Criocère du lis : comment l’identifier et protéger vos plantes

Le Criocère du lis ! Il est tout petit, tout rouge, et il fait des ravages : le criocère du lis (Lilioceris lilii) est un coléoptère qui adore vos plantes préférées. Et quand il débarque, il ne vient pas seul. Lui, sa compagne, leurs bébés, et une grande envie de grignoter vos lis avec application.

Mais est-ce vraiment une catastrophe ? Et comment s’en débarrasser sans tuer tout l’écosystème du jardin ? Suivez le guide.

Qui est ce fameux Criocère du lis ?

• Nom scientifique : Lilioceris lilii
• Nom commun : Criocère du lis ou criocère écarlate
• Nom anglais : Scarlet lily beetle
• Famille : Chrysomelidae (famille des altises, doryphores et autres croqueurs de feuilles)

Ce petit coléoptère mesure entre 6 et 9 mm, il est entièrement rouge vif sauf la tête, les antennes et les pattes, qui sont noires. Son corps est allongé, ses élytres légèrement ponctués. Il est assez joli. Jusqu’à ce qu’on voie l’état des feuilles de lis après son passage…

Il est originaire d’Asie, mais il s’est installé en Europe depuis le 19e siècle et est désormais bien présent dans tous les jardins tempérés.

Il fait donc partie de la grande famille des Chrysomélidés, ces coléoptères mordilleurs qui aiment les plantes. Parmi ses cousins pas très populaires, on trouve le doryphore (terreurs des pommes de terre), le criocère de l'asperge, ou encore la galéruque de l'orme.

📝 Criocère du Lis ou du lys ?

On parle bien de la même plante : Lilium, majestueux, parfumé. Alors pourquoi voit-on parfois écrit lis, et d’autres fois lys ?

• Lis avec un i, c’est l’orthographe botanique correcte. C’est celle utilisée par les jardiniers, les horticulteurs, et dans toutes les flores sérieuses.
• Lys avec un y, c’est la version historique, héritée de l’ancien français. C’est aussi celle qu’on retrouve dans les blasons, les poèmes, et les telenovelas médiévales.

Bref : “lis” est juste, mais “lys” est resté dans la langue courante. Même Google, un peu paresseux sur l’orthographe des fleurs, traite les deux pareil. Donc si vous croisez “criocère du lys” ou “criocère du lis”, pas besoin de trancher à l’épée : c’est bien le même glouton rouge.

Et pour info : le Criocère, lui, ne lit pas. Il grignote. Peu importe comment on l’écrit.

Comment le reconnaître ?

Pas besoin d’être entomologiste, mais regardez le de près quand même pour ne pas faire d'erreur :

• Il est rouge pompier, brillant, avec un corps dur et allongé.
• Il se promène en couple sur les feuilles… ou reste perché en mode "je fais genre je ne t’ai pas vu".
• Il tombe au sol dès qu’on tente de l’attraper. Une vraie diva.

Et ses bébés ? Ils sont tout sauf mignons :

• Larves jaunâtres et molles, recouvertes de… leurs excréments. Oui, elles vivent planquées sous un manteau de crotte, c’est leur bouclier anti-prédateurs. Et anti-jardiniers dégoûtés.
• Œufs orange-brun, alignés sous les feuilles comme des grains de riz farceurs.

Avec qui ne pas confondre le Criocère du lis ?

Il est rouge, il est sur une feuille… mais ce n’est pas forcément un Criocère ! Voici les faux amis :

• Le téléphore fauve : aussi rouge, mais avec une tête plus allongée et un corps plus souple. Il ne mange pas vos plantes, il mange les pucerons. Gardez-le !
• Le cardinal (Pyrochroa serraticornis) : rouge vif également, mais plus grand et plat. Présent en forêt, pas dans les massifs de lis.

Moralité : si l’insecte rouge vole mal, tombe facilement, et se reproduit sur vos lis… vous avez probablement affaire au bon client. Mais si ce n'est pas le cas...alors continuez à observer avant d'agir !

La vie bien (trop) rythmée du Criocère

Le criocère a un calendrier bien calé sur les lis. Dès que les tiges pointent, lui débarque :

1. En mars/avril, les adultes sortent de leur planque hivernale (litière, terre, pot de fleurs).
2. Ils se reproduisent très vite, sur la plante, en public (aucune pudeur).
3. La femelle pond des œufs sous les feuilles. 10 à 20 œufs par ponte, et elle ne s’arrête pas là.
4. Les larves naissent 5 à 10 jours plus tard. Et elles dévorent tout.
5. Après 2 à 3 semaines de carnage, elles se laissent tomber au sol pour se transformer en nymphe.
6. Un nouvel adulte émerge 10 à 15 jours plus tard. Et c’est reparti.

Si l’été est doux, vous pouvez avoir deux générations par an. Joie.

L’adulte peut vivre plusieurs mois, et hiberner dans les débris végétaux, les tas de feuilles ou les pots oubliés. Il refait surface au printemps, fidèle au poste.

Son menu préféré ? Mon lis, ton lis, tous les lis

Le criocère est un vrai snob alimentaire. Il a un goût très sûr… pour vos lis ! Et uniquement (ou presque) pour eux. Pas question d'aller manger autre chose.

Plantes favorites :

• Lis cultivés (Lilium)
• Lis botaniques
• Fritillaires (elles aussi se font croquer sans pitié)

Parfois, en cas de pénurie :

• Hémérocalles (lys d’un jour), surtout les jeunes
• Amaryllidacées proches du lis

Plantes boudées :

• Narcisses, tulipes, iris, pivoines, plantes potagères, rosier, géranium, fraisier ? Aucun intérêt pour lui.

Contrairement à d’autres coléoptères opportunistes, il ne se disperse pas au hasard. Le criocère du lis est spécialisé. Il ne touche pas aux légumes, ni aux plantes d’intérieur ni à aucune autre plante. Il n'aime QUE les lis...mais oui c'est un obsessionnel !

Les dégâts ? Parlez-en à vos feuilles

Ce n’est pas un grignoteur discret :

• Feuilles trouées façon dentelle de grand-mère
• Boutons floraux mâchés avant même leur éclosion
• Tiges épluchées, plante stressée, bulbe vidé

Le lis ne meurt pas toujours… mais il sort du combat en miettes. Et parfois, il ne refleurira plus du tout. Ou il disparaîtra doucement. Comme un amour déçu.

Comment l’empêcher de faire sa loi ?

Pas besoin de bazooka chimique. Voici une panoplie de ninja du jardinier bio :

• Inspection quotidienne dès avril : feuilles, dessous de feuilles, tiges.
• Capture à la main (avec un récipient dessous, parce qu’il se laisse tomber comme une diva).
• Grattage des œufs : on gratte, on coupe, on composte. Merci, au revoir.
• Chiffon anti-larves : elles sont gluantes, mais pas rapides. On les ramasse.
• Jardin vivant : les prédateurs comme les carabes, staphylins ou hérissons sont vos alliés. Laissez-leur un coin sympa.

🧓 Recettes de grand-mère anti-criocère du lis (et ça marche !)

• Macération de tanaisie : une poignée de feuilles dans 1 L d’eau, on laisse infuser 24h, on filtre, on pulvérise. C’est jaune, ça sent fort, et ça repousse plus d’un indésirable.
• Infusion d’ail : 4 gousses écrasées, 1 L d’eau bouillante, repos 12 h. Pulvérisée sur les feuilles, c’est l’équivalent d’un "non merci" olfactif pour le criocère.
• Lavande en décoction : fleurs et tiges bouillies 10 minutes, puis repos et pulvérisation. En bonus : ça sent bon pour vous, mais pas pour lui.
• Farine fossile (terre de diatomée) : saupoudrée au pied des lis, elle agit comme un mini champ de mines pour les larves qui rampent.

Bonus : Grand-mère disait aussi que parler à ses lis les rendait plus résistants. Ce n’est pas prouvé, mais ça détend.

FAQ – Criocère et autres bestioles : on fait le tri !

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