Le Pigeon biset, portrait d’un citadin fidèle et mal-aimé

Le Pigeon biset, ce "piéton" ailé qu’on croise à chaque coin de rue, toujours prêt à grappiller une miette tombée ou à esquiver maladroitement un cycliste. Souvent moqué, parfois ignoré, ce petit oiseau urbain cache pourtant une histoire fascinante.

Ancêtre des pigeons voyageurs, il a été messager, compagnon de guerre et même délice gastronomique (eh oui, pas de panique, c’était à une autre époque).

Et si on regardait le Pigeon biset sous un autre angle ? Vous verrez, il mérite mieux que sa réputation de squatteur de balcons !

SOMMAIRE

Qui est le Pigeon biset ?

Le Pigeon biset (Columba livia) est à l'origine un habitant des falaises et des zones rocheuses. Mais, fidèle à son esprit d'adaptation, il a troqué ses falaises contre nos immeubles et ses grottes contre nos ponts. Résultat ? Il s’est fait une place au cœur de nos villes, devenant un habitué des places publiques et des bancs où les miettes abondent.

Le Pigeon biset, un oiseau casanier qui ne migre pas

Il fait partie de la famille des Colombidés (Colombidae). Une famille assez importante qui regroupe les pigeons, les colombes et les tourterelles, comme la Tourterelle Turque ou le Pigeon ramier.

Aujourd'hui, ce petit opportuniste est à la fois admiré pour son intelligence et critiqué pour... disons, ses talents de décoration involontaire sur les statues et les voitures. Mais qui peut vraiment lui en vouloir, avec un tel CV d’adaptation ?

Comment le reconnaître ? Carte d’identité

Taille : 30 à 35 cm, ce qui le place pile entre la mésange et le canard (oui, c’est un oiseau de taille moyenne).
Poids : entre 250 et 400 g, parfait pour s’envoler tout en gardant un certain aplomb.
Plumage : gris bleuté avec deux bandes noires bien nettes sur les ailes. Chez les plus "mode", une jolie irisation vert-violet se trouve au niveau du cou.
Bec : petit et noir avec une cire blanche à la base (oui, cette petite bosse a un nom).
Pattes : rouges et plutôt fines, mais solides pour se poser partout, même sur un fil électrique.
Espérance de vie : en théorie, un pigeon biset peut vivre jusqu’à 10 à 15 ans dans des conditions idéales. Mais dans la réalité, les choses sont un peu moins roses pour nos amis urbains. En ville, l’espérance de vie moyenne est d’environ 3 à 5 ans, en raison des nombreux dangers qu’ils rencontrent : prédateurs (chat, rat), accidents (collisions avec des vitres ou des voitures, et maladies les pigeons urbains sont parfois affectés par des parasites ou des infections liées aux conditions de vie.
Chant : un roucoulement très reconnaissable, version colombe un peu fatiguée : "rou-rouu".

Particularités :

Il n’a pas peur de l’homme (et encore moins de vos frites).
Il peut retrouver son chemin sur des centaines de kilomètres grâce à son sens de l’orientation digne d’un GPS vivant.
Il peut se reproduire toute l’année en ville, une stratégie parfaite pour s’assurer une descendance abondante.

Le pigeon biset : une "pure race" presque disparue

Si vous pensiez croiser un pigeon biset "pure souche" lors de votre balade en ville, désolé de vous décevoir : ce n’est plus vraiment possible... sauf peut-être si vous faites un petit détour par la Corse. En effet, la forme sauvage du pigeon biset (Columba livia) a disparu sur le continent, remplacée par des populations hybrides.

Les pigeons que nous voyons dans nos villes sont en réalité le fruit d’un sacré mélange : des pigeons domestiques relâchés ou échappés d’élevages, parfois croisés avec des pigeons ramiers (Columba palumbus) ou d’autres variétés. Ce phénomène, qu’on appelle le marronnage, explique pourquoi ces oiseaux affichent une palette de plumages et de tailles bien éloignées de leurs ancêtres sauvages.

En Corse, quelques colonies de pigeons biset sauvages subsistent encore dans des falaises et zones rocheuses, principalement entre Calvi et Cargèse ou autour de Bonifacio. Ces populations isolées nous rappellent ce que le pigeon biset était autrefois : un oiseau parfaitement adapté à son environnement naturel, bien avant qu’il ne colonise nos villes.

L’hybridation des pigeons urbains n’est pas qu’une curiosité génétique : elle illustre leur incroyable capacité d’adaptation. Ce mélange leur permet de s’ajuster aux contraintes de la vie citadine, comme les changements climatiques, le manque de nourriture naturelle ou encore la proximité de l’homme. On peut dire que le pigeon est un véritable champion de l’évolution... même s’il est moins "biset" qu’avant.

Où vit le Pigeon biset ?

Le pigeon biset a troqué ses falaises rocheuses d’antan pour un décor un peu plus... bétonné. Aujourd’hui, on le trouve dans nos villes, nichant dans des recoins insoupçonnés : corniches d’immeubles, dessous de ponts ou encore au sommet des statues qu’il redécore à sa façon. Ses goûts en immobilier sont simples : il préfère les endroits en hauteur, avec une bonne vue sur les sources de nourriture (vos terrasses, par exemple).

En milieu rural, il peut encore se montrer fidèle à ses origines en choisissant des falaises ou des carrières abandonnées. Mais ne vous faites pas d’illusions : s’il y a un McDo ou un marché à proximité, il ne dira jamais non à un petit coin en périphérie pour rester proche de l'action.

Le pigeon biset un habitant des villes — Le pigeon biset un fidèle habitant des villes

Comment vit il ? La vie sociale

Si vous pensiez que les pigeons biset étaient des solitaires, détrompez-vous ! Ce sont de vrais fêtards... enfin, version columbidae. Ils adorent vivre en groupe, et pour cause : la solidarité, c’est leur force. Observer un groupe de pigeons, c’est comme regarder une sitcom animée :

Un leader charismatique : toujours un pigeon qui mène le groupe vers les meilleures miettes.
Les commères : ceux qui roucoulent tout ce qu’ils ont entendu à l’autre bout de la place.
Les curieux : toujours prêts à tester un nouvel endroit, quitte à effrayer un passant distrait.

Leur organisation est bien huilée : ils mangent ensemble, se déplacent en bande et surveillent les environs pour détecter les dangers (ou une baguette tombée au sol).

Que mange le Pigeon biset ?

Le pigeon biset n’est pas compliqué côté nourriture : c’est un opportuniste né, un vrai foodie de la ville. Son régime alimentaire est principalement composé de graines, céréales et légumineuses, mais en milieu urbain, il s’adapte avec une créativité déconcertante. En gros, si ça tombe par terre, ça se mange !

Au menu dans les villes :

Les miettes de pain abandonnées par les passants bienveillants.
Les restes de frites (parfois encore dans le carton, pas de gaspillage).
Les graines des mangeoires pour oiseaux (celles destinées aux mésanges, mais il ne fait pas la fine bouche).
Parfois même des fruits ou légumes oubliés sur les marchés.

Pigeon biset dans l'herbe — Que mange le Pigeon biset ? Tout dépend où il habite...

Ce régime riche en glucides, bien que pratique pour survivre en milieu urbain, est loin d’être équilibré. Le pain blanc et les frites ne sont pas exactement ce que la nature avait prévu pour lui. Mais bon, qui pourrait résister à une frite tombée au sol ?

En milieu naturel :

Quand il est loin des villes et reste fidèle à ses origines, le pigeon biset préfère se nourrir de graines sauvages, d’herbes et de petits végétaux. Son alimentation est alors beaucoup plus variée et équilibrée, ce qui lui donne une meilleure santé globale.

Leur petit truc en plus :
Les pigeons biset ont une technique imparable pour boire. Contrairement à beaucoup d’oiseaux qui doivent lever la tête pour avaler, ils aspirent l’eau comme une paille. Classe, non ?

Comment se reproduit il ?

Ah, l’amour chez les pigeons biset… Cela commence souvent par une parade nuptiale digne des plus belles comédies romantiques. Monsieur fait le beau, roucoule à tout va, gonfle son plumage et tourne autour de madame comme un danseur étoile (ou un peu trop enthousiaste). Si la demoiselle est séduite, elle accepte sa cour en lui offrant une petite série de hochements de tête – romantique à souhait !

La saison des amours

En ville, pas de saison spécifique : les pigeons biset peuvent se reproduire toute l’année grâce à l’abondance de nourriture. En milieu naturel, les couples préfèrent généralement le printemps et l’été, profitant des journées plus longues et des températures clémentes.

Le pigeon biset est un grand fidèle. Une fois qu’il trouve sa moitié, c’est souvent pour la vie ! Ce couple inséparable partage tout : la construction du nid, l’incubation des œufs, et même l’éducation des petits. Leur relation est une véritable équipe de choc, où chacun joue un rôle complémentaire. Alors oui, sous ses airs de squatteur de balcon, le pigeon biset est en fait un modèle de stabilité conjugale.

La construction du nid

Une fois le couple formé, place aux travaux pratiques. Monsieur se charge de ramener les matériaux : brindilles, feuilles, voire parfois des objets inattendus comme des bouts de plastique ou des ficelles. Madame, quant à elle, se transforme en architecte et dispose tout ça avec soin pour construire un nid simple mais fonctionnel. Le nid du Pigeon biset n'est pas très sophistiqué. Le plus souvent c'est une plate forme, simple, formé de végétaux.

En ville, ce nid trouve souvent refuge dans des recoins improbables : corniches, gouttières ou même derrière une antenne satellite.

Une fois qu’il s’installe dans un lieu qu’il juge confortable (corniche d’immeuble, dessous de pont ou statue), il y reste généralement toute sa vie. Ce comportement est hérité de ses ancêtres sauvages, qui vivaient dans les falaises rocheuses et ne s’éloignaient guère de leur zone de nidification.

Même si les pigeons biset peuvent voler sur de longues distances, ils préfèrent revenir chaque jour à leur "chez eux". C’est d’ailleurs ce qui a permis d’utiliser leurs cousins pigeons voyageurs comme messagers : un sens inné de l’orientation et une incroyable capacité à retrouver leur nid.

La naissance des petits

Madame pond deux œufs blancs, généralement à quelques jours d’intervalle. Ensuite, place au babysitting collectif : papa et maman se relaient pour couver les œufs, avec une alternance digne d’un planning de garde parfait. Environ 18 jours plus tard, les œufs éclosent, laissant place à deux adorables poussins (enfin, adorables… si on aime les bébés un peu chauves et maladroits).

Les parents nourrissent leurs petits avec un lait de pigeon, une substance nutritive produite dans leur jabot, un peu comme un smoothie protéiné fait maison. Ce régime exclusif dure environ une semaine avant que les jeunes ne commencent à goûter à des aliments solides. Les deux pigeons sont capables de fabriquer ce lait, mâle et femelle. Très pratique pour nourrir les petits sans interruption.

L’envol

Après trois à quatre semaines, les poussins sont prêts à faire leurs premiers essais de vol. C’est souvent un spectacle comique : battements d’ailes frénétiques, atterrissages imprévus, mais une détermination sans faille. Une fois qu’ils maîtrisent l’art de voler, ils quittent le nid pour vivre leur propre vie.

Et devinez quoi ? Dès leur sixième mois, ces jeunes pigeons peuvent eux aussi fonder leur propre famille.

Combien de portées par an ?

Le pigeon biset est un champion de la reproduction. Grâce à son adaptabilité, surtout en ville où la nourriture abonde, il peut avoir jusqu'à 6 à 8 portées par an. Eh oui, monsieur et madame ne chôment pas ! Avec seulement 18 jours d’incubation par couvée et une nouvelle ponte possible quelques jours après l’envol des jeunes, leur rythme est impressionnant.

En milieu naturel, ce chiffre est généralement plus bas, autour de 2 à 3 portées par an, car les ressources alimentaires et les conditions climatiques limitent leur cycle reproductif.

Les prédateurs du Pigeon biset

Même s’il est un habitué des villes, le pigeon biset n’est pas à l’abri des dangers. Ses prédateurs sont nombreux et variés, selon qu’il se trouve en milieu urbain ou rural. Voici un panorama de ceux qui voient en lui une proie plutôt qu’un colocataire :

En milieu urbain : les chasseurs modernes

Le faucon pèlerin : véritable maître du ciel, il est sans doute le prédateur le plus redouté des pigeons en ville. Avec ses plongeons pouvant atteindre 300 km/h, le faucon n’a pas besoin de beaucoup d’efforts pour attraper un pigeon distrait.
Les chats domestiques : eh oui, nos chers matous jouent aussi les chasseurs en attrapant les pigeons au sol, surtout les plus jeunes ou ceux qui ne volent pas encore bien.
Les rats : ces opportunistes attaquent principalement les œufs ou les poussins dans les nids situés à basse hauteur.
Les humains : indirectement, nous sommes aussi des prédateurs pour les pigeons, à travers des campagnes de régulation ou des pièges mis en place pour limiter leur population.

En milieu naturel : un retour aux sources

Les rapaces diurnes : outre le faucon pèlerin, des espèces comme la buse variable ou l’autour des palombes s’attaquent aux pigeons biset sauvages ou hybrides.
Les rapaces nocturnes : hiboux et chouettes, notamment le grand-duc d’Europe, n’hésitent pas à se régaler de pigeons imprudents perchés pour la nuit.
Les renards et fouines : en milieu rural, ces mammifères opportunistes peuvent également capturer des pigeons adultes, surtout au sol ou dans des endroits mal protégés.

Un pigeon méfiant mais pas parano

Le pigeon biset, bien qu’intelligent, n’est pas toujours très doué pour échapper à ses prédateurs. En ville, il peut facilement se laisser surprendre, surtout lorsqu’il est concentré sur son goûter improvisé. En milieu naturel, il reste vigilant, mais la pression des prédateurs fait partie de l’équilibre écologique.

Les symboles et petites histoires du Pigeon

Dans certains pays, le Pigeon est vu comme un oiseau sacré, car considéré comme une réincarnation des Dieux (Inde, Népal...)
Le Pigeon a connu son heure de gloire pendant la guerre de 1914/1918. Durant cette guerre le Pigeon a en effet joué le rôle de messager, en transmettant des messages entre les différentes garnisons. Son instinct le ramenant toujours vers son pigeonnier, il s'est alors montré d'une grande efficacité (Pigeon vaillant)

Le Pigeon est le symbole de la fidélité, à son foyer et à sa famille. Il est aussi un symbole de fécondité.

Différences entre Pigeon ramier, Pigeon Biset et Tourterelle

Les principales différences entre un Pigeon (ramier ou biset) et une Tourterelle Turque sont surtout la taille et les couleurs. Les Pigeons sont plus gros que les Tourterelles, et leurs couleurs sont différentes.

Les Pigeons sont de couleur grise, avec des variations de tons. Le Pigeon ramier à le ventre rosé, les plumes brun gris, et porte une tache blanche de chaque côté du cou. Le Pigeon biset a le cou très coloré avec du vert et du violet rose avec des couleurs irisées. Ses plumes sont gris clair avec des bandes noires.