Le lièvre d’Europe : l’athlétique maître des champs
Le lièvre ! Si vous pensez qu'il est juste un lapin avec un abonnement premium à la salle de sport, détrompez-vous ! Ce champion des plaines n’a rien à envier aux athlètes olympiques avec ses pointes de vitesse et ses zigzags dignes d’un danseur étoile.
Installons-nous dans les hautes herbes pour découvrir cet habitant discret mais fascinant de nos campagnes, qui a bien plus à offrir que des grandes oreilles et une queue en pompon.
Qui est le lièvre d’Europe ?
Le lièvre d’Europe (Lepus europaeus) est une star discrète de nos campagnes, souvent confondu avec son cousin, le lapin. Ils font partie de la même famille, celle des Léporidés (Leporidae)
Voici sa carte d’identité pour y voir plus clair :
- Taille : environ 60 à 70 cm de long (plus grand qu’un lapin).
- Poids : entre 3 et 5 kg, ce qui en fait un athlète au gabarit léger et rapide.
- Oreilles : de véritables paraboles, pouvant atteindre 12 cm, avec une astuce esthétique : l’extrémité noire, comme un feutre qu’on aurait trempé dans l’encre.
- Pattes : les postérieures sont bien plus longues et musclées, parfaites pour ses bonds légendaires.
- Pelage : un manteau brun-gris qui change légèrement avec les saisons, parfait pour passer inaperçu dans les champs ou sous la neige.
- Espérance de vie : entre 3 et 4 ans si tout va bien. Mais rarement plus car les prédateurs sont nombreux, et les humains lui laissent peu de chance de survie.

Où vit le lièvre ?
Le lièvre d’Europe est un amoureux des grands espaces. Pas question pour lui de se cacher dans un terrier sombre comme un lapin casanier. Il préfère les champs, les prairies et les plaines ouvertes, où il peut observer tout ce qui bouge et préparer ses sprints légendaires.
Les lisières de forêt et les terres agricoles font aussi partie de ses terrains de jeu favoris, mais à une condition : il doit y trouver à la fois de la nourriture et des cachettes pour se protéger des prédateurs.
Mais attention, le lièvre n’est pas un grand voyageur : il reste fidèle à son territoire, qui peut s’étendre sur plusieurs dizaines d’hectares. Il n'en bougera que si les conditions deviennent trop difficiles (sécheresse, manque de nourriture), alors il n’hésitera pas à élargir son champ d’exploration.
Le nid du lièvre d’Europe : une "forme", pas un terrier
Contrairement au lapin, qui excelle dans l'art du creusage de galeries souterraines, le lièvre d’Europe fait preuve de minimalisme en matière d’habitat.
Son nid, que l’on appelle une "forme", n’est pas un terrier creusé sous terre, mais une simple dépression en surface. Oui, juste un creux dans le sol ! Mais ce creux n’est pas choisi au hasard : il est savamment placé et aménagé pour maximiser la sécurité et le confort.
À quoi ressemble une forme ?
Imaginez une petite cuvette naturelle dans la terre ou dans l’herbe, légèrement élargie et tassée par le corps du lièvre. La forme est suffisamment grande pour qu’il puisse s’y lover, mais pas trop profonde, afin de ne pas attirer l’attention. Ce "nid" est souvent entouré de végétation ou de cailloux, ce qui le rend quasi invisible à l’œil nu et aux prédateurs.
Et l’emplacement ?
Le lièvre sélectionne avec soin un endroit qui combine plusieurs atouts :
- Protection contre les intempéries : il cherche un terrain légèrement en pente pour éviter les accumulations d’eau en cas de pluie.
- Camouflage naturel : herbes hautes, champs de blé ou haies. Son pelage brun-gris se fond parfaitement dans le décor.
- Exposition au vent : il choisit souvent une orientation qui lui permet de sentir les courants d’air et, donc, de repérer les odeurs de danger.
Et le confort ?
Malgré son apparence sommaire, la forme est un lieu stratégique. Le lièvre s’y allonge en "couchant" ses longues oreilles le long de son corps, ce qui le rend encore plus difficile à repérer. Pendant la journée, il reste immobile dans cette cachette, ses yeux ouverts et ses sens en alerte, prêt à bondir si nécessaire.

En résumé, la "forme" du lièvre, bien que rudimentaire, est une véritable prouesse d’adaptation : un abri à la fois discret, pratique et efficace pour ce sprinteur des plaines. Un minimalisme qui lui a permis de survivre dans des environnements variés depuis des millénaires.
Comment vit le lièvre ? La vie sociale d’un solitaire
Disons-le clairement : le lièvre d’Europe est un solitaire. Contrairement aux lapins qui aiment vivre en communauté, le lièvre préfère l’indépendance.
Pas de colocataires, pas de soirées barbecue en bande, et encore moins de potins dans les terriers. Chaque lièvre a son propre territoire, qu’il arpente en long, en large et en travers, tout en évitant soigneusement ses congénères.
Cela ne veut pas dire qu’il est asocial pour autant. Lorsqu’il croise un autre lièvre (hors période de reproduction), les rencontres sont généralement pacifiques, un peu comme deux joggeurs qui se saluent avant de repartir chacun de leur côté.
Mais si un intrus ose envahir son territoire de façon trop insistante, gare aux coups de pattes bien placés : le lièvre est prêt à se défendre.
Quant à ses journées, elles sont rythmées par la prudence et l’observation. Crépusculaire et nocturne, le lièvre passe la majeure partie de la journée immobile dans sa forme, les oreilles à l’affût du moindre bruit suspect.
Ce n’est qu’au coucher du soleil qu’il sort de son “lit” pour se nourrir, courir et explorer.
En somme, le lièvre d’Europe mène une vie discrète mais bien remplie, toujours sur le qui-vive, prêt à fuir à la moindre alerte. Un mode de vie qui lui permet de rester l’un des animaux les plus insaisissables de nos campagnes
Que mange le lièvre ?
Le lièvre d’Europe n’est pas seulement un sprinteur hors pair, c’est aussi un fin gourmet (et un peu un opportuniste, on ne va pas se mentir). Il ne s’installe jamais à une table fixe, mais plutôt là où l’assiette est bien garnie, en adaptant son menu au fil des saisons.
L’été : le buffet à volonté
Ah, l’été, c’est le paradis du lièvre ! Tout est frais, tendre, et gorgé d’eau :
- Les herbes tendres : sa base, comme un bon pain frais pour nous.
- Les trèfles : doux, riches, et bourrés d’énergie.
- Les fleurs sauvages : parce qu’un peu de couleur dans l’assiette, c’est toujours sympa.
- Les jeunes pousses des champs : parfois, il ne résiste pas à une incursion discrète dans les cultures… Les carottes et les salades, c’est du luxe pour lui !
L’hiver : la diète rustique
Quand l’hiver arrive, c’est une autre histoire. Le lièvre passe du "repas gastronomique" au "régime"
- Les écorces : croquantes, certes, mais pas forcément délicieuses. On pourrait appeler ça un snack d’hiver.
- Les bourgeons : l’équivalent de petites bouchées apéritives, mais sans le plaisir.
- Les racines : qu’il déterre avec patience, parce que bon, il faut bien manger.
- Les restes agricoles : betteraves oubliées, grains tombés… il fait avec ce qu’il trouve, comme nous devant un frigo vide.

Hydratation : pas besoin d’une gourde
Le lièvre n’est pas du genre à courir après les flaques d’eau. Il se débrouille avec ce qu’il mange :
- En été, les plantes fraîches lui apportent tout ce qu’il faut.
- En hiver, il n’hésite pas à lécher la rosée ou même la neige pour se désaltérer. Mais soyons honnêtes, ce n’est pas une pinte de bière bien fraîche.
Comment se reproduit il ? Histoire de course poursuite
Chez le lièvre, la période de "bouquinage" désigne la saison des amours. Elle commence dès janvier et peut durer jusqu’à septembre, selon les régions et les conditions climatiques. Contrairement à d’autres animaux qui concentrent leurs efforts au printemps, le lièvre préfère étaler ses galipettes sur plusieurs mois.
Durant le bouquinage, les bouquins (les mâles lièvres) se mettent en mode compétition. Et ce n’est pas de tout repos ! Pour espérer séduire une hase (la femelle), ils doivent d’abord affronter leurs rivaux dans des combats impressionnants : coups de pattes bien placés, sauts spectaculaires, et même des poursuites effrénées à travers champs.
Une fois les autres prétendants écartés, le bouquin victorieux doit encore convaincre la hase. Et là, tout se complique.
Madame "la hase" a une stratégie bien rodée pour tester son prétendant : une course-poursuite exigeante, sur plusieurs kilomètres. Si le bouquin parvient à tenir le rythme sans faiblir, il gagne sa chance de s’accoupler. Sinon, elle lui tourne les talons sans le moindre remords. Pas de place pour les faibles dans cette sélection naturelle stricte !
Un nid sommaire pour les naissances
Quelques semaines après le "bouquinage", la hase "levrette" (c’est-à-dire qu’elle met bas). Mais elle ne met pas bas dans un terrier.
Elle choisit plutôt un endroit discret, souvent une petite dépression dans le sol ou au pied d’une haie, pour y aménager une forme spéciale. Ce "nid" est plus abrité que celui qu’elle utilise habituellement pour se reposer, mais il reste en surface.
Après environ 42 jours de gestation, elle donne naissance à 1 à 5 petits lièvres, appelés levrauts. Ce qui est impressionnant chez le lièvre, c’est que la femelle peut être fécondée à nouveau avant même d’avoir accouché, un phénomène appelé superfoetation. Elle peut donc porter deux portées à différents stades de développement en même temps !

Les levrauts : indépendants dès la naissance
Les levrauts naissent entièrement formés, ce qui est assez rare chez les mammifères. Contrairement aux lapereaux, qui viennent au monde nus et aveugles, les petits lièvres ouvrent les yeux dès leur naissance et sont déjà recouverts d’un épais pelage.
Dès leurs premières heures, ils sont capables de se déplacer et de se cacher en cas de danger. Mais ils ne s’éloignent jamais trop de leur forme, où leur mère les nourrit une fois par jour, généralement au crépuscule. Le lait maternel est extrêmement riche, ce qui permet aux levrauts de grandir rapidement.
Le départ des petits : l’indépendance rapide
Après seulement 2 à 3 semaines, les levrauts sont sevrés et commencent à se débrouiller seuls. La mère ne reste pas avec eux en permanence : elle les laisse dans des formes séparées pour réduire les risques qu’un prédateur ne capture toute la portée d’un coup. Chaque petit apprend très tôt à se cacher, rester immobile et bondir à la moindre alerte.
Dès l’âge de un mois, les jeunes lièvres sont totalement indépendants. Ils s’aventurent progressivement plus loin et commencent leur vie d’adulte en solo. Ce cycle de reproduction rapide et cette autonomie précoce permettent au lièvre d’Europe de compenser les pertes importantes dues à la prédation.
Les supers pouvoirs du lièvre d’Europe
Ce lièvre, que l'on croit si bien connaître, à des qualités assez étonnantes, et que l'on ignore.
Un sprinteur… mais pas qu’un coureur !
On sait que le lièvre peut atteindre des vitesses impressionnantes (jusqu’à 70 km/h sur de courtes distances), mais son talent ne se limite pas à la course :
- Sauts prodigieux : il peut bondir jusqu’à 2 mètres de haut et faire des sauts de 6 mètres en longueur pour échapper à ses poursuivants.
- Zigzags imprévisibles : sa technique de fuite repose sur des changements de direction soudains, qui déstabilisent les prédateurs en chasse.
- Bien qu’il soit connu pour ses sprints, le lièvre est également un excellent coureur de fond. Contrairement à ses prédateurs, qui se fatiguent rapidement, il peut maintenir une course rapide sur plusieurs kilomètres si nécessaire.
- Le lièvre connaît parfaitement son territoire. En cas de poursuite, il peut utiliser des éléments de son environnement (talus, fossés, haies) pour semer ses prédateurs. Il sait aussi revenir sur ses traces pour brouiller l’odorat des renards.

Une stratégie face aux prédateurs : l’immobilité totale
Lorsqu’il sent un danger proche mais qu’il n’est pas encore repéré, le lièvre ne fuit pas immédiatement. Il reste parfaitement immobile, ses oreilles plaquées contre son corps et son pelage le camouflant dans l’herbe ou la terre. Cette technique est souvent efficace, car de nombreux prédateurs se fient au mouvement pour détecter leurs proies.
Le lièvre n’est pas toujours silencieux !
On imagine souvent le lièvre comme un animal muet, mais il peut émettre des sons en cas de stress ou de danger. S’il est attrapé par un prédateur ou effrayé, il pousse un cri aigu, presque semblable à un hurlement, pour tenter de déstabiliser son agresseur.
Comment différencier un lièvre et un lapin de garenne ?


| Critère | Lièvre d’Europe | Lapin de garenne |
|---|---|---|
| Taille | Plus grand (60-70 cm) | Plus petit (30-40 cm) |
| Poids | 3 à 5 kg | 1 à 2,5 kg |
| Oreilles | Longues avec extrémités noires | Plus courtes, sans marques distinctives |
| Pattes postérieures | Très longues et musclées, adaptées au sprint | Plus courtes, adaptées au saut |
| Queue | Longue, dessus noir, dessous blanc (discret) | Petite, ronde, blanche, bien visible |
| Habitat | À l’air libre, dans une "forme" au sol | Dans des terriers creusés en colonie |
| Mode de vie | Solitaire | Grégaire (vie en groupe) |
| Fuite | Zigzags rapides pour semer les prédateurs | Fonce directement vers son terrier |
| Activité | Crépusculaire et nocturne | Principalement nocturne |
| Pelage | Brun-gris, s’éclaircit parfois en hiver | Uniformément brun-gris toute l’année |
Les dangers qui guettent le lièvre d’Europe
- Les prédateurs naturels : renards, rapaces (buses, hiboux), chiens errants, et mustélidés.
- Les activités humaines :
- Chasse (bien que réglementée, elle peut réduire les populations).
- Collisions routières fréquentes la nuit ou à l’aube.
- Agriculture intensive détruisant son habitat naturel (prairies, haies, champs).
- Les maladies : parasites et virus (comme la tularémie).
- Le changement climatique : sécheresses et hivers doux perturbent son alimentation et son cycle de vie.
Le lièvre d’Europe n’est pas encore en danger critique, mais sa population dépend fortement de l’équilibre entre la pression humaine et la conservation de son habitat. Avec des paysages agricoles de plus en plus homogènes et une biodiversité en déclin, il est crucial d’agir dès maintenant pour préserver cet animal fascinant.
En protégeant les espaces naturels, en limitant les pratiques agricoles intensives, et en surveillant les populations locales, il est possible d’assurer un avenir au lièvre d’Europe, qui reste un symbole de nos campagnes.
FAQ Vos questions sur le Lièvre
Le lièvre est un grand amateur d’herbes fraîches ! Il se nourrit principalement de graminées, de jeunes pousses, de trèfles et parfois d’écorces en hiver.
Contrairement au lapin, le lièvre ne vit pas dans un terrier. Il met bas directement dans les hautes herbes, et ses levrauts naissent déjà poilus et les yeux ouverts.
Le lièvre est un animal discret, rapide et très méfiant. On le connaît aussi pour ses courses spectaculaires et ses bonds impressionnants quand il prend la fuite.
Le lièvre symbolise souvent la fertilité, la vivacité et le renouveau. Dans certaines cultures, il est même associé à la Lune et au cycle des saisons.
Non, le lièvre n’est absolument pas dangereux pour l’homme. C’est un animal farouche qui préfère fuir plutôt que d’affronter. Sa seule arme, ce sont ses pattes arrière pour filer à toute vitesse.
Le lièvre possède une vision panoramique presque à 360°. Ses yeux placés de chaque côté de la tête lui permettent de repérer les prédateurs tout en restant immobile dans l’herbe. Seul petit point faible : il voit mal droit devant lui.
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