Libellule déprimée (Libellula depressa) : l’élégante des mares

Oui, elle s’appelle la libellule déprimée. Et non, ce n’est pas parce qu’elle écoute du Radiohead les ailes en berne au bord d’une mare. C’est juste sa posture qui lui a valu ce drôle de nom : quand elle se pose, ses ailes tombent un peu, comme si elle traînait les pattes d’avoir encore loupé son TER.

Pourtant, cette libellule n’a rien d’un insecte cafardeux. Bleue, ou jaune, rapide, élégante, elle annonce le retour des beaux jours… et d’un sacré spectacle à observer dans votre jardin.

Mais qui est elle ?

Qui est cette libellule déprimée ?

La libellule déprimée (Libellula depressa) fait partie de la grande famille des Libellulidés, dans l’ordre des Odonates – les fameuses stars ailées de nos plans d’eau.

Elle est présente un peu partout en Europe, mais aussi en Asie du Nord (Russie, Mongolie, Chine) et en Afrique du Nord (Maroc, Algérie).

Et en France ? Elle est très répandue, pour peu que vous ayez un petit point d’eau pas trop agité dans le coin. On l’observe entre avril et septembre, avec un pic d’activité quand le soleil tape bien.

Comment reconnaître la libellule déprimée ?

Voici quelques indices pour ne pas la confondre avec une autre libellule en goguette :

• Taille : son corps mesure entre 3,5 et 4,5 cm, et ses ailes déployées atteignent les 6 à 7 cm d’envergure. Un beau gabarit !
• Couleur du mâle : la libellule déprimée mâle est bleu poudreux sur l’abdomen, avec des taches sombres au bout des ailes. Un look de dandy des zones humides.
• Couleur de la femelle : la libellule déprimée femelle est d'un jaune-brun doré, sans taches sur les ailes, mais avec cette silhouette trapue typique de l’espèce.
• Les jeunes (immatures) : ils ressemblent à la femelle, avec des tons jaunâtres à verdâtres.

Et surtout : quand elle se pose, ses ailes ne sont pas relevées comme chez d’autres libellules. Elles sont basses et écartées, donnant l’impression qu’elle fait une pause dramatique. D’où son nom.

Combien de temps vit la Libellule déprimée ? Une vie courte mais intense

L’adulte vit en moyenne 4 à 6 mois, parfois un peu plus si les conditions sont idéales. Ce n’est pas long, mais ça suffit à remplir une mission : se reproduire et maintenir l’équilibre écologique de son petit coin de paradis.

Et puis, soyons honnêtes : quelle autre créature peut se vanter d’être à la fois ultra stylée, super utile, et avoir un nom qui ressemble à un roman oublié de Musset (ne le cherchez pas il n'existe pas !) Alors qu’en vrai, elle vit sa meilleure vie au bord des mares.

🔍 Nom anglais et historique de la découverte

En anglais, la libellule déprimée se nomme Broad-bodied Chaser – littéralement la « chasseuse au corps large ». Un nom qui, là encore, met en avant sa silhouette trapue… mais sans lui coller une étiquette psy.

Côté science, c’est Carl von Linné (le père de la classification moderne) qui a décrit l’espèce pour la première fois en 1758, sous le nom de Libellula depressa. Autant dire qu’elle a une belle carrière derrière elle !

Où vit la Libellule déprimée ? Et que fait-elle de ses journées ?

La libellule déprimée est sédentaire. Elle ne part pas en vacances, elle préfère rester près de son petit plan d’eau, si possible :

• calme
• peu profond
• ensoleillé
• avec des plantes aquatiques et des bords bien herbus.

Elle aime les mares, les petits étangs, les bassins de jardin, parfois même les flaques temporaires si elles sont bien placées.

Sa routine ? Voler, se poser, chasser des insectes, bronzer un peu sur une tige de roseau, et recommencer.

Que mange cette libellule ? Un régime 100 % carnivore

Comme toutes ses cousines, la libellule déprimée est une prédatrice redoutable… pour les petits insectes.

• Les adultes attrapent en vol moucherons, moustiques, mouches, et autres petits volants. Elles sont très utiles pour réguler les populations d'insectes.
• Les larves (ou nymphes) vivent sous l’eau et se nourrissent de petits invertébrés, de têtards ou même de larves de moustiques.

👉 Bon à savoir : les libellules ne piquent pas, ne mordent pas, et ne sont pas dangereuses pour l’humain. Vous pouvez les observer tranquillement, elles ne vous feront jamais de mal.

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Comment se reproduit Libellula depressa ?

L’amour au bord de l’eau

La reproduction se déroule en été, souvent dès la fin du printemps. Les mâles sont très territoriaux : ils patrouillent leur plan d’eau, chassent les autres mâles et séduisent les femelles avec leur vol nerveux et leurs couleurs pimpantes.

L’accouplement se fait en vol, dans une position caractéristique dite "en cœur" (oui, c’est romantique, même chez les odonates). Le mâle agrippe la femelle derrière la tête avec ses cerques, et hop, le ballet commence.

🥚 Ponte et développement des libellules

La femelle pond ensuite ses œufs dans l’eau, souvent en survolant la surface à toute vitesse. Les œufs tombent au fond et éclosent quelques jours plus tard.

Commence alors la longue vie aquatique de la larve. Pendant plusieurs mois à plusieurs années, selon les conditions, la nymphe grandit et mue à plusieurs reprises (on appelle ça des "instars").

La durée totale du développement des nymphes de libellules déprimées dans l'eau peut être influencée par des facteurs tels que la température de l'eau, la disponibilité de la nourriture et d'autres conditions environnementales.

Une fois que les nymphes ont atteint leur dernier instar et sont suffisamment développées, elles émergent de l'eau et quittent leur exuvie pour se métamorphoser en libellule adultes (imago). A la naissance, les jeunes libellules déprimées sont jaunes, verdâtres. Un vrai moment magique si vous avez la chance de le voir !

La libellule déprimée au jardin

La libellule déprimée n’est pas juste belle à voir. Elle est extrêmement utile :

• Elle mange les moustiques (au stade larvaire ET adulte).
• Elle est un excellent indicateur de biodiversité : sa présence montre que votre plan d’eau est en bonne santé.

🎯 Comment favoriser les libellules dans votre jardin ?

Voici la recette :

1. Créez un petit bassin : même 1 m² peut suffire, à condition qu’il n’ait pas de poissons (car ils mangent les larves).
2. Ajoutez des plantes aquatiques : iris, myriophylles, menthe aquatique… pour l’ombre et la ponte.
3. Laissez des zones sauvages autour : des fleurs, des herbes hautes, des roseaux.
4. Pas de produits chimiques ! Les libellules sont très sensibles à la pollution.

Prédateurs et menaces

Comme tout le monde, la libellule déprimée doit se méfier :

• Des oiseaux insectivores (hirondelles, bergeronnettes…).
• Des poissons, si elle a eu la malchance de pondre dans un bassin peuplé.
• Des humains pressés, qui tondent tout, traitent à tout va ou bétonnent les zones humides. C'est actuellement le plus grand danger qui la guette. Les zones humides sont des zones de vie. Les assécher revient à les rendre désertiques pour toute la biodiversité.

🛡️ Statut de conservation de la libellule déprimée

Bonne nouvelle : la libellule déprimée n’est pas menacée. Elle est classée en préoccupation mineure (LC - Least Concern) sur la liste rouge de l’UICN. Cela signifie qu’elle est encore relativement commune dans ses zones de répartition.

Mais attention : sa présence dépend directement de la qualité et la diversité des milieux humides. Pollution, urbanisation, bassins trop artificialisés… peuvent vite faire chuter ses effectifs localement. Elle reste donc un excellent bio-indicateur de la bonne santé d’un écosystème aquatique.

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