L'histoire des procès faits aux animaux !? Mais oui, il fut un temps où les animaux étaient considérés presque comme des humains. Avec des sentiments, un ressenti, et même des remords ! Une réelle conscience. Ils étaient tellement considérés comme faisant partie de notre "communauté" que des procès leur ont été intentés !
Et la justice, des hommes, comme celle de Dieu, avec les tribunaux ecclésiastiques, s'est donc penchée sur les (mé)faits qui pouvaient leur être reprochés !
Des procès faits aux animaux ?!
Ces procès contre des animaux ont bien existés. Ils se sont déroulés au Moyen âge et à la Renaissance, un peu partout en Europe.

Il fut donc un temps où les animaux pouvaient être jugés pénalement responsables de leurs actes, tout comme les humains ! Et bien entendu, tout comme les hommes, ils se voyaient aussi punis pour leur mauvaise conduite.
Les premières traces de sanctions, ou de condamnations concernant des animaux, remontent à l'Antiquité. En Grèce, une loi stipulait que : "tout animal ayant blessé ou tué un homme sera tué à son tour" (Dracon au VIIème siècle).
Qu'étaient les procès des animaux ?
Les procès d'animaux étaient souvent organisés par les églises ou les autorités municipales. Ils étaient parfois considérés comme des formes de divertissements populaires. Mais pas seulement. Car l'animal, au Moyen âge est considéré comme étant totalement responsable de ses actes. Car entièrement conscient !
De nos jours, ce sont les propriétaires qui sont considérés comme étant responsables des actes de leurs animaux. Le plus souvent parce que l'on estime que les actes de ces animaux sont issus des agissements de leur propriétaire (manque de surveillance, mauvais traitement etc).
👉A l'époque, les propriétaires des animaux mis en accusation, n'étaient donc pas jugés. Mais parfois, ils étaient tout de même condamnés pour n'avoir pas suffisamment surveillé leurs bêtes, par exemple. Et dans ce cas, on leur demandait d'accomplir un pèlerinage pour se repentir de n'avoir pas fait le nécessaire !
Mais pour d'autres animaux, comme les rats, mouches, souris, mis en accusation, il n'y avait pas de propriétaire ! Et il était impossible de les capturer tous pour les traduire devant un tribunal.
A l'époque, ces insectes et rongeurs, étaient considérés comme de véritables fléaux. Leur procès étant impossible, les prêtres et évêques ont recourt à l'exorcisme, ou à l'excommunication.

La communauté des créature de Dieu
Mais pour bien comprendre ces procès, il faut se remettre dans l'ambiance de l'époque. Au Moyen âge, les animaux étaient considérés, par l'Eglise et les hommes, comme étant des animaux doués de raison. Ils étaient donc capables de ressentir des émotions. Ils étaient et surtout, capables de culpabiliser ou de changer d'attitude après commis un acte répréhensible !

L'Eglise, comme la justice des hommes, ne trouvaient donc pas étonnant de voir une truie, un coq, des dauphins, ou des hannetons, accusés, et condamnés après avoir réalisés des actions jugées répréhensibles par les humains. C'était, sans doute aussi, un moyen de tenter de se prémunir contre les ravages que pouvaient causer certains animaux, comme les Hannetons, aux récoltes.
👉Au Moyen Âge, les produits chimiques n'existaient pas. Les insectes ravageurs, qui détruisaient les cultures, pouvaient ainsi condamner tout un village, voir une région, à la famine. Totalement démunis, les hommes usaient de ce qu'ils pensaient pouvoir être un "moyen" de lutte. Condamner un animal, ou l'excommunier, c'est à dire le condamner à être exclu de la vie éternelle. Condamnation qui, à l'époque, était l'un des pires châtiments qui puisse être prononcés par l'Eglise. Idem pour les animaux porteurs de maladie, comme les rats ou les souris, porteurs de la Peste, qui sévissait à l'époque.
Cette idée que l'animal était un être pensant, doué de raison, sera petit à petit abandonnée par l'Eglise au cours du XVIème siècle. La communauté des créatures de Dieu ne sera plus composée alors que de Dieu, des anges, et des hommes. Hors cette communauté, pas de salut, pas de vie éternelle. Et surtout plus de ressentis personnels, d'émotion, de pensée, ou de raisonnement.
Saint François d'Assise, le Patron des animaux et de l'environnement
Il est difficile de parler du procès de ces animaux, sans évoquer Saint François d'Assise (le Saint Patron des animaux et de l'environnement). Ce Saint très connu, de l'église catholique, racontait souvent des histoires où les animaux étaient doués de raison. Pour St François d'Assise, les animaux, la nature faisaient partie intégrante de la création divine. Ils se devaient, à ce titre, d'être aussi respectées que les êtres humains.
Cette vision était celle de Saint François. Mais pas celle de certains philosophes, comme Descartes.
Pour lui, les animaux n'étaient que des objets, sans grand intérêt, sinon celui d'être utilisés ou mangés.

👉L'histoire raconte ainsi qu'un jour, un prêtre, assez cultivé, se mit en tête de vouloir expliquer à ses paroissiens, l'idée selon laquelle les animaux n'étaient pas doués de raison. Il leur expliqua qu'ils ne ressentaient rien, ne comprenaient rien. Et cette idée, évoquée lors d'un sermon, provoqua l'hilarité générale des habitants présents dans l'église. La plupart étaient des paysans, qui vivaient avec leurs animaux.
L'idée que venait de leur exposer leur prêtre, cette totale absence de pensée, de ressenti de la part de leurs animaux, paru tellement idiote, saugrenue, aux paroissiens, qu'ils en éclatèrent de rire. Eux savaient fort bien que leurs animaux étaient bien différents de simples "objets". Qu'ils avaient tous une personnalité, un caractère, et une manière de s'exprimer bien à eux ! La pensée de ces paroissiens étaient alors bien loin du discours que tentait de leur tenir leur curé !
Les animaux jusque dans les églises !
A cette époque, les animaux vivaient non seulement très près de leurs propriétaires (voir directement avec eux). Ils étaient admis couramment dans les églises. Chien, chat, vache, cochon, tout ce petit monde était accepté durant les cérémonies, et en dehors. Car les animaux avaient leurs Saints patrons, censés les protéger de la maladie, et de la mort. Ainsi les paysans n'hésitaient ils pas à amener leurs vaches, ou chevaux, dans les églises. Au plus près des statues de leurs Saints protecteurs, pour leur demander de les protéger. Et personne, à l'époque, ne trouvait cela étonnant ou anormal !
👉Dès que l'Eglise décida que les animaux ne devaient plus faire partie de la communauté des créature de Dieu, les statues des Saints, protecteurs des animaux, furent retirées des églises. Et il fut alors mal vu de venir accompagné de son chien, ou cochon, dans l'enceinte de cette même église.
🚩Il a tout de même fallut plus de deux siècles pour que cette idée, de l'animal qui pense, raisonne, et ressent soit totalement abandonnée. En grande partie grâce à l'Eglise et aux philosophes !
Comment se déroulait le procès contre un animal ?
Pour entamer un procès, il suffisait, comme de nos jours, de porter plainte. Sauf que l’on pouvait porter plainte contre un animal auprès de la justice. Ou auprès du prêtre. L'on pouvait se plaindre d'animaux, ou d'insectes, qui portaient préjudice aux humains. Ceux qui ravageaient des biens. Qui abîmaient les plantations, cultures. Ou susceptibles de transmettre des maladies.

Les animaux, mis en accusation, pouvaient l'être pour différentes raisons, et donc écoper de différentes peines. La plupart des procès, connus, concernaient des truies, cochons, dauphins, rats, mais aussi sangsues, mouches ou hannetons. Mais on retrouve aussi l'histoire d'un figuier, condamné, car il ne donnait pas de fruits !
👉Mais les animaux n'étaient pas uniquement jugés pour des préjudices sur des biens, ou des humains. Ils l'étaient aussi sur la base de superstition. Le chat qui porte malheur, le corbeau qui est un suppôt de Satan etc.
Les animaux devant la justice civile
Une fois l'accusation portée auprès du tribunal, les procès se déroulaient exactement comme les procès pour les humains. Dans un tribunal composé de juges, avec des témoins et des avocats pour défendre les animaux ! Parfois, les animaux mis en cause étaient présentés devant leurs juges vêtus d'habits d'humains.
Et face à la justice de l'Eglise
Les procès menés par l'Eglise se déroulaient sous la haute autorité de l'Evêque du diocèse. Lui revenait la charge de condamner, ou non, l'accusé, en l'excommuniant, ou déclarant qu'il devait être exorcisé. Parfois celait se traduisait juste par le fait de "maudire" l'animal mis en question. Mais le terme de "maudire" à l'époque, avait un sens bien plus fort que de nos jours. Ce n'était pas un terme que l'on utilisait au quotidien, ni à à tout de bout de champs. C'était, dans l'esprit de cette époque, une véritable et terrible sentence !
Les animaux jugés durant les procès
Les cochons ont été, durant cette période, les plus condamnés de tous les animaux. Accusés de ravager les jardins, les cultures, ou de manger des nouveaux nés, les cochons n'étaient pas très bien vus. Considérés comme des animaux, intelligents, et donc doués de raison, de conscience, les cochons ont souvent été condamnés par les tribunaux, ou par l'Eglise. Et le plus souvent à la peine de mort.
La plupart des procès, connus, concernent des truies, cochons, dauphins, rats, âne, mais aussi sangsues, mouches ou hannetons. Et bien entendu les loups, corbeaux, chouette, coqs et autres animaux liés, de près ou de loin, à la sorcellerie !

👉A la fin de ces procès, la peine décidée par le tribunal était annoncée à l'animal, puis exécutée. Ainsi certains voleurs se sont ils retrouvés emprisonnés avec pour voisin, une truie, ou un autre animal condamné à une peine d'emprisonnement.
L'Eglise, elle, usait d'autre sanctions comme l'exorcisme, l'excommunication
Les procès d'animaux les plus connus
Plusieurs procès d'animaux sont restés dans les annales de la justice. Parmi ceux ci l'ont retrouve, le procès d'une truie, accusée d'avoir blessé et causé la mort d'un jeune enfant. De mouches, accusées d'envahir les habitations. D'un coq, accusé d'avoir pondu un œuf. De chats, accusés de créer des incendies etc.
Le procès de la truie qui avait blessé un enfant
👉Les faits se sont déroulés dans la ville de Falaise,en Normandie, en l'an 1386. Les cochons déambulaient alors librement dans les rues de villages. Ils jouaient le rôle de nettoyeurs, naturels, dévorant toutes les ordures et les déchets qui jonchaient alors les rues. Jusqu'au jour où une truie rentra dans une maison, et mordit le visage d'un enfant qui dormait dans son berceau. Malheureusement, l'enfant décéda quelques jours plus tard, suite aux blessures que lui avait infligé ce cochon. Les parents ont donc porté plainte contre cette truie.

La truie, reconnue coupable de faits très graves, fut condamnée à être traînée à travers la ville, puis pendue, et brûlée !
Le juge en charge de ce procès décida que cette condamnation devait servir de leçon aux paysans et aux cochons qui habitaient dans les environs.
👉Il demanda à ce que la truie soit habillée en femme, puis que cet événement soit peint, et que le tableau soit accroché dans l'église, pour que tout le monde se souvienne de ce jugement !
Et pour que ce jugement serve de référence à tous, le juge demanda aux paysans, et à leurs cochons, de venir assister à l'exécution de la truie. L'idée du juge était de faire comprendre aux autres cochons présents, qu'il ne fallait jamais se conduire ainsi, sous peine de finir comme cette truie ! Ce procès a duré neuf jours, et la sentence fut annoncée à la truie dans sa geôle !
Texte original concernant le procès d'une truie dans l'Aisne en 1494.
Les autres animaux condamnés
👉80% des procès ont concernés des cochons. Les excommunications et rites d'exorcisme ont été effectués sur d'autres animaux, moins faciles à attraper.
- Le procès des rats de Berne : ce procès est un événement historique qui s'est déroulé en Suisse au XVIIe siècle. Les rats étaient accusés d'avoir causé une épidémie de peste bubonique qui avait frappé la ville de Berne. Les habitants de Berne, croyant que les rats étaient responsables de la maladie, ont décidé de les traduire en justice.
Le procès s'est déroulé de manière symbolique, avec des rats en accusés, et des avocats pour les défendre. Les rats ont été déclarés coupables et condamnés à mort, l'ordre a été donné de les exterminer.
- Le procès des chats de Savoie : Ce procès eut lieu en France au XVème siècle. Les chats furent accusés d'avoir volé de la nourriture et d'être responsables d'incendies. Il furent condamnés, mais la sentence ne fut pas exécutés, et les chats finirent par être libérés.
- L'excommunication des mouches : une énorme quantité de mouches avait envahit l'abbaye de Clairvaux ou vivait St Bernard, causant de la gêne et des dégâts. Saint Bernard se rendit donc où se trouvait les mouches et déclara qu'il les excommuniait. L'histoire raconte que les mouches étaient mortes dès le lendemain.
- Les rites d'exorcisme contre des Dauphins, accusés d'avoir causés des dommages en arrivant en très grand nombre dans le port de Marseille en 1596. L’évêque de Cavaillon, vint exorciser les dauphins, leur ordonnant de quitter le port et de ne plus y revenir. L’histoire dit que les cétacés “se le tinrent pour dit et ne reparurent plus”.
De nombreux animaux furent donc ainsi jugés, pour des dégâts, mais aussi parce qu'ils étaient "supposés être" envoutés, ou capables de se transformer, la nuit venue, en loup garou ou autre animal tueur ou maléfique.
références : Procès / La truie de Falaise / Mag des animaux / Procès animaux en Lorraine / L'agora