Lutter contre les chenilles processionnaires
Lutter contre les chenilles processionnaires devient obligatoire. Car avec le réchauffement climatique, les chenilles processionnaires ne cessent de gagner du terrain, et gagnent à présent presque tout le territoire français.
Alors comment s'en débarrasser, pour vous protéger, et protéger vos arbres ?
Qui sont les chenilles processionnaires ?
Les chenilles processionnaires sont les larves de papillons de nuit. On distingue deux espèces principales : la chenille processionnaire du Pin (Thaumetopea pityocampa) et celle du Chêne (Thaumetopea processionea). Bien qu'elles partagent un mode de vie en communauté et un comportement similaire, ces deux espèces ont des habitudes et des cycles de vie distincts.
Pour en savoir plus : la processionnaire du Pin et la processionnaire du chêne
Comment vivent les chenilles processionnaires ?
La chenille processionnaire du Pin
Après avoir passé tout l’hiver bien au chaud dans leur nid soyeux, ces chenilles quittent leur abri dès que les températures printanières se réchauffent, généralement en mars ou avril. C’est à ce moment-là qu’elles deviennent particulièrement dangereuses. En procession (d'où leur nom), elles descendent des arbres en file indienne pour atteindre le sol.
Une fois au sol, elles s’enfouissent à quelques centimètres de profondeur pour se métamorphoser en chrysalides. Leur transformation aboutira quelques mois plus tard, en plein été, lorsqu’elles émergeront sous forme de papillons nocturnes.
La chenille processionnaire du Chêne
Contrairement à sa cousine du Pin, la chenille processionnaire du Chêne ne vit que dans les arbres, dont elle ne descend pas. Elle éclot au printemps et reste sur son arbre hôte tout au long de son développement. C’est là qu’elle se nourrit, mue et se transforme, jusqu’à devenir un papillon de nuit. À la différence des chenilles du Pin, celles du Chêne n’ont pas besoin de descendre au sol pour effectuer leur métamorphose.
Ces papillons de nuit ont une durée de vie assez courte. Les mâles meurent tout de suite après la reproduction, et les femelles vont vivre le temps de pondre des œufs, qu'elles déposeront sur les branches des arbres (Conifères ou Chêne).

Comment reconnaitre les chenilles processionnaires ?
Identifier les chenilles processionnaires est crucial pour éviter tout risque, car elles peuvent causer des irritations graves pour les humains et les animaux. Voici leurs principales caractéristiques :
La chenille processionnaire du Pin
- Taille et apparence : elle mesure entre 3 et 4 centimètres de long. Son corps est recouvert de poils urticants, de couleur brunâtre, avec des bandes grisâtres et orangées sur le dos.
- Comportement spécifique : ces chenilles se déplacent toujours en file indienne, formant des processions parfois longues de plusieurs dizaines d’individus.
- Lieu de vie : elles se trouvent principalement sur les pins, mais aussi parfois sur les cèdres ou les sapins. Leurs nids ressemblent à de grosses boules de soie blanche accrochées aux branches.
La chenille processionnaire du Chêne
- Taille et apparence : un peu plus petite, elle mesure environ 2 à 3 centimètres. Son corps gris foncé est également couvert de poils urticants, avec une tête noire bien visible.
- Particularité : elle ne forme pas de file indienne comme sa cousine, mais vit en colonies, souvent regroupées sur le tronc ou les branches d’un chêne.
- Lieu de vie : exclusivement sur les chênes, où elle construit des nids soyeux qui s’étalent en longs rubans.


Comment lutter contre les processionnaires ?
S’attaquer aux chenilles processionnaires est essentiel pour protéger vos arbres, éviter les accidents et limiter leur retour année après année. Laisser un nid intact, c’est garantir leur réapparition ! Voici les différentes méthodes pour les combattre efficacement.
Les précautions indispensables
Avant toute intervention, équipez-vous correctement pour éviter tout contact avec leurs poils urticants :
- Gants épais.
- Combinaison à capuche hermétiquement fermée aux poignets et aux chevilles.
- Masque avec filtre pour éviter d’inhaler les poils en suspension.
Après l’intervention, rincez-vous avec votre tenue encore en place pour éliminer tout résidu.
Les méthodes de lutte contre les processionnaires
La lutte manuelle
Cette méthode consiste à couper les branches contenant les nids pour ensuite les brûler. Quelques précautions :
- Ne jamais toucher directement les nids ou les chenilles.
- Optez pour cette méthode en hiver, lorsque les chenilles sont moins actives.
- Faites appel à une société spécialisée si vous n’êtes pas équipé ou formé.

Les pièges spécifiques
Les pièges ciblent différentes phases du cycle de vie des chenilles processionnaires.
- Pièges pour les chenilles du Pin :
Ces dispositifs en forme de gouttière, fixés autour des troncs, capturent les chenilles en descente. Les insectes tombent dans un sac rempli de terre, où elles poursuivent leur métamorphose. Après 4 à 5 semaines, il faut détruire le sac et les chrysalides. - Pièges à phéromones pour papillons :
Suspendus aux arbres, ils attirent les papillons mâles grâce à des odeurs imitant celles des femelles. Une fois piégés, les mâles ne peuvent plus se reproduire, réduisant ainsi les générations futures.
Les solutions naturelles
- Nichoirs à mésanges :
Les mésanges charbonnières sont de redoutables prédateurs, capables de dévorer jusqu’à 500 chenilles par jour. Placez un nichoir tous les 30 mètres dans votre jardin pour attirer ces alliés. - Invitez la biodiversité :
Les chauves-souris, araignées et autres insectes jouent aussi un rôle clé. Aménagez un jardin accueillant (haies, fleurs locales, points d’eau) pour qu’ils s’y installent durablement. - Pulvérisation de biotoxines :
À l’automne, vous pouvez utiliser du Bacillus thuringiensis (Bacille de Thuringe ou Bactospéine) pour traiter les aiguilles de pin infestées. Cette méthode tue les chenilles processionnaires, mais elle est à utiliser avec prudence car elle impacte aussi d’autres espèces non nuisibles. - Le savon noir :
Diluez du savon noir dans de l’eau et pulvérisez-le sur les chenilles ou leurs nids. Ce produit naturel encolle leurs poils urticants et les immobilise. Pour les nids des chenilles du Chêne, ouvrez les toiles avant d’appliquer le mélange. Répétez l’opération plusieurs jours de suite pour être efficace, puis aspirez les restes.

Les traitements chimiques : à éviter
Ces produits, souvent utilisés par des professionnels, peuvent nuire à l’écosystème environnant en affectant également les insectes et animaux non ciblés. Ils sont fortement déconseillés pour les particuliers.
Le danger des chenilles processionnaires
Les chenilles processionnaires représentent un danger réel pour les humains et les animaux en raison de leurs poils extrêmement urticants. Ces poils contiennent une protéine, la thaumétopoéine, qui peut provoquer de graves réactions allergiques.
Pour les humains
Les poils des chenilles, invisibles à l’œil nu, libèrent la thaumétopoéine lorsqu’ils entrent en contact avec la peau ou les muqueuses. Voici les principaux symptômes possibles :
- Réactions cutanées : démangeaisons, rougeurs, éruptions, voire brûlures.
- Problèmes respiratoires : maux de gorge, toux, difficultés à respirer, notamment chez les personnes sensibles ou allergiques.
- Irritations oculaires : en cas de contact, cela peut aller jusqu’à la conjonctivite.
- Réactions graves : œdèmes, urticaire généralisé ou choc anaphylactique dans de rares cas.
Les poils peuvent également être transportés par le vent, augmentant le risque d’exposition, même sans contact direct avec les chenilles.

Pour les animaux domestiques
Les chenilles processionnaires sont particulièrement dangereuses pour les chiens et les chats. Voici pourquoi :
- Projection de poils : lorsque les chenilles se sentent menacées, elles libèrent des poils urticants qui se déposent sur l’herbe, les végétaux ou dans l’air. Les animaux peuvent alors les respirer, les ingérer ou les toucher.
- Comportement aggravant : les animaux, irrités par les démangeaisons, se lèchent les zones touchées, ce qui peut aggraver l’exposition.
Les risques encourus par les animaux :
- Langue nécrosée : chez le chien notamment, l’ingestion de poils peut provoquer une nécrose de la langue, rendant toute alimentation impossible et entraînant une issue fatale si le problème n’est pas traité rapidement.
- Autres symptômes : salivation excessive, vomissements, gonflement de la langue, difficultés respiratoires ou hypersalivation.
- Ces dangers touchent aussi les animaux sauvages, souvent incapables de recevoir des soins.
Que faire en cas de contact avec les poils ?
Pour les humains :
- Rincez abondamment la peau et les yeux à l’eau claire.
- Ne frottez pas la zone touchée, pour éviter de disperser les poils.
- Consultez rapidement un médecin si les symptômes persistent ou s’aggravent.
Pour les animaux :
- Rincez immédiatement la bouche ou la peau touchée avec de l’eau tiède (portez des gants pour éviter votre propre exposition).
- Consultez un vétérinaire en urgence, surtout en cas de gonflement ou de salivation excessive.
Les processionnaires : prévenir pour mieux protéger
Les chenilles processionnaires, bien que petites, représentent un danger considérable pour les humains, les animaux domestiques et même nos arbres. Leur expansion rapide et leur capacité à causer des dommages nécessitent vigilance et action.
En adoptant des méthodes de lutte adaptées – qu'elles soient naturelles ou manuelles – et en prenant soin de protéger les habitats naturels des prédateurs comme les mésanges, nous pouvons limiter leur impact tout en respectant l’équilibre de la biodiversité.
La clé reste la prévention : surveillez vos arbres, installez des nichoirs et agissez dès les premiers signes d’infestation. Avec des gestes simples et un peu d’anticipation, vous pourrez protéger votre jardin, vos proches et vos animaux contre ces envahisseurs redoutables.
Et surtout, rappelez-vous : face à ces chenilles, la prudence est votre meilleure alliée !
Ref : INPN / LPO / MNHN / Rustica
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