échange de ressources. Une colocation peu commune mais fascinante !

Comment le Perce Oreille passe t’il l’hiver ?
L’hiver est une épreuve fatale pour les mâles, qui ne survivent pas au froid et disparaissent à cette saison.
Seules les femelles résistent, bien cachées dans leur nid, à l’abri sous terre, sous une pierre ou dans le creux d’un arbre. Elles ne bougent plus, ne se nourrissent plus, et restent entièrement dédiées à la protection de leurs œufs.
👉 Ce sont elles qui assurent la continuité de l’espèce, en maintenant les œufs en sécurité jusqu’au printemps.
Quand les températures remontent et que les petits éclosent, la femelle reprend son rôle de mère nourricière, veillant sur sa progéniture jusqu’à ce qu’ils soient autonomes.
Une fois sa mission accomplie, elle peut pondre une deuxième fois en été, avant de mourir, achevant ainsi son cycle de vie.
Le Perce Oreille un auxiliaire du jardinier
On l’accuse de grignoter les fleurs, de se cacher dans les fruits mûrs et d’être un intrus indésirable… Pourtant, le perce-oreille est un précieux allié du jardinier !
Un redoutable chasseur de nuisibles
Le perce-oreille est un prédateur nocturne qui raffole des petits insectes nuisibles. Il se nourrit notamment de :
🦠 Pucerons – un mets de choix pour lui, ce qui en fait un allié redoutable contre ces ravageurs.
🐛 Œufs et larves de parasites – il nettoie ainsi naturellement les plantes en évitant leur invasion.
🕷 Acariens et autres petites bestioles indésirables – encore un point en sa faveur !
👉 À lui seul, il peut réguler les populations de pucerons dans un jardin, sans aucun traitement chimique.
Un nettoyeur efficace
En plus de son rôle de chasseur, le perce-oreille joue aussi un rôle écologique de décomposeur :
🍂 Il se nourrit de matière organique en décomposition, contribuant ainsi à la dégradation des végétaux morts.
🍄 Il mange aussi certains champignons, limitant leur propagation sur les plantes.
Un véritable petit agent d’entretien du sol, qui aide à recycler les déchets organiques et participe à l’équilibre du jardin.
Un acteur clé de la lutte biologique
👉 Le perce-oreille est même utilisé en lutte biologique dans certains vergers, notamment contre la psylle du poirier, un insecte piqueur-suceur proche des pucerons, responsable de nombreux dégâts sur les arbres fruitiers.
🌳 Dans les vergers, les perce-oreilles sont parfois introduits volontairement pour contrôler ces populations de ravageurs. Ils s’attaquent aussi aux carpocapses et autres insectes nuisibles, jouant un rôle clé dans les écosystèmes agricoles.
Une solution naturelle, efficace et sans pesticides pour protéger les cultures tout en respectant l’équilibre biologique !

Pourquoi y a-t-il des perce-oreilles dans votre maison ?
Si vous trouvez des perce-oreilles chez vous, ce n’est pas parce qu’ils veulent squatter votre oreiller (rassurez-vous !), mais plutôt parce qu’ils recherchent trois choses essentielles :
1️⃣ Un abri contre les intempéries ☔
Les perce-oreilles adorent les endroits sombres, humides et abrités. Si le climat devient trop sec ou au contraire trop pluvieux, ils peuvent chercher refuge à l’intérieur, surtout dans les caves, garages, sous-sols ou pièces peu fréquentées.
2️⃣ Une source de nourriture 🍴
Bien qu’ils préfèrent les jardins, ils peuvent être attirés par des miettes, des fruits trop mûrs ou des débris végétaux à l’intérieur. Certains matériaux en décomposition, comme du carton humide ou des moisissures, peuvent aussi les intéresser.
3️⃣ Une erreur de navigation 🏠
Les perce-oreilles ne sont pas des envahisseurs organisés. Ils peuvent entrer accidentellement par des fissures, des interstices sous les portes ou les fenêtres mal isolées. Une fois à l’intérieur, ils cherchent un coin sombre et humide pour se cacher en journée.
👉 Pourquoi en voyez-vous plus certains jours ?
- Après une période de fortes pluies, ils fuient un sol détrempé.
- Lors des grands coups de chaleur, ils recherchent un endroit plus frais.
- Si votre jardin regorge de perce-oreilles, il est normal qu’ils finissent par s’aventurer à l’intérieur.
Comment empêcher les perce-oreilles d’entrer dans votre maison ?
Si leur présence vous dérange, voici quelques astuces naturelles pour éviter qu’ils ne s’installent chez vous :
- Vérifier les points d’entrée : boucher les fissures, calfeutrer les bas de porte et installer des joints aux fenêtres.
- Éloigner les tas de bois, les feuilles mortes et le paillage des murs de la maison, car ces abris naturels attirent les perce-oreilles.
- Aérer et assécher les pièces humides (cave, sous-sol, salle de bain).
- Installer un piège naturel : un pot rempli de paille ou de papier journal humide dehors, loin de la maison. Ils préféreront s’y cacher plutôt que d’entrer.
💡 À retenir : les perce-oreilles ne sont ni dangereux, ni nuisibles à l’intérieur. Ils finiront souvent par ressortir d’eux-mêmes.
Si vous souhaitez éviter leur intrusion, un bon contrôle de l’humidité et une fermeture des accès suffisent généralement. 😊
Le Perce Oreille en littérature
De jolis mots pour décrire ce Perce Oreille, mais qui ne reflète évidemment pas du tout la réalité, puisque le Perce oreille ne perce pas plus les murs que les oreilles !
Un perce-oreille / A démoli / Les murs du métro de Paris / Il a percé / Jusqu'aux nuages / Une maison de douze étages / Il fait des tas / Il fait des trous / Il fait des tas / Des tas de trous / Le perce-oreille / Croit - Ô merveille ! / Que tous les murs ont des oreilles.
Pierre Coran, "Le perce-oreille"
Un perce oreille dans la maison signification
La présence d’un perce-oreille chez vous est considéré comme un signe de transformation et d’adaptation. Comme il mue plusieurs fois avant d’atteindre l’âge adulte, il symbolise le changement et l’évolution.
Il est aussi associé à l’équilibre et à la protection, rappelant l’importance de préserver son espace et de cultiver l’harmonie dans sa vie.
Plutôt qu’un mauvais présage, il peut être considéré comme un messager qui vous invite à écouter votre intuition, à nettoyer ce qui ne vous sert plus et à avancer en toute sérénité.
Références : Entomologie / Mag animaux / MNHN
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