Coupes rases Yvelines

:) Les coupes rases en question

Les coupes rases, technique de gestion forestière, sont de plus en plus pointées du doigt ces dernières années. Elles donnent lieu à de multiples bras de fer entre propriétaires terriens, forestiers et habitants des régions où elles se déroulent.

C'est quoi une coupe rase ?

Les coupes rases, également appelées coupes à blanc, désignent une pratique sylvicole consistant à abattre la totalité des arbres dans une zone forestière donnée.

Coupe rase à flanc de montagne

Cette technique diffère des autres méthodes d'exploitation forestière qui préconisent l'abattage sélectif ou progressif des arbres. Les coupes rases impliquent donc la suppression complète de la canopée forestière sur une parcelle.

Tous les arbres, jeunes ou vieux, présents sur la parcelle sont coupés. Ainsi que tous les arbustes et végétaux présents aux alentours de ces arbres.

A quoi servent les coupes rases ?

Les coupes rases sanitaires

Les coupes rases sanitaires sont mises en œuvre lorsque la présence d'une maladie ou d'un parasite représente une menace importante pour la santé des forêts. Il est donc parfois nécessaire de couper l'intégralité d'une parcelle pour tenter de stopper la maladie, ou l'insecte, qui tue les arbres.

Les coupes rases sanitaires sont mises en œuvre lorsque la présence d'une maladie ou d'un parasite représente une menace importante pour la santé des forêts. Les exemples les plus courants incluent des maladies fongiques telles que la chalarose du frêne ou la graphiose de l'orme, ou des parasites comme le dendroctone du pin.

Des mesures spécifiques peuvent être mises en place pour minimiser les impacts environnementaux et maximiser la récupération des écosystèmes forestiers après l'opération. Cela peut inclure des méthodes de reboisement ou de régénération après la coupe, ainsi que des pratiques de suivi et de surveillance pour détecter et traiter rapidement de nouvelles infections ou infestations.

Les coupes rases sanitaires sont des mesures ponctuelles et spécifiques qui sont mises en œuvre dans des situations exceptionnelles pour protéger la santé globale des forêts. Elles diffèrent des coupes rases plus générales utilisées dans l'exploitation forestière commerciale.

Les coupes rases exploitation forestière

Les coupes rases sont souvent utilisées dans le cadre de l'exploitation forestière. Elles peuvent également être mises en œuvre pour créer des zones de régénération forestière. Mais elles servent aussi à convertir des zones forestières en d'autres utilisations telles que des champs agricoles, des constructions, ou des projets industriels.

L'exploitation forestière c'est couper les arbres pour notre utilisation personnelle : fabrication de meubles, bois de chauffage, parquet, maison etc. Nous avons besoin de bois pour nos constructions, et notre vie quotidienne. Et ce bois il faut bien aller le couper dans la forêt.

La gestion des forêts sans la biodiversité

Les arbres qui sont coupés de nos jours ont été plantés il y a plusieurs années, dans le but unique de nous fournir du bois aujourd'hui. Selon les essences, ils ont été plantés il y a 25 ou 30 ans, pour le peuplier, voir même 40 ou 50 ans pour le chêne, qui pousse beaucoup moins vite.

Ces coupes sont donc prévues, à plus ou moins long terme. Mais elles font partie du plan de gestion de la forêt mis en place par les propriétaires ou l'organisme en charge de la gestion de cette forêt.

Et c'est là que commencent les ennuis...

Les coupes rases sont elles réellement utiles ?

A cette question, les coupes rases sont elles utiles, vous risquez d'obtenir de multiples réponses. Pour ceux qui gèrent la parcelle qui doit être coupée, bien entendu, la coupe rase est obligatoire. Puisque c'est ce qui a été prévu il y a 20,30 ou 40 ans. Si le bois de cette parcelle n'est pas coupé au bout du nombre d'années prévu, il va être "perdu".

Si les arbres sont laissés sur pied, ils ne pourront plus être vendus au tarif qui devrait être le leur. L'arbre risque de s'abîmer, sa valeur va donc baisser. Et ce qui compte le plus dans ce cas là, c'est la valeur de ce bois, sur pied. La valeur financière de cet arbre, une fois qu'il sera abattu. Attendre, et laisser l'arbre en place, c'est donc prendre le risque de perdre de l'argent.

Les cultures de pins une plaie pour la biodiversité

De nombreuses parcelles sont donc plantées dans un but purement financier. Elles sont parfois "spécialisées", et ne sont alors plantées qu'avec une seule essence d'arbre.

Comme les plantations de pins, ou de peupliers. Les pins poussent vite, et peuvent donc être abattus au bout de quelques années seulement. Une bonne rentabilité.

Mais...que se passe t'il ensuite ?

Replanter derrière une coupe rase

Une fois ces parcelles rasées, il ne reste absolument plus rien. Les arbres ont disparus, et les engins ont largement écrasés les végétaux environnants. Alors que se passe t'il ?

Parfois rien du tout. La parcelle est laissée en l'état, en attendant que les arbres repoussent par eux mêmes. Que la nature fasse son œuvre. Ce que l'on nomme la régénération naturelle. Ce qui prendra des années.

Ou bien la parcelle est replantée. Avec les mêmes arbres. De jeunes arbres de quelques années seulement. Et le cycle reprend son cours. Plantation. Attente pour que les arbres poussent. Abattage.

Sauf que...ces parcelles qui sont rasées ne sont pas seulement un "stock de bois", une simple réserve de marchandises. C'est aussi, et peut être surtout, un lieu de vie.

Les coupes rases et la biodiversité

« Après une coupe rase, la température peut augmenter de plus de dix degrés au sol, indique le naturaliste Alain-Claude Rameau, auteur du livre Nos forêts en danger .

Les arbres sont vivants. Ils communiquent entre eux, s'entraident même parfois. Ils stockent du carbone, transpirent, respirent et meurent. Mais lorsqu'ils ne sont plus là, c'est tout l'environnement qui en souffre. Les sols s'assèchent, et les oiseaux, insectes, champignons ne peuvent plus vivre à cet endroit.

Pic épeiche nid Les coupes rases un désastre écologique

Une fois la parcelle entièrement coupée. Rasée. Que deviennent ces plantes ? Que deviennent ces animaux et insectes ? Ils vont ailleurs. Ils sont priés d'aller ailleurs. Où ils veulent. Comme ils veulent. Où bien ils meurent.

Certains insectes, fleurs ou autres végétaux ont été rayés de la carte après des travaux de coupe rase. Ceux qui ont résisté, se sont déplacés.

Et pour être tout à fait honnête....tout le monde s'en moque un peu. Ils s'en remettront. Ou pas. Ils sont partis ailleurs ou ont été écrasés. Pas grave. Il y en aura d'autres. Ca repoussera. Ils reviendront. Un jour. Dans 20 ou 30 ans. Quand les arbres auront repoussés. A moins qu'ils n'aient disparu d'ici là.

Il n'y a actuellement pas de protection pour la biodiversité dans ces parcelles rasées. Rien n'est prévu pour leur protection puisque ces animaux et insectes ne rapportent rien. Les pinèdes, peupleraies qui sont rasées, laissent derrière elles des espaces entièrement déserts. Il ne reste absolument plus rien. Ni pour se loger, ni pour manger.

30 % des insectes forestiers dépendent des arbres morts, 40 % des oiseaux des bois ont besoin d’arbres qui sont abîmés ou en train de mourir.

Dans ces parcelles gérées comme des stocks de bois sur pied, toute cette vie n'est pas prise en compte. Il s'agit d'élevage d'arbres dont la seule utilité est de fournir du bois.

Tout l'écosystème existant autour de ces élevages est totalement ignoré par les gestionnaires en charge de ces forêts.

Ecureuil habitant des forêts coupes rases en question

Alors que le réchauffement climatique s'intensifie, et que la biodiversité est en danger, est il toujours bien raisonnable de continuer à raser des hectares et des hectares de forêt, sous prétexte que c'est le moment. Que le bois vaut cher et que les acheteurs, internationaux, se pressent à nos portes pour nous acheter nos superbes troncs d'arbres ?

Et le reste...on s'en fout !

Dénoncer les coupes rases

De nombreux scientifiques n'hésitent plus à dénoncer ces coupes en les qualifiant de "désastre écologique". Et pourtant elles continuent à être pratiquées.

De plus en plus d'associations, locales, ou nationales, alertent depuis plusieurs années sur cette pratique et n'hésitent pas à dénoncer, voir à poursuivre, certaines coopératives forestières, ou propriétaires forestiers, qui réalisent des coupes rases dans leurs forêts. Parfois même en ignorant complètement les règles qui régissent ces coupes rases, voir les lieux où elle se déroulent.

Car toutes les coupes rases ne sont pas "forcément" dans les règles, comme l'on pourrait le penser. De nombreux propriétaires, et forestiers, réalisent ces coupes en estimant qu'il s'agit de coupes réalisées sur des terrains privés. Et donc hors toute règle.

Coupes rases Yvelines

Ne croyez pas cela. Toutes les coupes, y compris celles réalisées sur des parcelles de bois privés, sont soumises à des règles. Aucun propriétaire, ou forestier, ne peut ignorer, ou faire semblant d'ignorer ces règles. Qui s'appliquent à toutes les forêts.

De nombreux pays ont d'ores et déjà interdit les coupes rases. La Suisse, l'Allemagne, l'Autriche, la Lettonie, n'autorisent déjà plus ce genre de gestion forestière estimée comme étant violente et contre productive. Hélas en France, ces permis de couper comme l'on veut, sont pourtant encore légions.

De nombreuses alternatives existent, comme la gestion en futaie régulière. Et des collectifs de citoyens, ou de propriétaires terriens se sont crées pour tenter de protéger notre forêt et ses écosystèmes.

Les associations de défense de la forêt

Pro sylva France : une association de forestiers (propriétaires, gestionnaires, professionnels et amis de la forêt) réunis pour promouvoir une sylviculture raisonnée, et pas uniquement basée sur la rentabilité.

Sauvegarde forêts du Morvan : un groupement qui achète des parcelles de bois du Morvan, pour éviter que les arbres ne disparaissent au profit de la culture de Pin.

Canopée : l'association qui dénonce les coupes rases de certaines coopératives, comme Alliance France bois. Avec du greenwashing en cadeau.

SOS Forêt France : Le collectif SOS Forêt France s’engage pour contribuer à élaborer et à faire adopter une autre vision de la gestion forestière et de la filière Bois 

A lire : Article du CNRS sur l'utilité du couvert régulier.

Les Jardins de Mélusine

La Biodiversité, quelle aventure !

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