Le Blaireau, ce mal aimé
Le Blaireau est un mal aimé ! Celui que l'on nomme aussi Blaireau européen, avec sa belle tête de peluche, et ses rayures blanches, a pourtant mauvaise réputation.
Un peu trop gourmand pour certains, responsable de creuser des tunnels géants, ce pauvre Blaireau est traqué à travers toute la France, sans aucune pitié !
Mais qui est réellement ce Blaireau, et pourquoi est il pointé du doigt comme étant un nuisible ?
Qui est le Blaireau ?
Le Blaireau (Meles Meles)est un mammifère, carnivore, nocturne, qui fait partie de la famille des Mustélidés (Mustelidae), comme la Fouine, la Martre des Pins, la Belette, l'Hermine, le Putois, la Loutre et le Vison.
Tout une famille de mal aimés qui ont bien du mal à se faire accepter des humains
Comment le reconnaître ? Sa carte d’identité
Si vous apercevez une silhouette trapue, un pelage gris et un masque noir et blanc sur la tête, pas de doute, vous êtes face à un blaireau européen (Meles meles).
Avec son allure de petit brigand, il ne passe pas inaperçu… enfin, en théorie, car ce maître du camouflage est surtout actif la nuit.
La famille Blaireau : Mr Blaireau / Mme Blairelle / Les enfants Blaireautins.
- Taille : environ 30 cm de hauteur, pour une longueur de 60 à 80 cm (queue comprise)
- Poids : entre 10 et 15 kg, mais peut dépasser les 20 kg en automne, avant l’hiver
- Espérance de vie : 4 à 5 ans en moyenne, mais peut atteindre 10 à 15 ans en l’absence de menaces (ce qui devient rare…)
- Dentition : 34 dents bien acérées, parfaites pour un régime varié
- Pelage : corps gris, mélange de poils noirs et blancs, avec une tête blanche barrée de deux larges bandes noires qui passent sur les yeux
- Silhouette : massif et râblé, avec de courtes pattes puissantes et de longues griffes, idéales pour creuser
- Différences mâle/femelle : la femelle est plus petite et plus fine que le mâle
Une vue médiocre, mais des sens affûtés
Si le blaireau devait porter des lunettes, ce serait pour voir de loin !
Sa vue est assez mauvaise, mais son odorat et son ouïe sont exceptionnels.
Il peut détecter une proie sous terre ou sentir un danger à plusieurs dizaines de mètres. Une capacité précieuse pour ce fouisseur qui passe autant de temps à creuser qu’à explorer.

Où et comment vit le Blaireau ?
Le blaireau est un véritable fantôme de la nuit. Crépusculaire et nocturne, il passe ses journées bien caché sous terre et ne sort qu’à la tombée de la nuit.
C’est à ce moment-là qu’il explore son territoire, joue avec ses congénères et part en quête de nourriture.
On le trouve partout en France, jusqu’à 2000 mètres d’altitude, dans les prairies, les forêts, les haies épaisses et les bosquets.
Seule exception : la Corse, où il est absent.
Un animal sociable et joueur
Contrairement à ce que son allure solitaire pourrait laisser croire, le blaireau est un animal très sociable.
Il vit en clan familial, composé de plusieurs adultes et de 2 à 3 jeunes. Et autant dire que la vie dans un terrier de blaireaux n’est pas triste !
À la nuit tombée, c’est l’heure de la sortie collective :
- Les petits jouent entre eux ou avec leurs parents,
- Ils font des roulades, des jeux de poursuite,
- Et même du toboggan sur les pentes naturelles !
Observer une famille de blaireaux, c’est assister à un vrai spectacle plein de vie et de complicité.
Le terrier du blaireau : un palace XXL et 5*
Le blaireau est un architecte hors pair.
Son terrier, appelé set, est un véritable labyrinthe souterrain, creusé entre 4 et 5 mètres sous terre et s’étendant parfois sur plusieurs centaines de mètres.

À l’intérieur, tout est organisé et impeccablement entretenu :
- Plusieurs chambres pour dormir,
- Un garde-manger pour les petites faims nocturnes,
- Une pouponnière pour les petits,
- Et même plusieurs sorties de secours pour échapper aux dangers.
Un vrai bunker familial, que le blaireau garde propre et bien aéré en renouvelant régulièrement la litière avec des feuilles et de la mousse.
Durant la journée, il se repose dans son terrier, et dès que la nuit tombe, il sort pour retrouver son clan et profiter de sa vie nocturne animée.
Le Blaireau est un monsieur Propre
On pourrait croire que le blaireau, avec son look un peu hirsute et sa vie souterraine, est un animal négligé… Erreur !
Ce petit mustélidé est un véritable Monsieur Propre.
Un rituel beauté avant chaque sortie
Avant de partir en quête de nourriture, le blaireau ne se précipite pas dehors comme un sauvageon.
Non, non, il prend le temps de se pomponner ! En famille ou en solo, il passe de longues minutes à se toiletter minutieusement :
- Lissage de poils,
- Vérification de la fourrure,
- Petite remise en état avant de sortir du terrier.
Parce que chez les blaireaux, on ne sort pas décoiffé !
Un intérieur toujours impeccable
Le ménage ? C’est une obsession chez le blaireau. Son terrier est un modèle d’hygiène et d’organisation. Il ne se contente pas de creuser son vaste domaine souterrain, il l’entretient avec soin :
- Il renouvelle régulièrement sa litière avec des feuilles et de la mousse,
- Il garde ses chambres propres et bien aérées,
- Il évacue immédiatement tout déchet gênant (parce qu’un terrier qui sent le moisi, très peu pour lui).
Un vrai petit maniaque du rangement !

Des toilettes… à l’extérieur !
Et le must du must ? Le blaireau ne fait pas ses besoins n’importe où !
Contrairement à d’autres animaux qui n’ont aucun scrupule à salir leur habitat (on ne citera personne… hum), lui, creuse ses propres toilettes à l’extérieur !
Il choisit un petit coin discret, creuse un trou dédié à l’usage familial, et toute la famille vient y faire ses besoins.
Une habitude qui évite de polluer le terrier et de garder une maison toujours impeccable.
En résumé, le blaireau est propre, organisé et fan de déco nature avec son sol en mousse renouvelable. Qui l’eût cru ?
Le Blaireau est il dangereux ?
Le Blaireau n'est pas naturellement agressif envers les être humains, ni envers les autres animaux, comme les chiens ou les chats.
Il préférera toujours fuir, ses rares relations avec les humains n'étant pas réellement très conviviales.
Mais comme tout animal (sauvage et même domestique), s'il se sent bloqué ou agressé, il peut peut se montrer agressif et mordre.
Le Blaireau a quand même 34 dents et de belles griffes pour se défendre.
Que mange le Blaireau ?
Le blaireau, c’est un peu le buffet à volonté de la nature. Omnivore et opportuniste, il mange un peu de tout, selon ce qu’il trouve au fil des saisons.
Un vrai gastronome… mais avec des goûts parfois surprenants !
Un menu varié, du salé au sucré
Au menu du blaireau :
🥩 Petites protéines animales : vers de terre (son péché mignon), insectes, escargots, lézards, grenouilles, souris, taupes, œufs d’oiseaux.
🌱 Petites douceurs végétales : glands, champignons, fruits, baies… tout ce qui se mange et tombe à portée de museau. Et si vous avez des fruits dans votre jardin, il n'hésitera pas à venir vous visiter !
🐝 Un fan de sucré piquant : il adore les nids de guêpes et de bourdons, dont il déguste les larves et le miel sans trop se soucier des piqûres !

Une technique bien rodée : le blaireau gratteur
Le blaireau ne chasse pas, il fouille et gratte !
- Il utilise ses puissantes pattes avant pour déterrer les vers de terre et autres petites proies cachées sous le sol.
- Il retourne la terre, épluche les souches, et gratte les feuilles mortes pour dénicher des insectes et des larves.
- Et lorsqu’il repère un nid de guêpes ? Il creuse sans hésitation et se régale des larves (les guêpes ? Pas un problème, sa peau épaisse le protège des piqûres !).
Son plat préféré : les vers de terre
Si le blaireau devait choisir un plat pour un dernier repas, ce serait sans aucun doute les vers de terre. Il en raffole ! En une nuit, il peut en avaler plusieurs centaines. Une véritable machine à vermifuger la forêt !
Un régime aussi varié fait du blaireau un acteur clé de son écosystème : il régule les populations de petits animaux, disperse des graines avec ses fruits et participe au renouvellement du sol grâce à son travail de fouisseur.
Bref, un petit glouton… mais très utile !
Comment se reproduit il ?
Chez le blaireau, la reproduction se joue en deux temps.
La période des amours se déroule entre janvier et mars, mais la nature aime les surprises : l’ovule fécondé ne s’implante pas tout de suite dans l’utérus.
Il reste en attente pendant 10 mois ! Ce n’est qu’ensuite que la gestation commence vraiment, durant seulement deux mois.
Résultat : les petits naissent l’année suivante, entre février et mars, et tout le monde s’étonne encore de ce décalage façon "livraison différée" !
Naissance des petits : un couple (temporairement) uni
À la mise bas, la blairelle donne naissance à une portée de 2 à 7 petits. Et c’est là qu’un phénomène étonnant se produit : un couple se forme.
Peu importe que le mâle soit le père biologique ou non, il adopte les petits et reste auprès de la femelle. Un comportement assez rare chez les mustélidés !

Des bébés vulnérables et une mère aux petits soins
À leur naissance, les blaireautins sont nus, aveugles et sourds, autant dire totalement dépendants de leur mère.
- Allaitement pendant trois mois.
- Première sortie du terrier à environ un mois et demi.
- Sevrage progressif : la mère leur donne de la nourriture régurgitée (miam…).
Une famille soudée, mais un avenir incertain
Contrairement à beaucoup d’autres mammifères, les jeunes blaireaux ne quittent pas forcément leur clan à maturité.
Ils peuvent rester en groupe plusieurs années, et certains individus, jeunes ou adultes, peuvent même changer de clan au cours de leur vie.
Mais la première année est rude : 30 à 60 % des petits ne survivent pas, victimes de la faim, des maladies ou des prédateurs (humains et animaux).
Ceux qui atteignent l’âge de 2 ans sont enfin matures sexuellement… et prêts à perpétuer la lignée du clan blaireau.
Les prédateurs du Blaireau
Le plus grand prédateur du Blaireau est l'humain.
Piégé, tué à coups de fusil, déterré, écrasé, le Blaireau n'en finit pas d'être harcelé par les chasseurs qui n'hésitent pas à aller le chercher jusqu'au tréfond de son terrier, pour l'achever à coups de pioche et de pelle, adultes et petits compris.
Le déterrage des Blaireaux fait partie des pratiques de chasse les plus cruelles qui existent.
Ses prédateurs naturels sont peu nombreux : le Hibou, les Aigles, le Loup et le Lynx
Les pesticides pulvérisés dans les champs font des ravages chez les Blaireaux. Ceux ci vont chercher dans les champs, les jardins, des vers de terre. Si ces vers de terre sont contaminés avec des pesticides, le Blaireau sera empoisonné, tout comme les autres insectes qui vivent dans le sol.
Le Blaireau est il vraiment nuisible ?
Le Blaireau n'est pas inscrit sur la liste des animaux nuisibles. Il fait juste partie de la liste du gibier que les chasseurs, agriculteurs et propriétaires terriens ont le droit d'abattre.
Les dégâts du Blaireau
Les dégâts qui peuvent lui être reprochés sont surtout ceux qu'il cause dans les champs, durant une certaine période.
Les éventuels tunnels qu'ils creusent sous terre, et la possibilité qu'il puisse être porteur de la tuberculose bovine, ou de la rage !
Oui, mais...

Les réelles nuisances
La tuberculose bovine : dont il est censé être porteur, des cas de cette maladie ont donné lieu à un abattage massif de Blaireaux en Bourgogne entre 2009 et 2012.
Plus de 300 blaireaux ont été abattus durant ces années, et sur la quantité, seuls une dizaine étaient porteurs de cette maladie !
A peine 3% de la population abattue. En comparaison, le Sanglier , lui aussi porteur de cette maladie, a une population nettement plus nombreuse que le blaireaux.
- La rage : il n'y a plus de cas de rage en France depuis 1998. Les cas de rage signalés en France proviennent tous d'animaux contaminés à l'étranger et ramenés sur le territoire.
- Les terriers : sont pointés du doigt comme pouvant créer de gros problèmes dans les champs.
- Les terriers sont creusés tellement profonds qu'ils ne gênent absolument pas les cultures, ni les autres activités humaines. Ce qui gêne ce sont les sorties de ces terriers. Assez imposantes et pas toujours bien placées.
- Les dégâts qu'il peut causer dans les cultures concernent surtout les champs de maïs et les céréales qu'il vient grignoter durant une certaine période.
Et comme il est un brin imposant, il a tendance à écraser les endroits où il passe. Ces dégâts ne sont toutefois pas aussi importants que ceux que peuvent causer les sangliers.
Les dégâts du blaireau dans un jardin
Il peut fouiller la pelouse avec son groin en cherchant des vers → résultat : petites zones retournées. Il est agaçant car c'est un gourmand. Oui, il ne se genêra pas pour venir manger les mirabelles tombées sous votre arbre. Parce que c'est bon et sucré.
Et au potager ? Honnêtement, les légumes c'est pas trop son truc. Quelques tomates ou fraises, si bien sucrées et s'il n'a rien d'autre à se mettre sous la dent. Et s'il retourne votre potager, ce n'est pas pour vos beau légumes...mais pour les vers de terre et autres petits insectes bien craquants et nourrissants qui se cachent dans le sol. Alors oui...c'est agaçant !
De là à le chasser comme une "bête fauve" comme il est indiqué dans la législation, il y a peut être une marge !
Le Blaireau, un animal à protéger
Nombreuses sont les associations (LPO, Aspas ) qui demandent à ce que le Blaireau soit inscrit sur la liste des animaux protégés.
Ou au moins qu'il ne soit plus autorisé de le massacrer en le déterrant sauvagement comme cela est régulièrement pratiqué de nos jours.

De nombreuses pétitions ont déjà été adressées au Sénat afin que le Blaireau soit retiré de la liste du gibier.
Le Blaireau est un animal protégé dans de nombreux pays européens comme la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Grèce, la Grande Bretagne, la Hongrie, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, et le Portugal.
Il n'est plus chassé qu'en Autriche, Bulgarie, Suisse et France. Pays dans lesquels de nombreuses associations demandent à ce qu'il soit protégé.
La chasse au Blaireau et le déterrage : une cruauté gratuite
En France, n'importe quel propriétaire terrien peut détruire un Blaireau, considéré comme une "bête fauve" ! Ah oui, le blaireau est soit disant une bête fauve...
"Les propriétaires ou fermiers ont également la possibilité de procéder à la destruction des blaireaux en tant que "bêtes fauves" en application de l'article L. 427-9 du code de l'environnement sur leur propriété ou ferme, y compris à tir, mais à l'exception dans ce cas du collet et de la fosse, en cas de dommage avéré, en cours ou imminent." (Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie publiée dans le JO Sénat du 17/12/2015 - page 3472)
Ces déterrages sont organisés par les lieutenants de louveterie (des déterreurs). Ceux ci envoient des chiens dans le terrier du Blaireau pour que les chiens bloquent l'animal dans un recoin du terrier. Les déterreurs suivent l'animal en écoutant les aboiements des chiens qui sont dans les tunnels.
Quand ils ont repérés où l'animal est bloqué, les déterreurs creusent pour l'atteindre.
Puis ils sortent le Blaireau, le plus souvent avec des pinces métalliques. L'animal est ensuite achevé au mieux avec un fusil, mais le plus souvent à coups de pioche et de pelle.
Et parfois ce genre de pratique coûte aussi la vie aux chiens. Logique, le blaireau est bien armé pour se défendre quand on l'attaque. Un massacre...
Ref : Espèces nuisibles et invasives / Sénat / Dossier animaux Le monde / Action agricole / Aspas
FAQ Vos questions sur le Blaireau
Les vers de terre, c’est son plat préféré 🍝. Mais il adore aussi les fruits bien mûrs. Donc, les fruits dans votre jardin, c’est top. Par contre, niveau légumes… bof, il n’est pas trop fan.
C’est un pro du terrassement, un voisin discret et un grand maniaque de la propreté dans son terrier. Chez lui, pas de bazar, ni de pièce sale. Chambres, garde manger, toilette. Un appart XXL et plutôt du genre 5*
Il incarne la détermination et la force tranquille. Bref, le petit costaud de la forêt qui n’abandonne jamais.
Le blaireau est un vrai bulldozer à pattes. Il déplace des kilos de terre en un rien de temps. Respect.
Oui. En général, ils préfèrent plonger dans leur terrier plutôt que de jouer les héros face à Médor. Et pour cause ! Quand un blaireau voit des chiens arriver, généralement les chasseurs sont derrière, et ils sont là pour le tuer.
Ils n’aiment pas l’odeur forte de l’ammoniaque. Mais pas besoin de les embêter : ils fuient déjà les humains quand ils le peuvent.
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