Le Chiendent : mauvaise herbe ou plante aux mille vertus ?

Le Chiendent...c'est le petit nom que l'on donne à toutes les plantes qui nous gênent, ou qui on tendance à revenir quand on ne voudrait plus les voir.

Et pourtant, le Chiendent est une plante bien particulière. Que l'on maudit, qu'on arrache, que l'on maudit encore… avant de découvrir qu’il peut se manger, soigner les reins, stabiliser le sol, et même raconter l’état de notre jardin.

Le Chiendent, c’est un peu le vilain petit canard des plantes sauvages. Pourtant, derrière ses rhizomes envahissants, se cache une plante bien plus intéressante qu’il n’y paraît. Alors, qui est il ? On le garde ou pas ? Je vous raconte.

Qui est le Chiendent ?

Sous le nom de Chiendent, on parle généralement de Elymus repens, aussi appelé Chiendent commun ou Chiendent officinal. C’est une graminée (même famille que le blé ou le gazon), mais une graminée coriace qui pousse là où d’autres peinent à s’installer. Et ça, c'est sa botte secrète !

• Nom latin : Elymus repens
• Nom anglais : couch grass
• Famille : Poacées
• Origine : Europe, Asie, zones tempérées
• Historique : utilisé dès l’Antiquité comme plante médicinale, notamment par les Grecs et les Romains pour ses propriétés diurétiques.

Comment le reconnaître ?

Le Chiendent ne paye pas de mine, et c’est justement pour ça qu’il s’installe partout sans se faire remarquer. Il ressemble à une herbe banale, mais pourtant, il a quelques signes distinctifs qui permettent de le reconnaître sans se tromper :

• Feuilles longues et plates, d’un vert mat, légèrement rêches au toucher.
• Tiges rigides et dressées, pouvant atteindre 80 cm.
• Inflorescence en épi aplati, avec des épillets disposés à plat comme les barreaux d’une échelle.
• Rhizomes traçants souterrains, jaunâtres, cassants, qui serpentent sous terre parfois sur plusieurs mètres.

Et c’est là, dans les rhizomes (ses racines), que réside son super-pouvoir : chaque petit bout oublié peut redonner une plante entière. Pas étonnant qu’il revienne toujours et que les jardiniers (ou les agriculteurs, jardiniers XXL) s'arrachent les cheveux en le voyant !

Où le rencontrer ?

Partout. Absolument partout. Le Chiendent aime :

• les pelouses malmenées,
• les potagers mal désherbés,
• les bords de chemin, les friches, les terrains vagues,
• les sols tassés, pauvres ou compactés.

En fait, il s’installe surtout là où la terre est fatiguée ou mal couverte. Il joue alors un rôle de pionnier, en protégeant le sol nu avec ses racines profondes. Il pousse même sur les remblais et les terrains fraîchement retournés. C’est dire s’il est débrouillard.

Pourquoi le Chiendent nous dérange tant ?

Au potager ou en massif, c’est simple : il colonise tout. Et il est presque impossible à éliminer sans utiliser de méthode bien au point !

• Il étouffe les cultures en place.
• Il se faufile sous les paillages.
• Il résiste au binage, au désherbage thermique, aux engins…

Le souci, c’est que son système racinaire est fait pour survivre aux perturbations. C’est une plante résiliente, pas têtue : elle fait juste son job de pionnière. Ce comportement n’est pas de la mauvaise volonté. Le Chiendent joue simplement son rôle dans la nature : celui d’une plante réparatrice et tenace.

Mais alors, est-ce que c’est vraiment uniquement une mauvaise herbe ? Eh bien, pas forcément…

🌱 Ce qu’on oublie : les qualités du Chiendent

Eh oui, il n’a pas que des défauts. Le Chiendent a aussi des vertus écologiques et médicinales :

• Il stabilise les sols nus avec ses rhizomes.
• Il freine l’érosion sur les pentes.
• Il indique les problèmes de sol (compactage, pauvreté, déséquilibre).
• Il est riche en mucilages, potassium et sucres.
• Il est utilisé en herboristerie pour ses effets diurétiques et dépuratifs.

🥗 Est-il comestible ?

Oui ! Même si ce n’est pas une star en cuisine, le Chiendent est bien comestible, en particulier ses rhizomes (racines) :

• Crus : croquants, un peu sucrés, à grignoter façon racines sauvages.
• Séchés puis infusés : pour une tisane drainante, douce et légèrement sucrée.
• Grillés et moulus : comme succédané de café ou en farine de survie.

Une plante de secours… mais aussi une ressource oubliée.

🌿 Est il utile au jardin ?

Là, vous allez dire, elle exagère. Le Chiendent au jardin c'est une galère. Mais contre toute attente, oui il a quand même quelques avantages, car il :

• améliore la structure du sol sur le long terme. Ses longues racines, l'air de rien, remue le sol. Vous ne ne voyez pas, car ça se passe en dessous, mais oui, il améliore le sol en l'aérant.
• protége les sols nus et limite l’érosion. Ses racines empêchent la terre de tomber (sur des talus par exemple) et le sol ne déssèche pas complètement lorsqu'il est laissé à nu (ce qui est une très mauvaise idée !)
• peut servir de paillage si vous le fauchez sans l'arracher.
• accueille quelques insectes du sol et microfaune.

Dans un coin sauvage ou une prairie, il peut parfaitement avoir sa place. Mais dans un potager, il faudra faire preuve de vigilance, car là ok, il devient vite encombrant. C'est un peu l'invité non désiré du potager, soyons honnête. Mais n'oubliez pas que s'il est dans votre potager, c'est qu'il y a un souci...

📍 Le Chiendent, une plante indicatrice : ce qu’il révèle

Le chiendent est une plante bioindicatrice. Sa présence révèle souvent :

• un sol tassé ou trop piétiné,
• une terre pauvre ou déséquilibrée,
• un manque de couverture végétale,
• une carence en humus ou en calcium.

Bref : un sol en souffrance. Il n’est pas le problème… il est souvent le symptôme. Donc si vous avez beaucoup de Chiendent dans votre potager ou dans votre jardin, avant de maudire cette plante, dites vous que votre sol à un souci. Et que si vous le réglez, le Chiendent s'en ira.

🚫 Faut-il l’arracher ?

Tout dépend de vos objectifs :

✅ Si vous laissez un coin sauvage ou que vous testez des tisanes maison : pas de souci.
❌ Si vous avez un potager, des massifs, des jeunes plantations : il faut limiter sa progression.

Mais attention à ne pas labourer ni retourner le sol n’importe comment, au risque de multiplier les rhizomes. Un morceau de rhizome = un nouveau pied de Chiendent.

Mais pourquoi ce nom de “chiendent” ?

Le mot chiendent vient du vieux français chiesdent, lui-même issu du latin populaire cani dentem, c’est-à-dire : “dent de chien”

Plusieurs hypothèses expliquent ce drôle de nom :

• 🐶 Parce que les chiens en mangent : comme les chats, ils grignotent ses jeunes pousses pour se purger.
• 🌱 À cause de ses rhizomes : durs, cassants, et parfois recourbés comme des crocs.
• 💪 Par sa ténacité : impossible à arracher, il s’accroche comme un chien à son os !

Dans d’autres langues, le Chiendent garde sa réputation de coriace :

• Couch grass en anglais → “herbe du canapé”, parce qu’elle s’étale partout, comme un tapis.
• Quecke en allemand → vient de mots anciens désignant les graminées traçantes.
• Gramigna en italien → signifie carrément “mauvaise herbe” dans le langage courant !

🐾 Les chats et le Chiendent dans le jardin : herbe à chat ?

Ce qu’on appelle "herbe à chat" c'est en réalité un mélange de jeunes pousses de graminées, le plus souvent blé, orge, avoine et seigle. Dans la nature (ou dans votre jardin), les chats ne vont pas avoir à disposition de l’orge ou du blé comme les jolis petits pots d'herbe que l'on vous propose en jardinerie.

Et donc dans votre jardin, votre chat va utiliser ce qui est disponible. Et ce qu’il trouve à disposition, c’est… le Chiendent !

• Il pousse partout.
• Il fait de longues feuilles plates.
• Il est bien plus accessible qu’un pot d’herbe à chat.
• Et surtout, ses jeunes pousses sont tendres, donc parfaites pour le grignotage.

✔️ Donc oui, quand un chat se purge dans le jardin et qu’il mange une "herbe fine, longue et plate", il s’agit souvent de Chiendent.

🧪 Pourquoi votre chat le mange ?

• Pour stimuler son transit.
• Pour se faire vomir s’il a des poils dans l’estomac.
• Ou tout simplement parce que ça l’aide à se réguler naturellement, comme il le ferait en pleine nature.

Le Chiendent est sans danger pour les animaux, tant qu’il n’est pas traité avec des produits chimiques. Donc dans votre jardin, pas de souci ( à condition de ne pas pulvériser du poison partout !) mais dans les champs c'est une autre histoire. Si des produits chimiques ont été pulvérisés pour traiter le champ et que votre chat va manger de l'herbe à cet endroit, ça peut être très dangereux pour lui !

Envie de poursuivre la promenade parmi les plantes sauvages ? Plantes sauvages utiles et comestibles

Et pour aller plus loin dans vos découvertes voici deux petits guides utiles et pratiques, spécialement concoctés pour les curieux et disponibles en téléchargement