Le Cormoran ou Grand Cormoran
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Le Cormoran, un pêcheur en tenue de soirée

Le grand Cormoran ! Avec son plumage noir, son allure un peu sinistre et ses ailes toujours écartées pour sécher, le cormoran ne gagne pas forcément le prix du plus mignon. Et pourtant, il mérite un peu plus d’attention. Ce grand pêcheur au long bec a un mode de vie bien rodé, une organisation familiale surprenante, et une vie sociale plus animée qu’on ne le croit.

Et si on allait voir ça de plus près ?

Qui est le Cormoran ?

Le Cormoran (Phalacrocorax carbo), aussi appelé Grand Cormoran, est un oiseau aquatique très répandu en France. C’est un excellent plongeur, un peu mal vu par les pêcheurs car il se nourrit exclusivement de poisson, et il adore les grandes colonies bruyantes. On le retrouve aussi bien en bord de mer que sur les rivières et plans d’eau de l’intérieur des terres.

C’est une famille d’oiseaux aquatiques côtiers ou d’eau douce, qui comprend une quarantaine d’espèces dans le monde. Tous sont plus ou moins spécialisés dans la pêche sous-marine, avec des pattes palmées, un corps allongé, un bec crochu… et une passion non dissimulée pour le poisson frais.

Comment le reconnaître ?

Le Cormoran mesure environ 90 centimètres de long, avec une envergure pouvant atteindre 1m60. Il est noir avec des reflets vert-bronze, un bec crochu et une zone claire à la base de la gorge. En période de reproduction, il se pare parfois de petites plumes blanches sur les cuisses et la tête.

Il a un bec crochu, des yeux vert émeraude et une posture de yogi en train de faire un salut au soleil : ailes écartées, figé sur un rocher. Non, il ne médite pas : il sèche.

Pas pour frimer, non : ses plumes ne sont pas imperméables, ce qui l’aide à plonger efficacement… mais l’oblige à faire la pause étendoir après chaque repas. Rester tout mouillé c'est pas toujours idéal !

Le Cormoran un sacré pêcheur
Le Cormoran un sacré pêcheur

Ses particularités

Un oiseau domestiqué : en Asie, certains peuples l’ont entraîné à pêcher pour eux pendant des siècles (en l’empêchant d’avaler les gros poissons grâce à un petit collier autour du cou…).

Un plumage pas étanche : le cormoran absorbe l’eau, ce qui l’aide à plonger. En revanche, il doit sécher ses ailes au soleil après chaque session.

Un regard de tueur : ses yeux verts ou bleus sont impressionnants et parfaitement adaptés à la vision sous-marine.

Une respiration maîtrisée : il peut rester sous l’eau près d’une minute en apnée, et manœuvre comme un sous-marin miniature.

Où vit le Grand Cormoran ?

Le Cormoran est très adaptable : on le trouve sur les côtes, dans les estuaires, les marais, les lacs, les rivières… même en ville. Ce qui compte pour lui, c’est la présence de poissons et de bons perchoirs pour se reposer. Il niche souvent en colonies, parfois énormes, sur des falaises, des arbres ou des îlots. Et il ne se gêne pas pour repeindre la zone de blanc : le guano, ça marque !

Une vie sociale bien huilée

Le Cormoran est un oiseau sociable. En dehors de la reproduction, il vit en petits groupes ou grandes bandes, partageant ses zones de pêche et ses dortoirs. Il aime le collectif : dormir ensemble, se regrouper pour chasser, nicher à proximité des autres… Plus on est de fous, plus on pêche ! Cela dit, chacun garde son territoire au nid, et gare à celui qui veut s’incruster sans invitation.

En vol, ils peuvent former des lignes ou des "V" comme les oies. Et sur l’eau, on les voit parfois plonger à tour de rôle dans une chorégraphie presque synchronisée.

Cormoran zone séchage en Bretagne
Cormoran zone séchage en Bretagne

Que mange le Cormoran ?

Le Cormoran a un menu simple : poisson matin, midi et soir. Raison pour laquelle il n'est pas toujours le meilleur ami des pêcheurs !

Mais lui pour pêcher son poisson, pas besoin de moulinet ni de hameçon : c’est du 100 % action. Il plonge à la verticale, fend l’eau sans un bruit et se transforme en torpille vivante. Sous la surface, ses puissantes pattes palmées lui servent de moteur, et son corps fuselé file droit vers sa cible.

Quand une proie est repérée, le bec crochu entre en jeu : vif, précis, sans pitié. La capture faite, le cormoran remonte à la surface, ajuste le poisson dans le bon sens (toujours la tête la première, histoire d’éviter les arêtes qui râpent)… et l’avale d’un coup.

Un plongeur hors pair

Le Cormoran, c’est un peu le sous-marin personnel de la nature. Quand il chasse, il n’attend pas que le poisson saute dans son bec : il plonge, il nage, il fonce ! Grâce à ses pattes palmées placées très en arrière (parfait pour propulser, moins pour marcher), il se déplace sous l’eau avec une grâce surprenante.

Il peut atteindre une vitesse de 6 à 8 km/h sous l’eau, ce qui, à l’échelle d’un oiseau, en fait un redoutable sprinteur subaquatique. Son corps fuselé et son plumage légèrement perméable lui permettent de s’immerger facilement, sans remonter comme une bouée.

Il plonge généralement entre 5 et 10 mètres de profondeur, mais certains ont été observés descendant jusqu’à 25 mètres ! Chaque plongée dure de 30 à 60 secondes, selon la difficulté de la chasse. Et quand il repère un poisson, il l’attrape d’un coup de bec précis, façon harpon. Pas de filet, pas de canne : juste du style et de l’efficacité.

Une fois la proie capturée, il remonte à la surface, ajuste le poisson dans son bec, le retourne si besoin… puis gloup, avalé tout rond.

Comment se reproduit-il ?

Une saison des amours en colonie

La reproduction commence entre février et avril. Les Cormorans se retrouvent en grandes colonies bruyantes. Les mâles paradent, cou tendu, plumes hérissées, et lancent des cris rauques dignes d’un vieux klaxon rouillé. Ils offrent aussi des brindilles pour séduire leur future compagne. Le message est clair : "Regarde, j’ai déjà de quoi commencer le nid."

Le Cormoran est très sociable
Le Cormoran est très sociable

Le nid : une affaire de couple

Le nid est construit à deux. Monsieur commence, Madame l’aide à compléter. Ensemble, ils empilent des branches, des algues, parfois des déchets (pas très feng shui, mais pratique). Le tout forme une plateforme grossière mais solide, installée sur une branche, un rocher ou un îlot, en hauteur si possible pour éviter les intrus. Les couples sont généralement fidèles pendant toute la saison.

Œufs, bébés et régurgitations

Une fois les œufs pondus (généralement 3 à 5), les deux parents se relaient pour couver. Maman, papa, maman, papa… Chacun fait sa part, avec une constance admirable. Cette garde alternée dure environ 25 à 30 jours. Puis, un beau matin, les coquilles se fissurent, et de minuscules créatures roses, nues et aveugles pointent le bout du bec.

Les poussins Cormorans, à la naissance, ne paient pas de mine. Pas une plume, un cri aigu et désespéré, et une tête disproportionnée. Mais ils savent déjà ce qu’ils veulent : manger, manger, et encore manger. Et là encore, les parents font équipe.

Le rituel est simple mais spectaculaire : dès qu’un adulte arrive au nid, les petits dressent le cou et fourrent leur bec dans la gorge du parent. Ce dernier régurgite alors un bon cocktail de poisson semi-digéré, encore tiède. Appétissant ? Pas vraiment. Mais pour les cormorans, c’est un festin. Ce régime hautement protéiné leur permet de prendre du poids à vue d’œil.

Au fil des jours, ils se couvrent d’un duvet sombre, deviennent plus bruyants (imaginez un chœur de mini-dinosaures affamés) et finissent par se tenir debout dans le nid en agitant les ailes. À environ 5 semaines, les jeunes cormorans quittent le nid pour se balader à proximité, sur les branches ou les rochers alentour. Ce stade s’appelle le “nid volant” : ils ne volent pas encore, mais ils explorent, testent leurs muscles et attendent les repas en piaillant comme s’ils n’avaient pas mangé depuis des semaines (alors qu’ils mangent tout le temps).

Vers 7 semaines, ils prennent enfin leur envol. Ce n’est pas toujours gracieux au début, mais ça fonctionne. Les parents continuent parfois à les nourrir quelques jours, puis les laissent se débrouiller. À ce moment-là, les jeunes commencent à plonger, souvent maladroitement au début, mais très vite, ils attrapent leur premier poisson comme des pros. Mission accomplie : la relève est assurée.

Le Cormoran un super pêcheur
Un super pêcheur

Le Cormoran, pas un si "vilain petit canard "

Le Cormoran, c’est un peu l’oiseau qu’on aime critiquer sans vraiment le connaître. Accusé de voler les poissons, mal vu à cause de son plumage sombre et de ses airs de rapace trempé… il est pourtant fascinant à observer. Agile sous l’eau, rustique sur terre, sociable mais pas trop, il a trouvé sa place entre ciel, mer et rochers.

Alors la prochaine fois que vous croisez une silhouette noire en train de sécher ses ailes au soleil, regardez mieux : c’est peut-être le Cormoran qui vous salue discrètement, en attendant de replonger. Pas mal, pour un "vilain petit canard", non ?

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