Le Torcol fourmilier, un discret gourmand

Le Torcol fourmilier n’est pas un oiseau comme les autres. Discret et souvent difficile à repérer, il se fond dans son environnement grâce à son plumage brun gris, idéal pour passer inaperçu. Il a l'allure d'une grive et un plumage aussi bien dessiné que celui d'un hibou. Atypique, étonnant, voici le Torcol fourmilier.

Mais si vous avez la chance de croiser cet oiseau fascinant, vous découvrirez un véritable spécialiste des fourmis, qu’il dévore avec un appétit insatiable. Alors, ouvrez l'œil, car ce petit expert du camouflage pourrait bien se cacher juste sous vos yeux !

Atypique, étonnant, voici le Torcol fourmilier.

Qui est le Torcol fourmilier ?

Le Torcol fourmilier (Jynx Torquilla) est oiseau migrateur de la famille des Picidés (Picidae) comme le Pic vert ou le Pic Epeiche. Mais s'il fait partie de cette famille il fait partie d'un autre genre que ses cousins les Pics. Le genre Jynx.

Ce genre ne comprend que deux espèces, le Torcol fourmilier qui vit en France et le Torcol à gorge rousse (Jynx rufficolis) qui vit en Afrique.

Son nom lui vient de sa façon tenir sa tête, pointée vers le haut, et de la tourner (torcol, il se tord le col, ou le cou). Un coup à gauche, à coup à droite. Une façon comme une autre de se tordre le cou. Une attitude qui, avec son plumage très caractéristique, en font un oiseau facilement reconnaissable.

Comment reconnaître le Torcol fourmilier ?

Avouons-le : le Torcol fourmilier n’est pas une star des podiums. Son plumage brun-gris, zébré de noir et de beige, rappelle l’écorce d’un vieux chêne.
C’est justement ce camouflage parfait qui le rend presque invisible dans les arbres où il vit.

Taille et silhouette

• Longueur : 16 à 17 cm, soit la taille d’un moineau dodu.
• Poids : autour de 35 grammes.
• Silhouette : fine, allongée, avec un bec court et pointu, et surtout un cou très souple, capable de pivoter de manière improbable.

Quand il se sent menacé, il déploie toute une panoplie d’acteur : il hérisse ses plumes, tord son cou dans tous les sens, et émet un sifflement râpeux et inquiétant. Les prédateurs hésitent, les humains reculent, et lui s’éclipse en douce. Un vrai comédien de la nature.

Ecoutez le chant du Torcol fourmilier

Comment vit-il ? Sa vie sociale et son caractère

Le Torcol fourmilier est un oiseau solitaire, voire franchement asocial. Il vit seul la plupart du temps, et ne se montre vraiment que pendant la période de reproduction.
Pas de bande joyeuse, pas de vols collectifs : monsieur Torcol aime sa tranquillité.

Lorsqu’il revient de migration, il s’installe dans un territoire qu’il connaît déjà, souvent le même arbre creux d’une année sur l’autre. Il n’a pas de tambourinage comme les pics classiques : son cri est un “kee-kee-kee” nasillard, un peu grinçant, qui trahit sa présence aux oreilles attentives.

Malgré son côté discret, c’est un oiseau très vif, qui grimpe et rampe sur les troncs avec une agilité surprenante. Il se déplace souvent à la manière d’un serpent, d’où son surnom d’oiseau-serpent dans certaines campagnes.

Que mange le Torcol fourmilier ?

Le Torcol fourmilier comme son nom l'indique très bien, à un gros faible pour les fourmis. Adultes, ou larves, il est capable d'aller les débusquer jusqu'au fond de leur fourmilière. Il est donc myrmécophage, c'est à dire qu'il se nourrit essentiellement de fourmis.

Il n'est donc pas rare de l'apercevoir au sol, en train de piquer dans la terre, à la recherche de sa nourriture favorite.

Le Torcol est doté d'une grande langue, collante, qui lui permet de pouvoir saisir les fourmis rapidement et de façon assez certaine. Elles ont peu de chance de lui échapper s'il s'installe auprès de leur nid, ni même en tentant de se cacher sous les pierres ou dans des recoins. Car sa langue, fine et collante, se glisse très bien dans les anfractuosités.

En l'absence de fourmis, ce qui ne doit pas arriver souvent, il se tournera vers d'autres petits insectes. Mais son régime reste essentiellement tourné vers les fourmis.

Où croiser le Torcol fourmilier ?

Avec son plumage, élégant, mais discret, le Torcol fourmilier n'a pas de mal à se fondre parmi les arbres, arbustes des bosquets, et même des jardins qu'il fréquente régulièrement. Mais c'est un discret qui apprécie de passer inaperçu.

Le Torcol fourmilier préfère donc les milieux ouverts avec une végétation basse, tels que les prairies, les champs, les landes et les jardins. La végétation basse lui permet de mieux pouvoir repérer, et attraper les fourmis qui sont la base de sa nourriture.

Où passe t’il l’hiver ?

Les Torcols fourmiliers de l'Europe du Nord migrent vers le sud de l'Europe, puis traversent la Méditerranée pour atteindre les régions d'Afrique subsaharienne, notamment l'Afrique de l'Ouest.

Ils peuvent aussi se rendre en Espagne, au Portugal, en Afrique du Nord et au-delà, jusqu'en Afrique subsaharienne. Certains individus peuvent également hiverner dans le sud de l'Europe, notamment en Italie et en Grèce.

La migration a lieu généralement à l'automne, lorsque les températures commencent à baisser et que la disponibilité des insectes diminue en Europe du Nord. Ils reviendront au printemps lorsque les conditions météorologiques et la disponibilité de la nourriture s'améliorera.

La migration se déroule principalement la nuit, lorsqu'il est moins exposé aux prédateurs et qu'il peut profiter des vents favorables. Pendant la journée, ces oiseaux peuvent faire des haltes pour se reposer et se nourrir avant de reprendre leur voyage nocturne.

Combien de kilomètres parcourt le Torcol fourmilier pendant sa migration ?

Petit oiseau, grand voyageur !
Le Torcol fourmilier passe l’hiver sous le soleil africain, principalement en Afrique subsaharienne, entre le Sahel et les zones tropicales d’Afrique de l’Ouest et de l’Est.
Pour y parvenir, il parcourt plus de 4 000 à 6 000 kilomètres selon son point de départ.

Les individus qui nichent en France traversent la Méditerranée, le Sahara, puis rejoignent les savanes et forêts claires où abondent… les fourmis, évidemment.
Un périple impressionnant pour un oiseau de seulement 35 grammes !
Il voyage seul ou en petits groupes, la nuit, profitant des vents favorables et des haltes riches en insectes. Au printemps, il fait le chemin inverse, discrètement, pour revenir dans les vergers et les bocages européens vers mars-avril.

Comment se reproduit le Torcol fourmilier ?

Le Torcol revient en France vers le mois de mars, avril pour se reproduire. Une fois de retour, il cherche à former des couples. Les mâles et les femelles chantent et communiquent pour se trouver mutuellement.

Le Torcol fourmilier est un oiseau cavernicole. Mais son bec est bien trop fin pour pouvoir creuser un nid dans un arbre. Contrairement aux Pics (Pic vert et Pic épeiche) qui eux ont un bec suffisamment puissants pour percer l'écorce des arbres.

Le Torcol se contentera donc de choisir un nid déjà creusé, et abandonné, ou le creux d'un arbre naturel, pour s'installer. Il ne construit pas de nid en dehors des cavités.

Le Torcol fourmilier à seule portée par an.

La naissance des petits

Une fois que le couple a trouvé un emplacement approprié pour le nid, la femelle pond habituellement entre 6 et 8 œufs. La couleur des œufs peut varier, mais ils sont plutôt dans les tons blancs ou légèrement teintés de bleu.

La femelle Torcol fourmilier est principalement responsable de l'incubation des œufs. Elle couve les œufs pendant environ 12 à 16 jours, pendant lesquels elle les maintient au chaud pour permettre le développement des embryons.

Une fois que les œufs ont éclos, les deux parents participent à l'alimentation des jeunes oisillons. Les Torcols fourmiliers nourrissent leurs petits avec des fourmis qu'ils capturent.

Les jeunes restent au nid pendant environ 3 semaines avant de devenir suffisamment matures pour quitter le nid.

Après avoir quitté le nid, les jeunes Torcols fourmiliers continuent à être nourris par leurs parents pendant une période supplémentaire de quelques semaines, avant de devenir complètement indépendants.

La protection du Torcol fourmilier

Le Torcol fourmilier n'est pas considérée comme étant en danger de disparition selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Mais comme pour beaucoup d'oiseaux, sa population a tendance à baisser depuis plusieurs années. Certaines menaces pèsent sur lui, comme :

• Perte d'habitat : La dégradation et la perte des habitats forestiers, des haies et des zones de broussailles peuvent réduire les ressources disponibles, ainsi que les sites de nidification
• Agriculture intensive : L'agriculture intensive, notamment l'utilisation excessive de pesticides et la destruction des haies et des lisières forestières, peut nuire à la disponibilité des fourmis, qui sont une source alimentaire essentielle.
• Changement climatique : Les changements climatiques peuvent aussi affecter les habitats du Torcol et perturber sa migration et sa reproduction.

Vous l'aurez compris, les haies, les insectes, et le changement climatique agissent sur la vie et la reproduction des oiseaux. Il est donc très important de préserver au maximum la biodiversité, que ce soit des arbres, des espaces naturels et même de nos jardins, pour que les oiseaux puissent continuer à y trouver de quoi se nourrir et nicher !

Combien de Torcols fourmiliers reste-t-il en France ?

Les effectifs français du Torcol fourmilier sont en déclin depuis plusieurs décennies.
On estime aujourd’hui qu’il reste environ 10 000 à 30 000 couples nicheurs sur tout le territoire, un chiffre modeste comparé à ce qu’il était autrefois.

Cette baisse est due à plusieurs facteurs : la disparition des vieux vergers et arbres creux, l’usage massif de pesticides qui réduit les populations de fourmis, et l’uniformisation des paysages agricoles.
Certaines régions, comme la Provence, le Jura ou le Massif central, abritent encore des populations stables, mais ailleurs, il devient rare ou localisé.

Le Torcol fourmilier reste classé en “préoccupation mineure” sur la liste rouge de l’UICN, mais cette mention cache une réalité fragile : son déclin est bien réel, et sa survie dépend de la préservation des milieux bocagers et arborés.

Un oiseau aussi mystérieux qu’utile

Discret, étrange et plein de charme, le Torcol fourmilier est un oiseau à part : un pic sans tambour, un migrateur invisible, un serpent à plumes amateur de fourmis.
Il rappelle à quel point la nature sait inventer des créatures étonnantes, que l’on ne découvre qu’en ralentissant un peu.

Si vous entendez un cri grinçant dans un vieux verger en mai, ne cherchez pas trop vite à voir : le Torcol vous observe déjà, camouflé sur l’écorce, la tête légèrement tordue, en attendant que vous passiez votre chemin.

Sources : INPN Espèces / Oiseaux.net / Le mag des animaux

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