10 questions (et réponses) pour enfin comprendre les araignées

Les Araignées ! Elles surgissent du coin du plafond au moment où vous allez vous coucher, se promènent dans la baignoire au petit matin, et semblent choisir pile le moment où vous ne les attendez pas pour se montrer.
Les araignées provoquent souvent un mélange de peur et de curiosité. Mais avant de crier ou de sortir l’aspirateur, il faut savoir qu’elles sont bien plus utiles que nuisibles.

On les accuse de tout : d’entrer, de piquer, de mordre, d’être grosses, moches et maléfiques. Mais derrière leurs huit pattes, il y a une vie bien plus logique (et utile) que vous ne l’imaginez.

Voici 10 questions que tout le monde se pose sur les araignées, avec des réponses parfois étonnantes.
Car pour mieux cohabiter avec elles, il faut d’abord les comprendre.

1-Les araignées rentrent-elles vraiment dans les maisons ?

Non. Et c’est probablement la plus grosse idée reçue du monde animal.
Les araignées que vous voyez dans votre salon ne sont pas “rentrées” du jardin pour envahir votre salon, histoire de passer l'hiver au chaud : elles y vivaient déjà.

👉 Il existe en réalité deux grands types d’araignées :

Les araignées domestiques

Celles çi vivent exclusivement à l’intérieur : caves, garages, greniers, coins de plafond, salles de bain.
Ce sont des espèces comme les Tégénaires (les grandes brunes rapides), les Pholques (les fines, avec de longues pattes fragiles), ou encore les Steatoda (fausses veuves noires).
Elles ne survivent pas dehors : trop froid, trop humide, pas assez de proies.
Ces espèces se sont adaptées à la vie humaine depuis des siècles. Elles ne connaissent que nos murs et nos plafonds. Et pas du tout les fleurs de notre jardin.

Les araignées du jardin

Et à côté, il y a les araignées de jardin : les Épeires (comme l'Epeire diadème), les Thomises, les Lycoses… Celles-là vivent dehors, dans les haies, les herbes, les troncs d’arbres.
Elles ne viennent jamais s’installer dans nos maisons : la température y est trop stable, trop sèche, et la nourriture y est rare.

Alors pourquoi voit-on davantage d'araignées en automne ?

Parce que les mâles des espèces domestiques, comme les Tégénaires, sortent pour chercher une femelle.
Ils quittent leur cachette habituelle (le dessous du meuble télé, par exemple) et se baladent à découvert.
Résultat : vous croyez qu’elles “rentrent”… alors qu'en fait, elles ont toujours été là, sauf qu'à l'automne, elles se draguent dans le salon.

2- Pourquoi les araignées font des toiles (et partout) ?

Parce que c’est leur super-pouvoir. Parce que leur toile, c’est leur outil multifonction, un mélange d’ingéniosité et de survie.
La soie qu’elles produisent pour fabriquer ces toiles est cinq fois plus résistante que l’acier à poids égal, et pourtant fine comme un cheveu. La soie d’araignée, c’est à la fois de la ficelle, du velcro, du filet de pêche et du câble d’escalade.

Elles s’en servent pour tout :

• attraper leurs proies,
• protéger leurs œufs,
• faire du parapente (le ballooning, oui oui),
• s’échapper,
• ou juste se suspendre pour méditer sur le sens de la vie.

Mais toutes ne tissent pas de grandes toiles rondes.
- Les Épeires (dehors) sont les reines de la géométrie.
- Les Tégénaires (dedans) font plutôt des tunnels.
Et les araignées-crabes, elles, ne tissent rien du tout : elles vivent sur les fleurs, où elles s’embusquent, couleur camouflage, pour attraper leurs proies (abeilles, petits insectes, larves...)

👉 Bref, la toile chez une Araignée, c’est comme la déco intérieure chez nous : chacune son style.

3- Est-ce que les araignées sont dangereuses ?

Non. Les araignées ne piquent pas, mais elles peuvent mordrent — et encore, dans des conditions très particulières.

Elles n’ont pas de dard comme les guêpes ou les moustiques, mais des crochets appelés chélicères, reliés à de minuscules glandes à venin. Ce venin leur sert à paralyser leurs proies (mouches, moustiques, pucerons...), pas à se défendre contre des géants humains de 50 kilos.

👉 En clair : le venin qui leur sert d'arme n’est pas fait pour nous.
Les crochets de la plupart des araignées françaises sont trop courts ou trop faibles pour percer notre peau.
Et même si, par un hasard total, l’une d’elles réussissait à mordre, vous ne sentiriez qu’une légère piqûre ou une démangeaison, à peine plus qu’une ortie.

Les rares cas de morsures avérées surviennent quand l’araignée se retrouve coincée contre la peau — par exemple dans un gant de jardinage, un vêtement qu’on enfile, ou une chaussure oubliée dehors.
Et encore : elle mord pour se libérer, pas pour attaquer.
Elle ne saute pas sur les humains, elle fuit.

4- Combien ont-elles d’yeux (et à quoi ça sert vraiment) ?

En théorie, les araignées ont huit yeux. En vrai… c’est un peu plus compliqué que ça.
Certaines en ont six, d’autres quatre, et il existe même quelques espèces presque aveugles.

👉 Les araignées ne voient pas toutes bien.
La plupart — comme les tégénaire qu’on croise dans la maison — se fient surtout aux vibrations transmises par leurs pattes et leur toile.
Elles sentent tout : vos pas, un courant d’air, un moustique qui passe, la moindre onde dans la pièce.
Pas besoin de voir quand on ressent le monde.

Leur corps est couvert de minuscules poils sensibles à la pression, à la chaleur, au mouvement… C’est un peu comme si elles vivaient dans un costume de détecteurs.
Elles n’ont pas de lunettes, mais elles sont branchées en Wi-Fi sur tout leur environnement.

💡Mais attention : certaines voient très bien.
Les araignées sauteuses (famille des Salticidae) ont une vue exceptionnelle : elles distinguent les formes, les couleurs, et repèrent une proie à plusieurs dizaines de centimètres.
Elles ont deux grands yeux frontaux (très expressifs d’ailleurs) pour la vision de précision, et plusieurs petits pour détecter les mouvements.
Un vrai système de surveillance panoramique.

Et elles ne se contentent pas de regarder : elles pivotent la tête pour faire la mise au point. Oui, une araignée qui vous fixe, c’est réel.
Elle vous regarde, elle vous analyse, et probablement, elle vous juge un peu.

5- Pourquoi certaines araignées sont énormes ?

Parce qu’elles ont eu tout l’été pour manger... et qu’à l’automne, elles sortent de leur planque.
C’est tout. Pas besoin d’aller chercher une mutation radioactive ou un complot tropical.

Les araignées qu’on voit surgir en septembre — celles qui vous coupent l’envie d’aller aux toilettes de nuit — sont souvent des Tégénaires mâles adultes.
Elles sont là depuis des mois, cachées derrière un meuble, dans le grenier ou sous les plinthes.

👉 Et oui, certaines sont impressionnantes.
Les Tégénaires peuvent mesurer jusqu’à 10 cm pattes comprises — impressionnant sur le carrelage.
Mais il faut remettre les choses à leur place :

• Elles ne vous attaquent pas (elles fuient, à toute vitesse),
• Elles ne montent pas dans les lits (elles détestent les vibrations),
• Et elles n’ont absolument aucune envie de vous grimper dessus.

C’est vous le monstre, dans l’histoire. Pour elles, vous êtes un volcan géant qui tremble, souffle et porte des chaussettes.
Elles veulent juste traverser la pièce sans mourir.

6- Combien de temps peut vivre une araignée ?

Plus longtemps que vous ne l’imaginez.
- Non, elles ne meurent pas à la fin de l’automne.
- Non, elles ne vivent pas que quelques semaines.
Et non, ce n’est pas parce qu'une araignée est grosse qu’elle est vieille de deux siècles.

👉 En réalité, la durée de vie d’une araignée dépend de son espèce, de son sexe, et de son mode de vie.

• Les petites espèces de jardin, comme les Epeires (les fameuses avec la croix sur le dos), vivent environ un an.
  Elles naissent au printemps, grandissent tout l’été, pondent en automne et… fin de l’histoire.
  Mais elles laissent derrière elles un joli cocon rempli d’œufs, prêt à éclore au printemps suivant.
• Les araignées domestiques, elles, vivent plus longtemps.
  Certaines femelles Tégénaires peuvent atteindre 5 à 7 ans, bien planquées dans leur tunnel en soie derrière un meuble. Elles passent leur vie à guetter les moustiques et à éviter les coups de balai.
  Pas très excitant, mais manifestement ça conserve.
• Les mâles, en revanche, ont une espérance de vie… disons… romantiquement brève.
  Ils passent plusieurs mois à grandir, puis, quand l’automne arrive, ils partent chercher l’amour de leur vie (souvent la seule).
  Et une fois l’affaire conclue, ils meurent. D’épuisement ou mangés. Ou les deux.
  On appelle ça le sacrifice nuptial. Eux, ils appellent ça “une mauvaise idée”.

7- Est ce que les araignées dorment ?

Pas exactement comme nous… Mais oui : elles ont besoin de repos, et elles en prennent.
(Sans pyjama, ni couette, ni petit podcast pour s’endormir.)

👉 Les araignées n’ont pas de paupières, donc elles ne ferment pas les yeux.
Mais elles connaissent bien comme nous l’alternance activité/repos.
Elles s’immobilisent, les pattes repliées sous le corps, parfois suspendues à un fil, et attendent.
Pas pour faire semblant : elles sont en pause, vraiment. Leur métabolisme ralentit, elles ne bougent plus, ne réagissent presque plus.
C’est leur manière à elles de recharger leurs batteries.

Et ce n’est pas qu’un "repos vague".
Des chercheurs (oui, il y a des gens qui observent des araignées en train de ne rien faire toute la nuit) ont montré que certaines, comme les araignées sauteuses, passent par des phases de repos profond, avec des micro-mouvements réguliers : des petites secousses, des battements de pattes, des tremblements d’abdomen…

👉 Un peu comme le sommeil paradoxal chez les mammifères.
Et là, la question qui tue : est-ce qu’elles rêvent ?

Personne ne peut le prouver, mais l’idée est belle. Peut-être qu’elles rêvent de moustiques géants, de toiles parfaites, ou d’un monde sans aspirateur.

8- Que deviennent-elles en hiver ?

Elles ne disparaissent pas. Elles ne meurent pas. Et non, elles ne migrent pas toutes en direction de votre oreiller.

👉 En hiver, les araignées font comme tout le monde : elles ralentissent.
Certaines hivernent au fond de leur trou, dans une fissure de mur, sous les feuilles mortes ou entre deux briques.
D’autres restent actives, à petite dose, quand la température est clémente.
Et les plus jeunes ?
Elles attendent leur tour, bien au chaud dans leur cocon d’œufs.

Il y a deux catégories :

🕷️ Les araignées “d’extérieur”

Épeires, lycoses, thomises, etc. Celles-là savent très bien gérer le froid.
Elles se planquent dans les coins abrités (tas de bois, écorces, anfractuosités, dessous de pierres), et certaines produisent même une substance antigel naturelle à base de glycérol.
Leur sang ne gèle pas, même par -5 °C.
On appelle ça la résistance classe Arctic, modèle 8 pattes.

🏠 Les araignées “d’intérieur”

Tégénaires, pholques, steatoda... Elles ne voient pas passer l’hiver : elles vivent à température constante toute l’année.
Elles restent là, dans les coins tranquilles, poursuivant leur petite vie dans l’ombre, pendant que vous matez Netflix.

Et vous ne les voyez plus ? C’est normal.
Elles sont en mode économie d’énergie, comme votre téléphone. Elles attendent le retour des moustiques pour reprendre le service.

9- À quoi servent les araignées (vraiment) ?

À éviter que votre jardin ne devienne un buffet à volonté pour les pucerons, les mouches et les moustiques.
Et aussi à vous rappeler que la nature fait très bien les choses sans avoir besoin de produits chimiques vendus en bidons rouges.

👉 Les araignées sont des prédatrices silencieuses.
Elles ne polluent pas, ne consomment pas de plastique, ne prennent pas l’avion, et ne mangent que des insectes.
Des milliers. Par an. Elles sont les pesticides les plus discrets et les plus gratuits de la planète.

Dans le jardin

Elles font la police dans les allées, régulent les populations de moucherons, de coléoptères, de mouches, de ravageurs divers — et même de petits papillons, quand ils sont encore chenilles.
Elles participent activement à l’équilibre du potager, sans jamais rien réclamer en retour.
Ni eau, ni engrais, ni wifi.

Dans la maison

Elles se régalent de moustiques, de petites mouches de salle de bain, et de tout ce qui vole mal et pique.
Elles bossent surtout la nuit, sans bruit, sans lumière, et sans se plaindre. Un genre de service anti-nuisibles en mode furtif.

Et contrairement aux idées reçues, elles ne font pas de dégâts.
Elles ne grignotent pas le bois, ne touchent pas aux réserves, ne s’attaquent pas aux animaux domestiques.
Elles ne laissent que quelques fils, et encore : la poussière fait bien pire.

10- Pourquoi il ne faut pas tuer les araignées ?

Oui parfois c'est tentant ! Quand elles nous surprennent dans les baignoires, éviers, douches, salon, alors qu'on est bien au calme, tranquille, prêt à passer sous la douche, ou à moitié endormi(e) dans le canapé...

Hop on l'écrase et terminé. Le problème est réglé.
Mais c’est une très mauvaise idée.

Les araignées ne sont pas des envahisseuses, ni des parasites, ni des punaises de lit en version velue.
Elles ne piquent pas, ne mordent presque jamais, ne transmettent aucune maladie et ne mangent pas vos céréales.
Et surtout : elles sont les meilleures alliées naturelles que vous puissiez avoir à la maison comme au jardin.

Quand vous tuez une araignée, vous éliminez…

• un insecticide gratuit,
• un prédateur ultra-efficace,
• un régulateur d’équilibre écologique,
• un repas pour les oiseaux,
• et parfois, la colocataire la plus propre du logement.

👉 Et vous pensez que ça “va régler le problème” ? Raté.
Dans 9 cas sur 10, une autre prendra sa place.
Le coin de mur ou l'arrière du meuble ne restera pas vide longtemps. Et avec un peu de chance, la suivante sera plus rapide, plus grande…

Et puis honnêtement : les araignées ne demandent rien. Elles restent dans leur coin, bossent la nuit, fuient dès qu’on bouge un orteil, et ne laissent derrière elles qu’un petit fil de soie.

🧠 Le saviez-vous ? Des études ont montré que tuer les araignées en intérieur augmente la présence d’insectes volants, moustiques compris. En supprimant leur prédateur, vous laissez le buffet ouvert.

❓FAQ Vos questions sur les araignées

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