Azuré des nerpruns : le petit papillon bleu qui fait briller l’été

L'Azuré des Nerpruns, petit, bleu, rapide comme l’éclair… et aussi délicat qu’une dragée fondant au soleil. Laissez-moi vous présenter ce joyau de l’été, un minuscule papillon qui mérite bien qu’on s’y attarde.

Parce qu’en plus d’être joli, il cache quelques secrets plutôt étonnants…

Qui est l’Azuré des Nerpruns ?

L’Azuré des nerpruns, c’est un des « petits bleus » qu’on croise dans nos campagnes, nos jardins ou nos haies. Son nom scientifique est Celastrina argiolus.

Ne le confondez pas avec ses cousins, comme l’Azuré commun (Polyommatus icarus) : ce dernier adore se pavaner avec des petites taches orange sous ses ailes, alors que notre Azuré du nerprun fait dans le sobre.

C’est un papillon de la famille des Lycénidés (Lycaenidae). Autant dire une grande famille de papillons souvent minuscules, presque tous décorés de couleurs vives : bleus, cuivrés, ou parfois argentés. Un festival miniature !

D’où lui vient son nom ?

Assez simplement, son nom lui vient de sa couleur (azur comme le ciel) et de la plante sur laquelle la femelle va pondre ses oeufs. La plante hôte (et donc préférée) des chenilles de ce papillon, le Nerprun.

Mais au fait… qui sont les Nerpruns ?

Bonne question, car le pauvre Nerprun est loin d’être une star botanique. Le Nerprun est un arbuste ou petit arbre du genre Rhamnus. Il pousse souvent dans les haies, lisières ou sous-bois clairs. Ses feuilles sont ovales, finement dentées, bien vertes.

👉 Ses baies sont noires à maturité, jolies mais toxiques pour nous. Mieux vaut ne pas en faire des confitures sous peine d’aller faire un petit tour express chez le pharmacien.

Il existe plusieurs espèces de nerprun, notamment :

• le Nerprun purgatif (Rhamnus cathartica)
• le Nerprun alaterne (Rhamnus alaternus)

Pour l’Azuré du Nerprun, ces arbustes sont des plantes hôtes vitales : la femelle y pond ses œufs, et les chenilles se régalent de jeunes feuilles, de bourgeons ou de fleurs. Sans nerprun, pas d’Azuré du Nerprun !

Bref, le Nerprun, c’est un peu la maternité officielle de ce petit papillon bleu.

Comment reconnaître l’Azuré des Nerpruns ?

Si vous cherchez un indice pour savoir si vous avez affaire à Celastrina argiolus, voici quelques signes immanquables :

✅ Le bleu céleste : quand il ouvre ses ailes, il révèle un bleu clair, presque argenté, pas aussi vif que celui de l’Azuré commun. Les femelles ont souvent une bordure sombre plus marquée sur le dessus des ailes.

✅ Le revers des ailes : quand il se pose ailes fermées (ce qui arrive souvent), on voit une face gris pâle ou bleu très clair, parsemée de quelques petits points noirs dispersés, sans aucune ligne orange.

✅ Taille mini : à peine 2,5 à 3 cm d’envergure. Si petit qu’on le prend parfois pour un pétale bleu emporté par le vent.

✅ Vol vif et papillonnant : il ne plane pas comme un Machaon. Il virevolte, zigzague, se pose trois secondes puis repart dare-dare.

Bref, il a la discrétion d’une star en fuite et la légèreté d’une bulle de savon.

Où le croiser et à quelle époque ?

Bonne nouvelle : vous avez de bonnes chances de croiser l’Azuré du nerprun dans une bonne partie de la France et de l’Europe. Il apprécie :

• Lisières de bois
• Haies champêtres
• Jardins
• Parcs urbains (eh oui, il aime aussi la ville)
• Friches ou bords de chemins

C’est un papillon printemps-été, qui peut avoir deux générations par an (voire trois dans le sud) :

• Première génération : avril-mai
• Seconde génération : juillet-août

Donc en juillet-août, c’est pile la saison pour le chercher !

Comment vit-il ?

L’Azuré du nerprun, malgré sa petite taille, a une courte vie bien remplie ! Durée de vie de l’adulte : → En général 2 à 3 semaines, comme beaucoup de petits lycénidés.

🌿 Territorial, mais pas bagarreur : le mâle se poste souvent sur une branche ou un perchoir ensoleillé, guettant le passage d’une femelle… ou d’un rival à chasser gentiment.

🦋 Toujours pressé : il vole vite, ne reste pas longtemps sur les fleurs. Un vrai hyperactif.

💧 Aime se désaltérer : il peut parfois se poser sur de la terre humide, des flaques, voire sur la sueur humaine (histoire de grappiller quelques sels minéraux… glamour, non ?).

Et surtout, il a un super outil de travail : sa trompe.

Que mange l’Azuré et comment ? La trompe du papillon

L’Azuré du nerprun est un grand gourmand… mais à sa façon. Il se nourrit essentiellement de nectar, qu’il aspire grâce à sa trompe.

Sa trompe, c’est un peu comme une paille enroulée sous sa tête quand il ne s’en sert pas. Elle se déroule dès qu’il atterrit sur une fleur. Un petit mécanisme fascinant !

Imaginez deux longs demi-tuyaux souples qui s’imbriquent pour former un tube unique. Grâce à cette paille vivante, il aspire le nectar dans les profondeurs des fleurs.

Ses bars à jus préférés :

• Aubépine
• Ronce (fleurs)
• Nerprun
• Lierre (en fin de saison)
• Bruyère

Bref, tout ce qui propose une goutte sucrée, il goûte.

Comment se reproduit-il ?

La saison des amours

Chez l’Azuré du nerprun, l’amour n’attend pas. À peine sorti de sa chrysalide, le mâle est déjà sur le terrain. Il patrouille, volette nerveusement, repère une femelle, fonce… et tente de la séduire.

La femelle, elle, n’est pas toujours d’humeur. Elle peut fuir, se poser pour éviter le harcèlement… ou accepter la parade. Chez ces papillons, pas de dîners aux chandelles, c’est direct au but !

La ponte des œufs et ses plantes favorites

Une fois fécondée, la femelle cherche un endroit stratégique pour pondre. Elle choisit des plantes hôtes spécifiques :

• Nerprun (Rhamnus)
• Houx (Ilex aquifolium)
• Ronce (Rubus fruticosus)
• Bruyère

Elle dépose ses œufs un à un, souvent sur les jeunes bourgeons, les boutons floraux ou à la base des feuilles.

L’œuf est minuscule, blanchâtre, légèrement sculpté. Un petit bijou au microscope !

La naissance des chenilles

Après quelques jours, l’œuf éclot. La chenille apparaît : minuscule, verte ou jaunâtre, presque invisible sur la plante.

Et là, surprise :

✅ Elle est myrmécophile, c'est à dire que les chenilles sont assez potes avec les fourmis. Certaines chenilles attirent les fourmis grâce à une sécrétion sucrée (comme le font aussi pucerons !). Les fourmis protègent la chenille des prédateurs, en échange du précieux nectar. Une alliance digne d’un bon thriller animalier !

✅ Elle se nourrit principalement des jeunes pousses, des boutons floraux ou des fruits tendres de la plante hôte.

Au bout de quelques semaines, elle forme sa chrysalide, souvent fixée à la plante ou cachée dans la litière végétale. Puis c’est l’attente jusqu’à l’éclosion du papillon suivant.

Ainsi va le cycle de vie de ce petit bleu céleste.

Prédateurs et menaces : la vie n’est pas toujours bleue…

Aussi délicat soit-il, l’Azuré des nerpruns n’a pas la vie si facile. Son éclat bleu attire les regards… y compris ceux dont il se passerait bien !

Les oiseaux, premiers sur la liste

👉 Mésanges, rouges-gorges, fauvettes… Ces petits oiseaux insectivores raffolent des papillons, surtout de ceux qui volent bas et vite. Pour l’Azuré, le bleu devient parfois un drapeau trop voyant !

Les araignées embusquées

Dans les haies fleuries, certaines araignées-crabes (Misumena vatia, par exemple) attendent patiemment sur une fleur blanche ou rose. Quand notre Azuré vient y siroter du nectar… hop ! Un piège éclatant se referme.

Les parasites : guêpes et mouches pas si sympas

Les chenilles de l’Azuré peuvent être la cible de guêpes parasitoïdes ou de petites mouches qui pondent leurs œufs à l’intérieur du corps mou de la chenille. Une fin de vie peu ragoûtante !

La disparition de son habitat

Mais la plus grande menace, c’est souvent… nous.

✅ Disparition des haies, des friches, des nerpruns : l’arrachage de haies, la tonte excessive ou la suppression des ronciers font disparaître ses lieux de vie.

✅ Pesticides : même si l’Azuré n’est pas un ravageur, il subit de plein fouet les insecticides, qui peuvent décimer ses populations locales.

Heureusement, pas (encore) en danger

Bonne nouvelle toutefois : l’Azuré des nerpruns est encore assez commun en France et en Europe. Il est classé comme « préoccupation mineure » sur la Liste rouge européenne.

Mais sa présence dépend étroitement de la diversité végétale autour de nous. Préserver ses plantes hôtes, c’est lui assurer un avenir bleu azur !

L’Azuré des Nerpruns : un bijou discret de nos haies

L’Azuré des nerprun n’est peut-être pas le plus grand des papillons, mais il a tout d’un grand : une robe azur délicate, un cycle de vie fascinant, et même des alliances improbables avec les fourmis.

Petit rappel utile : si vous souhaitez favoriser ce papillon dans votre jardin, plantez du nerprun ou laissez pousser quelques ronciers et aubépines. Ces végétaux sont des hôtels 4 étoiles pour ses chenilles… et de précieux garde-mangers pour les adultes.

Observer un Azuré des nerpruns, c’est comme surprendre une étincelle bleue dans la verdure. La prochaine fois que vous verrez filer un petit éclat d’azur, arrêtez-vous un instant : c’est peut-être lui, en train d’écrire une nouvelle page de son incroyable histoire.

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