La Molène noire : une rebelle sauvage au cœur d’or
La Molène noire ! Si vous aimez les plantes qui en imposent, qui se dressent fièrement au bord des chemins avec leur air de ne rien devoir à personne, alors la Molène noire pourrait bien devenir votre nouvelle copine botanique.
Une tige, des poils, et des fleurs jaunes qui pètent dans tous les sens : elle ne passe pas inaperçue. Et en plus, elle a de véritables talents cachés. On vous embarque ?
Qui est la Molène noire ?
La Molène noire (ou Verbascum nigrum, pour frimer en latin) est une plante bisannuelle ou vivace appartenant à la famille des Scrophulariacées (ou plus récemment, des Plantaginacées selon les classifications modernes, histoire de brouiller les pistes).
Elle fait partie de la grande famille des molènes, ces plantes un peu punk sur les bords, souvent très grandes, poilues comme un vieux pull oublié dans une cave, et toujours très voyantes.
Ses cousines les plus connues ? La Molène bouillon-blanc (Verbascum thapsus) et la Molène lychnite (Verbascum lychnitis), toutes aussi poilues, mais chacune avec son style.

Comment la reconnaître ? Et quand fleurit-elle ?
Facile à repérer, la Molène noire monte jusqu’à 1,50 m, avec une tige bien droite, couverte de poils... mais pas blancs comme ses cousines : ils sont plus sombres, voire roux. D'où son nom de "noire", même si ses fleurs sont… jaunes.
Oui, la logique en botanique, parfois, c'est étonnant !
Ce qui la distingue :
- Feuilles : grandes, ovales à lancéolées, avec des poils étoilés un peu rêches au toucher.
- Tige : bien poilue, rougeâtre, parfois pourpre foncé.
- Fleurs : jaune d’or avec des étamines violettes ! Oui oui. C’est rare et assez spectaculaire.
- Floraison : elle fleurit de juin à septembre, parfois même un peu plus tard si elle est d’humeur généreuse.
Où croiser la Molène noire ?
La Molène noire aime vivre à la dure. Vous la trouverez :
- sur des terrains secs, caillouteux, en friche,
- au bord des routes, des chemins, des talus, des carrières abandonnées…
- jusqu’à 1500 m d’altitude, pour peu qu’il y ait du soleil.
Elle n’a pas besoin de beaucoup d’eau, ni d’un sol riche : c’est une pionnière, une battante. Une vraie plante de terrain. Littéralement.
La Molène noire est elle comestible ?
Alors là… attention. Comme pour beaucoup de plantes médicinales, ce n’est pas parce qu’elle soigne qu’on peut la croquer en salade.
La Molène noire n’est pas considérée comme comestible. Elle n’est pas toxique à petite dose, mais elle ne fait pas partie des plantes qu’on mange pour le plaisir. Elle est plutôt utilisée pour ses propriétés médicinales, notamment en infusion.
Donc on l’évite dans l’assiette, mais on peut lui faire confiance dans une tasse de tisane (avec modération, bien sûr).

Quels sont les bienfaits de la Molène noire ?
La Molène noire, tout comme ses cousines, est une plante médicinale ancienne, utilisée surtout pour les voies respiratoires. Elle contient :
- des mucilages (adoucissants),
- des saponines (fluidifiantes),
- des iridoïdes (anti-inflammatoires),
- et même un peu de verbascoside (un antioxydant naturel).
Elle est donc :
- adoucissante (toux sèche, maux de gorge),
- expectorante (toux grasse),
- anti-inflammatoire légère.
Traditionnellement, on l’utilisait en infusion des fleurs séchées pour soulager bronchites, rhumes, toux d’irritation.
🧪 Des études pharmacologiques en cours
Des recherches ont été menées sur les extraits de Molène noire, qui ont montré :
- une activité anti-inflammatoire (grâce à ses iridoïdes),
- des propriétés antibactériennes sur certaines souches (notamment Staphylococcus aureus),
- une possible action antioxydante.
Elle n’est pas encore très utilisée en pharmacopée moderne, mais la recherche scientifique continue de s’y intéresser, notamment pour des produits naturels anti-infectieux.
🏺 Une plante citée dans les herbiers anciens
Même si la Molène bouillon-blanc est plus célèbre dans les remèdes populaires, la Molène noire apparaît dans plusieurs herbiers médiévaux. On lui prêtait des vertus contre les "flux de poitrine" (comprenez les toux grasses), et elle était parfois associée à des rites de protection, brûlée comme encens dans certaines campagnes.
Elle fait partie de ces plantes à la légende discrète, mais qui étaient bel et bien connues des anciens herboristes.
Quels sont ses usages ? (Et comment l’utiliser)
1. Infusion de fleurs
Cueillez les fleurs (pas les feuilles), laissez-les sécher à l’ombre, puis infusez 1 cuillère à café dans une tasse d’eau chaude pendant 10 minutes. Filtrez bien (les poils peuvent gratter la gorge).
2. Inhalation
Faites bouillir de l’eau avec quelques fleurs séchées, respirez les vapeurs pour dégager les bronches.
3. Macérat huileux
Certaines recettes anciennes proposaient de faire macérer les fleurs dans une huile douce (type olive) pour soulager les otites (quelques gouttes tièdes dans l’oreille). ⚠️ Toujours demander l’avis d’un professionnel avant !
Précautions d’emploi
La Molène noire est généralement bien tolérée, mais :
- Ne jamais utiliser les feuilles crues : les poils peuvent irriter la gorge.
- Filtrer soigneusement les infusions pour éviter les petits poils rêches.
- Éviter chez les jeunes enfants, femmes enceintes ou allaitantes, faute de données suffisantes.
- Comme toujours avec les plantes médicinales, pas d’automédication longue durée sans avis médical.

Quelles différences entre Molène noire et Bouillon-blanc
C’est la question à 1000 euros (ou au moins à 2 plantes mal identifiées) :
| Molène noire (Verbascum nigrum) | Bouillon-blanc (Verbascum thapsus) |
|---|---|
| Fleurs jaunes à étamines violettes | Fleurs jaunes entièrement jaunes |
| Tige poilue rougeâtre | Tige très poilue et blanchâtre |
| Feuilles moins laineuses | Feuilles duveteuses comme du velours |
| Plante plus "légère" visuellement | Plante massive, tige épaisse |
| Floraison : été jusqu’à l’automne | Floraison : juin à août |
En gros : la Molène noire est plus "élancée", un peu plus chic, avec son maquillage violet. Le Bouillon-blanc, c’est la version nounours en peluche.
L’utilité de la Molène noire pour la biodiversité
Et là, gros point bonus pour la Molène noire : c’est une plante refuge pour tout un tas d’insectes :
- ses fleurs attirent abeilles, bourdons et syrphes,
- ses feuilles hébergent des chenilles de papillons comme le sphinx de la molène (Cucullia verbasci),
- elle participe à la reconquête végétale de sols dégradés.
Autrement dit, c’est une pionnière qui prépare le terrain pour les autres… tout en nourrissant les butineurs. Une vraie militante écologique, discrète mais efficace.
🔬 Une vraie plante pionnière (au sens écologique)
La Molène noire fait partie de ces plantes pionnières qui s’installent en premier sur des sols abîmés, pauvres ou perturbés : friches, remblais, talus, anciennes carrières… Grâce à sa racine pivotante, elle peut puiser profondément dans le sol, l’aérer, et faciliter le retour d'autres espèces végétales.
C’est une vraie régénératrice de terrain, souvent utilisée dans des projets de re-végétalisation ou de reconquête écologique.
🐛 Une pension de famille pour les insectes
En plus des pollinisateurs, la Molène noire accueille de nombreuses larves de papillons, notamment :
- Le fameux sphinx de la molène (Cucullia verbasci) : une grosse chenille rayée de jaune et de noir, magnifique et inoffensive.
- Plusieurs petites noctuelles ou géomètres.
Certaines de ces larves se nourrissent exclusivement de molènes : sans elle, pas de descendance ! On parle alors de relation plante-hôte spécifique, précieuse pour la biodiversité.
Envie de poursuivre votre promenade parmi les plantes sauvages ? Les plantes sauvages utiles ou comestibles / La Flore sauvage de Bretagne
- Plantain lancéolé
- Les Lamiers, une famille formidable
- Le Fenouil sauvage, un allié santé
- La Crambe marine, le chou des plages
- Le Lin, la petite fleur bleue qui nous habille
- Laîteron maraîcher
- La Carotte sauvage, la rebelle des prairies
- Le Trèfle blanc, un trésor oublié
- La Lavande de mer, brise marine


