Le Lynx boréal, un fascinant félin
Le Lynx boréal est un félin fascinant. Aussi superbe que discret, il fait rêver tous les photographes animaliers. Sa présence en France est une chance, mais elle ne tient qu'à un fil.
Traqué, braconné, écrasé, la vie de ce magnifique félin, le plus grand d'Europe, est loin d'être un long fleuve tranquille. Un félin discret, un regard perçant et une démarche de ninja…
Voyons de plus près qui est ce mystérieux chasseur.
Qui est le Lynx boréal ?
Le Lynx boréal (Lynx Lynx) est un superbe mammifère, carnivore, qui fait partie de la grande famille des Félins (Felidae), dont fait partie, entre autre, le chat forestier que l'on peut aussi encore croiser dans certaines régions françaises.
Le lynx a été éradiqué de France au début du XXe siècle. Sa réintroduction date des années 1970 dans le Jura et les Vosges. On estime sa population actuelle (2023) à environ 150 individus. Il est aujourd'hui très présent surtout dans le massif du Jura, dans les Alpes, mais il aurait pratiquement déjà disparu des Vosges.
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La carte d’identité du Lynx
- Taille : 80 à 130 cm de long (sans la queue)
- Queue : 15 à 25 cm, terminée par un élégant pompon noir
- Hauteur au garrot (à l'épaule) : 60 à 75 cm
- Pelage : brun tacheté de noir, plus clair en hiver, avec une collerette de poils sous le menton. La fourrure varie en couleur, mais elle est généralement brun gris avec des nuances de roux. Le ventre est plus clair, souvent blanc ou crème.
- Tête : sa tête est arrondie et légèrement aplatie, avec un museau court. Les poils sur le museau peuvent former une sorte de collerette.
- Pattes : grandes et larges, parfaites pour marcher sur la neige sans s’enfoncer (comme des raquettes intégrées). Elles sont équipées de griffes rétractables, qui lui permettent de bien chasser, mais aussi de grimper aux arbres.
- Poids : 18 à 30 kg pour les mâles, 16 à 21 kg pour les femelles
- Espérance de vie : 10 à 15 ans à l’état sauvage, jusqu'à 25 ans en captivité. Malheureusement en France, le taux de mortalité du Lynx boréal est très élevé (accident, braconnage, chasseur...)
- Signe particulier : Oreilles surmontées de pinceaux noirs (son antenne Wi-Fi naturelle). Ces touffes de poils aident à amplifier sa capacité auditive en captant les sons. Ces oreilles sont mobiles et peuvent pivoter pour capter les bruits environnants, ce qui en fait un chasseur très efficace.
- Statut de conservation : espèce protégée en France, mais toujours menacée par le braconnage et la fragmentation de son habitat

Où et comment vit le Lynx ?
En France, le lynx boréal a une préférence marquée pour les forêts de montagne. On le trouve principalement dans les Vosges, le Jura et les Alpes, mais il pourrait aussi recoloniser d'autres zones si son habitat le permettait.
Pourquoi ces régions ? Parce qu’elles offrent exactement ce dont il a besoin : des forêts denses pour se camoufler, des reliefs escarpés pour observer son territoire et surtout un garde-manger bien rempli. Chamois, chevreuils et autres proies y sont abondants, de quoi satisfaire l’appétit de ce chasseur solitaire.
Un territoire immense et… sans adresse fixe
Le lynx boréal est un territorialiste, mais sans attachement à un nid douillet. Contrairement à un renard qui a son terrier ou à un loup qui vit en meute, le lynx ne dort jamais deux fois au même endroit.
Il se déplace en permanence à travers son domaine, qui peut s’étendre sur plusieurs dizaines à plusieurs centaines de kilomètres carrés, en fonction de la disponibilité des proies (de 100 à 400 km² selon l'abondance des proies)
Il se repose où il veut : sous un rocher, au pied d’un arbre, ou caché dans les hautes herbes. Son seul vrai critère ? Un bon poste d’observation et un minimum de tranquillité.
Le lynx et les humains : une rencontre (très) improbable
Si vous espérez voir un lynx en pleine nature, bonne chance ! Ce félin est un maître de la discrétion, et il fait tout pour éviter les humains. Contrairement à un renard curieux ou à un loup opportuniste, il ne s’approche jamais des villages et ne fouille pas dans les poubelles.
D’ailleurs, en cas de rencontre (ce qui est rarissime), il prendra la fuite immédiatement. Le lynx boréal ne représente aucun danger pour l’homme et un risque très limité pour les éleveurs, car les attaques sur les troupeaux sont extrêmement rares. Sa priorité, c’est la discrétion et la chasse aux proies sauvages.
En résumé : un prédateur redoutable… mais invisible !
Que mange le Lynx ?
Le lynx boréal est un carnivore strict, un redoutable prédateur qui se nourrit principalement de petits et moyens mammifères. Au menu ? Lièvres, lapins, chevreuils (surtout les jeunes), renards, oiseaux, et parfois même des rongeurs. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas un opportuniste comme le renard : il chasse des proies sauvages et ne s’attaque que très rarement aux animaux d’élevage.

Le Lynx, un chasseur solitaire et méthodique
En tant que plus grand félin d’Europe, le lynx boréal est un as de la traque. Contrairement aux loups qui chassent en meute, lui préfère la technique de l'affût : il se cache, observe sa proie en silence, puis bondit avec une précision redoutable au moment opportun.
Grâce à son camouflage naturel et sa patience infinie, il peut attendre de longues minutes avant de passer à l’action. Sa stratégie ? S’approcher furtivement, puis lancer une attaque éclair sur quelques mètres.
Rapide, agile… mais pas un sprinter
Si nécessaire, le lynx boréal peut atteindre une vitesse de 65 km/h, mais seulement sur de courtes distances. Ce n’est pas un coureur d’endurance comme le loup : il compte avant tout sur sa discrétion, son agilité et sa puissance pour capturer ses proies.
Son meilleur atout ? Ses bonds impressionnants, qui lui permettent de surprendre ses victimes avec une efficacité redoutable.
Une fois sa proie capturée, il la traîne dans un coin tranquille pour la déguster en toute discrétion. Et s’il ne finit pas son repas ? Pas de gaspillage ! Il le cache soigneusement sous des feuilles ou de la neige pour y revenir plus tard.
Comment se reproduit le Lynx ?
Chez le lynx boréal, pas de romance ni de grandes déclarations : la reproduction, c’est une affaire d’instinct et d’opportunité.
La saison des amours : un rendez-vous express
La saison des amours a lieu entre novembre et janvier. Pendant cette période, les femelles entrent en chaleur et les mâles partent à leur recherche.
Pas de couple fusionnel ici : une fois l’accouplement terminé, chacun repart de son côté. Monsieur ne s’occupera ni du nid, ni des petits – cette responsabilité reviendra entièrement à la mère.
Les lynx atteignent la maturité sexuelle vers 20 à 24 mois, mais ils doivent aussi avoir un territoire bien établi pour espérer se reproduire. Les jeunes mâles, s’ils ne trouvent pas un bon territoire, peuvent rester célibataires encore quelques années.

Une naissance en pleine nature
Après environ 70 jours de gestation, la femelle met bas une seule portée par an, généralement entre avril et juin. Avant l’accouchement, elle cherche un abri naturel bien caché : une crevasse rocheuse, un tronc creux, des buissons denses ou même un ancien terrier abandonné par un renard ou un blaireau. Son but ? Éviter les intrus et protéger ses petits.
Une fois le "nid" trouvé, elle l’aménage soigneusement pour qu’il soit douillet et sécurisé. Et pour plus de discrétion, elle déménage régulièrement ses chatons pour éviter qu’un prédateur ne repère l’endroit.
Les chatons lynx : des petits aveugles… mais déjà ronronnants !
À la naissance, les chatons lynx sont totalement vulnérables :
- Aveugles et sourds les premiers jours,
- Ils pèsent entre 200 et 300 grammes,
- Leur pelage est doux, avec de légères taches brunes qui deviendront plus distinctes en grandissant,
- Et oui… ils ronronnent déjà !
La maman lynx est aux petits soins : elle les allaite pendant 2 à 3 mois et veille à ce que la tanière reste propre et sûre.
L’apprentissage de la chasse : une école de survie
Vers l’âge de 10 mois (voire plus), les jeunes lynx commencent à devenir indépendants. Mais avant de partir vivre leur propre aventure, ils doivent maîtriser l’art de la chasse.
Pour cela, la mère les entraîne progressivement :
- D’abord, elle leur apporte des proies mortes.
- Ensuite, elle leur laisse des proies blessées pour qu’ils apprennent à achever leur repas.
- Enfin, elle les emmène chasser avec elle et leur montre comment traquer, bondir et capturer.
Quand ils sont capables de se débrouiller seuls, la séparation se fait naturellement. Certains restent encore quelques mois près de leur mère, mais à un moment donné, ils devront trouver leur propre territoire et commencer une nouvelle vie en solitaire.
Un apprentissage crucial, car dans la nature, seuls les lynx capables de bien chasser survivent.
Les prédateurs du Lynx boréal
Le plus grand prédateur du Lynx est l'humain. Braconné, abattu, écrasé, le Lynx souffre (lui aussi), beaucoup, des agissements humains.
Ses prédateurs naturels sont quasiment inexistants. Malheureusement, les braconniers et automobilistes ne l'épargnent pas !
Le Lynx est il nuisible ?
Le lynx boréal n’est ni nuisible, ni dangereux pour l’homme. Pourtant, il est souvent accusé de bien des maux… principalement parce qu’il est en concurrence avec les chasseurs.
En effet, ce grand prédateur sauvage ne fait qu’exercer son rôle dans l’écosystème : en régulant naturellement les populations de lièvres, de chevreuils et de chamois, il contribue à l’équilibre de la biodiversité. Mais cette même ressource est aussi convoitée par les chasseurs, ce qui ne manque pas de créer des tensions.
Un félin en sursis
Malgré les accusations, le lynx boréal peine à survivre en France. Son territoire est morcelé, son habitat se réduit, et il est encore victime de braconnage. Sa présence est parfois perçue comme une menace pour le gibier, bien que ses prélèvements restent bien moindres que ceux des chasseurs.

Le lynx et les éleveurs : un conflit limité
Certains éleveurs craignent pour leurs troupeaux, mais les attaques de lynx sur les animaux d’élevage restent rares. Contrairement au loup, ce félin solitaire ne s’attaque pas aux grands troupeaux et préfère les proies sauvages. Lorsqu’une attaque survient, elle concerne généralement des jeunes ou des animaux isolés, et des mesures de protection efficaces existent :
- Chiens de protection,
- Clôtures électrifiées,
- Surveillance renforcée.
En réalité, le lynx n’est pas un problème, mais une richesse pour nos écosystèmes. En tant que prédateur naturel, il joue un rôle clé dans la régulation des populations de gibier et évite leur surpopulation, ce qui limite les maladies et préserve la forêt.
Alors, nuisible ? Non. Indispensable ? Oui !
Les Lynx posent aussi parfois des problèmes aux éleveurs, qui doivent se prémunir d'éventuelles attaques, en mettant en place des systèmes de protection (chien, clôtures électrifiées, gardiennage). Ces attaques restent cependant très rares.
La protection du Lynx boréal
Le Lynx boréal est indiqué comme étant “En danger” sur la liste rouge des mammifères de France (UICN)
Plusieurs associations (Aspas, WWF ) se battent pour que cet animal cesse d'être traqué et braconné. Alors même qu'il fait partie des espèces qui sont "sensées", être protégées. En France, des cas réguliers de braconnage sont signalés à la justice. Des cadavres de Lynx sont retrouvés abandonnés dans la forêt, avec des traces de balles bien visibles. Car le Lynx dérange et certaines
Le braconnage, les tirs "accidentels" durant les battues, les collisions avec les véhicules sont les principales causes de mortalité chez les Lynx.
Leur habitat, qui peut s'étendre sur des dizaines d'hectares, est de plus en plus morcelés par des routes, et des constructions. Il lui est donc pratiquement impossible de ne pas traverser une route à un moment ou à un autre. Et les collisions sont donc assez régulières. Elles représentent à elles seules 60% des causes de mortalité chez les Lynx.
Les jeunes Lynx en particulier sont impactés par les collisions routières. Les adultes eux, subissent des actes de braconnage réguliers.
Les programmes de protection
Des programmes de "protection" et de réintroduction ont été mis en place dans certaines régions de France pour rétablir les populations de Lynx. Des chercheurs et organismes de conservation surveillent régulièrement les populations de Lynx en France pour collecter des données sur leur nombre, leur répartition et leur santé.
Mais malheureusement ces efforts sont souvent mis à mal par certaines actions illégales comme le braconnage, et la circulation routière.
Il existe aujourd'hui un Plan National d'Actions en faveur du Lynx boréal (PNA). Ce plan a débuté en 2022 et est prévu jusqu'en 2026.
Et il reste beaucoup à faire pour que ce superbe félin puisse vivre en toute liberté, et sans crainte en France !
Ref : Mnhn/ Aspas/ WWF / OFB / 21 actions pour la sauvegarde du Lynx
FAQ Vos questions sur le Lynx
Le lynx peut s’attaquer à de petits animaux, mais il chasse surtout des chevreuils, lièvres et oiseaux. Un chat domestique n’est pas sa proie habituelle, ni préféré.
Le lynx est un animal sauvage et solitaire. Il n’est pas possible de l’apprivoiser comme un chat domestique : il garde ses instincts de prédateur. Et ce n'est pas souhaitable pour lui.
La vie idéale pour un Lynx est une vie sauvage en liberté dans la nature. Pas la vie d'un bon gros chat de salon.
Non, il est strictement interdit d’adopter un lynx en France. Et c'est une bonne chose. Le Lynx est une espèce protégée et menacée, dont la détention est illégale pour les particuliers.
La vie du lynx n'est pas de parader dans un salon ni de ronronner sur le coin d'un divan pour faire joli.
Si vous croisez un lynx, restez calme et discret. Observez-le à distance sans chercher à l’approcher. Le lynx partira de lui-même, car il n’aime pas le contact humain.
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