Le Ragondin, le mal aimé
Faune sauvage

Le Ragondin : un mal-aimé au grand cœur

Le Ragondin ! Il a de grandes dents orange, une queue pas très glamour, et un nom qui sonne comme une insulte campagnarde : le ragondin.
Et pourtant, ce drôle de rongeur aquatique a tout d’un personnage attachant.
On le croise souvent au bord d’un étang, entre deux roseaux, un brin d’herbe dans la bouche et un air tranquille sur le museau.
Beaucoup le craignent, certains le détestent, peu le connaissent vraiment.


Le Ragondin est devenu en quelques décennies le mal-aimé des zones humides, accusé de tous les maux, alors qu’il n’a fait que s’adapter à un monde qui n’était pas le sien !

Qui est le Ragondin ?

Sous son air pataud, le Ragondin cache un mammifère ingénieux et parfaitement adapté à la vie semi-aquatique.
Son vrai nom scientifique, Myocastor coypus, signifie littéralement “castor-rat”, ce qui lui va plutôt bien.

Le Ragondin appartient à la famille des Myocastoridés (Myocasteridae). C’est d’ailleurs le seul représentant actuel de cette famille. Autrement dit, le Ragondin est un rongeur unique en son genre, un cousin éloigné du castor, du rat musqué et du capybara (son géant d’Amérique du Sud).

Mais d'où vient le Ragondin ?

Originaire d’Amérique du Sud — des plaines marécageuses d’Argentine et du Brésil —, le Ragondin a été importé en Europe à la fin du XIXᵉ siècle pour une raison purement économique : sa fourrure.
On élevait alors les Ragondins pour produire du “castorine”, un poil soyeux très prisé dans la mode.

Mais les élevages ont vite tourné au désastre : des animaux s’échappent, d’autres sont relâchés quand les prix chutent… et les voilà colonisant nos rivières et canaux.
Résultat : en un siècle, le Ragondin est passé du statut de bête d’élevage chic à celui de nuisible officiel, sans avoir changé de caractère entre-temps.

Le Ragondin, un animal d'élevage devenu nuisible
Le Ragondin, un animal d'élevage devenu nuisible

Comment reconnaître un Ragondin ?

Quand on le voit nager, on comprend vite que ce n’est pas un simple rat.
Le Ragondin est beaucoup plus grand — jusqu’à 8 kilos pour 1 mètre de long avec la queue.
Sa silhouette trapue, son pelage brun-gris imperméable et surtout ses incisives orange vif lui donnent une allure inimitable.
Cette couleur orange vif sur ses dents vient d’un dépôt de fer, qui renforce ses dents et les rend quasiment indestructibles.
Ses pattes arrière palmées font de lui un excellent nageur, tandis que sa queue ronde et cylindrique agit comme un gouvernail.
Bref, c’est un rongeur fait pour la glisse : tout dans son corps semble pensé pour la vie entre terre et eau.

  • Taille du corps : 40 à 60 cm
  • Longueur de la queue : 30 à 45 cm
  • Taille des dents (incisives) : environ 2 à 3 cm
  • Poids moyen : entre 5 et 8 kg (jusqu’à 10 kg pour les plus gros mâles)
  • Espérance de vie : 6 à 7 ans dans la nature (sauf s'il croise trop souvent les humains)

Le Ragondin est un excellent apnéiste : il peut tenir 5 à 10 minutes sous l’eau sans remonter à la surface.
Pendant ce temps, ses narines et ses oreilles se ferment automatiquement — un vrai petit sous-marin moustachu.

Où vit le Ragondin ?

Le Ragondin aime les endroits calmes, vaseux, et riches en végétation.
Étangs, mares, fossés, canaux, rivières lentes… tout ce qui ressemble à un coin d’eau tranquille lui convient.
Il creuse des terriers complexes dans les berges, avec plusieurs entrées, dont au moins une sous l’eau pour s’échapper en cas de danger.

Ce travail de terrassement, qu’on lui reproche tant, est pourtant un chef-d’œuvre d’ingénierie.
Le problème, c’est que lorsque la population devient trop dense, ces galeries peuvent fragiliser les berges et provoquer des effondrements.
Mais dans un écosystème équilibré, un ou deux ragondins n’ont rien d’un danger géologique.
Ils participent même, à leur manière, à l’entretien naturel des zones humides, en ouvrant des passages et en brassant la vase.

Comment vit le Ragondin, une vie sociale bien organisée

Contrairement à beaucoup de rongeurs, le ragondin n’est pas solitaire. Il vit souvent en petits groupes familiaux, dirigés par une femelle adulte.
Chaque clan occupe un territoire précis le long des berges, qu’il défend sans grande agressivité, plutôt à coups de cris et de postures.
Les jeunes restent quelques mois avec leur mère avant de partir fonder leur propre colonie.

Ces animaux sont intelligents, prudents et pacifiques. Leur activité est surtout crépusculaire : ils sortent au lever ou au coucher du soleil, quand tout est calme.
La journée, ils préfèrent se cacher, se reposer ou se toiletter dans leur abri.
Leur fourrure dense exige un entretien constant : on les voit souvent se lisser le poil avec les pattes avant, assis comme des Bouddhas moustachus au bord de l’eau.

Le Ragondin, un végétarien
Le Ragondin, un végétarien

Que mange le Ragondin ? Strictement végétarien

Côté alimentation, le ragondin est un herbivore convaincu.
Il se nourrit surtout de plantes aquatiques, de roseaux, de jeunes pousses, de racines, de maïs et de légumes.
Il consomme parfois les tiges et feuilles des cultures proches, ce qui lui vaut la colère de certains agriculteurs. Mais ce n’est pas un destructeur : il se contente de grignoter ce qu’il trouve, souvent la nuit.
Et puis, en retour, il participe à la dispersion des graines et à l’ouverture des milieux humides.
C’est un jardinier un peu vorace, certes, mais pas un saboteur.

Son appétit est impressionnant : un Ragondin adulte mange jusqu’à un quart de son poids par jour.
Et comme il est mal vu partout, il doit souvent faire preuve de discrétion pour se nourrir.
Il sort quand tout le monde dort, nage sans bruit et retourne vite dans sa tanière au moindre danger.

Comment se reproduit le Ragondin : amour, nid douillet et bébés moustachus

Chez le Ragondin, pas besoin d’attendre le printemps pour tomber amoureux : la saison des amours dure toute l’année.
Dès qu’il fait doux et que les berges regorgent de verdure, monsieur et madame Ragondin se mettent à batifoler entre deux roseaux. Pas de grandes parades nuptiales ni de sérénade au clair de lune — le ragondin, lui, préfère l’efficacité à la romance.
La femelle peut avoir jusqu’à trois portées par an, espacées d’environ quatre mois, puisque la gestation dure environ 130 jours.

Un nid bien caché dans la berge

Quand vient le moment d’accoucher, la future maman ne part pas à la maternité : elle reste dans son terrier, soigneusement aménagé.
C’est un nid douillet, tapissé de feuilles et d’herbes sèches, creusé dans une berge tranquille à proximité de l’eau. Ce terrier possède souvent plusieurs entrées, dont au moins une sous l’eau, pour échapper aux curieux ou aux prédateurs.
C’est un petit cocon humide mais confortable, où la mère pourra allaiter sans être dérangée.

Des bébés déjà prêts pour la vie aquatique

Les bébés Ragondins, appelés petits (pas de surnom rigolo, hélas), naissent déjà poilus, les yeux ouverts et pleins de vigueur.
Ils pèsent une centaine de grammes à la naissance et savent nager dès le premier jour ! Une prouesse qui ferait rougir bien des mammifères.
Leur pelage est déjà imperméable, et leurs petites dents poussent rapidement pour leur permettre de croquer dans la verdure dès que possible.

Pendant plusieurs semaines, ils tètent le lait maternel, riche et nourrissant.
La mère allaite souvent hors de l’eau, mais toujours à proximité, prête à plonger au moindre danger.
Et détail étonnant : les mamelons sont situés haut sur les flancs, presque sur le dos, ce qui lui permet d’allaiter ses petits même quand elle nage !

Le Ragondin, un animal très sociable
Le Ragondin, un animal très sociable

L'éducation des petits : express mais efficace

Le Ragondin n’a pas le temps de suivre des études longues : il apprend tout sur le tas. Sous l’œil attentif de leur mère, les petits découvrent vite la nage, la toilette, et surtout la technique du grignotage précis (indispensable pour ne pas finir avec des algues plein le nez).


La vie de famille est plutôt harmonieuse : tout le monde partage le terrier et les repas, dans une ambiance calme et disciplinée.
Les jeunes restent environ deux mois auprès de leur mère avant de partir vivre leur vie d’adulte — souvent pas très loin, dans la même zone humide.

Les femelles atteignent la maturité sexuelle vers 6 mois, les mâles un peu plus tard, et la boucle est déjà bouclée : la nouvelle génération de rongeurs moustachus est prête à repeupler les berges.

Une reproduction à toute allure

Pas étonnant que le ragondin se multiplie si vite : entre son cycle reproductif continu, ses portées nombreuses et ses petits autonomes en un clin d’œil, il coche toutes les cases du parfait colonisateur.
Mais cette vitalité naturelle, qu’on lui reproche souvent, est aussi ce qui en fait une espèce fascinante :
un animal résilient, adaptable et débrouillard, capable de survivre dans presque n’importe quel milieu humide.

Pourquoi le Ragondin est-il si mal aimé ?

C’est là que l’histoire se gâte.
Introduit par l’homme, le Ragondin s’est retrouvé accusé de déranger l’homme. Ses galeries fragilisent certaines berges, il grignote les cultures proches des cours d’eau, et il peut être porteur de leptospirose, une bactérie transmissible à l’humain par l’eau souillée.
Ces quelques faits ont suffi à en faire un “nuisible” officiel, traqué et piégé dans la plupart des départements français.

Pourtant, dans bien des régions, le Ragondin est surtout le bouc émissaire d’un déséquilibre écologique plus large : disparition des prédateurs naturels (loutre, renard, busard), artificialisation des berges, excès de drainage…
Il occupe les niches qu’on a laissées vides, tout simplement. Et s’il prolifère, ce n’est pas parce qu’il est méchant — c’est parce qu’il s’adapte.
Une qualité que bien des humains pourraient lui envier.

Après tout, il n'a pas demandé à venir s'installer en France et en Europe, et maintenant qu'il est là, il fait ce qu'il peut pour survivre. Mais oui, ce sont souvent les humains qui sont à l'origine de bien des problèmes...pas les animaux ! Si les humains ne l'avaient pas "forcé" à venir s'installer en Europe (pour le dépouiller de sa fourrure ne l'oublions pas ! ) le Ragondin continuerait à vivre paisiblement dans son pays d'origine.

Ah la fourrure, et l'appât du gain...cela fait tourner beaucoup de têtes (têtes d'humains bien entendu ! )

Couple de Ragondins au bord d'une berge
Couple de Ragondins au bord d'une berge

Le Ragondin est il dangereux pour les humains ou les animaux ?

Non, le Ragondin ne se jette pas sur les promeneurs à la tombée du jour, et non, il ne mord pas sans raison.
C’est un animal paisible, peureux et plutôt flegmatique, qui préfère plonger à toute vitesse dans l’eau plutôt que d’affronter un humain. Ses dents orange peuvent impressionner, certes, mais elles servent à couper les végétaux, pas à jouer les piranhas.
La seule situation à risque ? Si vous tentez de le coincer ou de le manipuler. Et franchement, qui a envie de prendre un Ragondin dans ses bras ?

Le seul vrai risque vient de la leptospirose, une bactérie présente dans les eaux souillées par son urine — d’où l’intérêt de se laver les mains après un contact avec la vase ou de porter des gants.

Mais le Ragondin n'est pas le seul à pouvoir transmettre cette maladie. Les rats mais aussi les souris, les bovins, les porcs, les chiens et même parfois les renards peuvent nous transmettre cette bactérie.
Autrement dit, ce n’est pas une spécialité du ragondin, même si son mode de vie aquatique favorise la transmission dans certains milieux humides.

Quelle est l’utilité du Ragondin ?

Avouons-le : le ragondin n’a pas une image flatteuse. On le soupçonne de tout — d’abîmer les berges, de manger les cultures, d’envahir les marais… et pourtant, ce gros rongeur à moustaches joue un rôle réel dans les écosystèmes humides.
Ce n’est pas un ange, certes, mais ce n’est pas non plus le démon aquatique qu’on décrit.
Regardons d’un peu plus près à quoi il sert vraiment.

Un jardinier involontaire des zones humides

En se nourrissant de plantes aquatiques, de joncs et de roseaux, le ragondin participe au nettoyage naturel des mares et des marais.
Ses repas copieux permettent d’éviter la fermeture excessive de certains milieux (quand la végétation devient trop dense et empêche la lumière de passer).
En clair, il entretient les berges sans le savoir, un peu comme un jardinier bénévole et poilu.

Ses déplacements constants dans l’eau remuent les sédiments, favorisant la circulation de l’oxygène et la germination de nouvelles plantes.
Là où il vit, la flore reste souvent plus diversifiée qu’on ne le pense — du moins tant qu’ils ne sont pas trop nombreux.

Un semeur de graines sans diplôme

Le Ragondin ne fait pas que mâcher : il disperse aussi les graines. En mangeant certaines plantes, puis en se déplaçant d’un point d’eau à l’autre, il transporte dans son pelage ou dans ses déjections de petites graines qui vont se redéposer ailleurs.
Un rôle discret, mais essentiel, dans la recolonisation naturelle des berges.
C’est ce qu’on appelle un vecteur de dissémination — autrement dit, un jardinier mobile avec un estomac de moissonneuse-batteuse.

Le Ragondin est il vraiment nuisible
Le Ragondin est il vraiment nuisible

Une source de nourriture pour d’autres animaux

Comme tout bon maillon d’un écosystème, le Ragondin n’est pas inutile à la chaîne alimentaire.
Ses petits et ses jeunes adultes sont une proie facile pour de nombreux prédateurs : le renard, le busard, le milouin, le hibou grand-duc, voire la loutre d’Europe là où elle est revenue.
Son retour massif a même permis à certains rapaces de retrouver une source de nourriture stable.
En d’autres termes, le Ragondin nourrit la biodiversité, autant qu’il la bouscule.

Un ingénieur des berges… malgré lui

C’est là que le débat devient plus nuancé. En creusant ses galeries dans les berges, le ragondin fragilise les talus — c’est vrai —, mais il contribue aussi à créer des microhabitats utilisés ensuite par d’autres espèces : grenouilles, couleuvres, campagnols, musaraignes, insectes aquatiques…
Une fois abandonnées, ces galeries deviennent de petits refuges naturels dans des milieux souvent dépourvus d’abris.
En écologie, on appelle cela un effet ingénieur d’écosystème : une espèce qui, en modifiant son environnement, crée des conditions de vie pour d’autres.

Un indicateur de la santé des zones humides

La présence du Ragondin indique souvent une abondance de végétation et d’eau, donc un écosystème encore vivant.
Là où il disparaît, c’est souvent que les berges ont été trop artificialisées, les mares comblées ou les zones humides asséchées. C’est paradoxal : on le combat dans les endroits où il reste encore de la nature, alors qu’il disparaît là où tout a été bétonné.
Autrement dit, voir un Ragondin, c’est parfois le signe qu’il reste un peu de vie dans le marais.

Alors, le Ragondin utile ou nuisible ?

Tout dépend du point de vue.

D’un côté, il peut endommager les digues et concurrencer certaines espèces locales.
De l’autre, il nettoie les berges, dissémine les graines, nourrit les prédateurs et entretient les marais.
Le problème n’est pas le Ragondin lui-même, mais sa surpopulation dans des milieux déséquilibrés — déséquilibres qui, rappelons-le, viennent avant tout des activités humaines.

Le ragondin n’a jamais signé la moindre déclaration d’invasion. C’est l’humain qui l’a importé, élevé, relâché, puis classé “espèce susceptible d’occasionner des dégâts” (ESOD).
Ironique, non ? Il paie la facture d’une erreur humaine.

En somme, le Ragondin est un ouvrier du marais un peu trop zélé : s’il y en a un ou deux, tout va bien ; s’ils sont cent, la berge s’effondre.
Mais c’est un animal utile, robuste, et même attachant, pour peu qu’on apprenne à le regarder autrement.

❓FAQ Vos questions sur le Ragondin

❓ Quel est un autre nom pour le Ragondin ?

Le Ragondin porte aussi le nom de “castor des marais” ou de “rat d’eau” — même si ces surnoms sont un peu trompeurs.
Ce n’est ni un castor, ni un rat, mais bien un rongeur semi-aquatique originaire d’Amérique du Sud.
Son vrai nom scientifique est Myocastor coypus.

🥕 Qu’est-ce qui attire un Ragondin ?

Le Ragondin aime l’eau calme et la verdure fraîche.
Vous le verrez rarement dans une rivière tumultueuse : il préfère les berges herbeuses, les fossés humides, les étangs et les mares.
Il est attiré par les zones riches en plantes aquatiques (roseaux, herbes tendres, racines) et par les cultures proches de l’eau, comme le maïs ou les carottes.
Si votre jardin borde un plan d’eau luxuriant, ne soyez pas surpris de croiser un visiteur moustachu au coucher du soleil !

🏃‍♂️ Est-ce qu’un Ragondin peut courir vite ?

Sur terre, le Ragondin n’est pas un grand sprinteur. Il se déplace de manière un peu gauche, avec une démarche chaloupée, et ne dépasse pas 10 km/h en cas d’urgence.
Mais dans l’eau, c’est une autre histoire : il nage comme un champion, grâce à ses pattes palmées et sa queue qui lui sert de gouvernail.
Sous l’eau, il peut rester jusqu’à 10 minutes en apnée — une vraie performance pour un “rat d’eau” qui n’en est pas un !

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