La grippe aviaire catastrophe "naturelle" ? La grippe aviaire a frappé durement les oiseaux en 2022. Des millions d'oiseaux sauvages sont morts, ou ont été abattus pour tenter d'enrayer cette maladie, mais sans grand succès.
La LPO dans une conférence le 6 janvier 2023, s'est alarmée du bilan terrifiant de cette maladie durant l'année qui vient de s’écouler. Le pire bilan depuis l'apparition de cette maladie en 1997.
👉140 millions de volailles ont été abattues dans le monde durant l'année 2022. Ce chiffre est bien supérieur à celui enregistré durant l'année 2019/2020 qui était (seulement) de 10 millions.
🚩Des milliers d'oiseaux sauvages sont morts de grippe aviaire durant l'année 2022. Cette surmortalité met en péril la survie de certaines populations d'oiseaux, comme les Fous de Bassan, présents sur l'Ile Rouzic en Bretagne (Côtes d'Armor), ou les Vautours fauves dans l'Aveyron.
La grippe aviaire, qu'est ce que c'est ?
👉La grippe aviaire (Influenza aviaire) est une infection très contagieuse provoquée par des virus grippaux (de type A). Son nom scientifique est H5N8. Cette grippe peut toucher toutes les espèces d'oiseaux sauvages ou domestiques. On la nomme aussi : "la peste aviaire", "L'Ebola du poulet" car cette grippe à un taux de mortalité très élevé.
🚩Ce virus de la grippe peut être totalement invisible chez les oiseaux qui en sont atteints. Ceux ci ne présentent aucun symptômes, avant pourtant d'en mourir.

Cette grippe peut toucher d'autres espèces animales, comme le porc, mais il peut aussi infecter les humains. Quelques cas ont été observés sur des personnes en lien direct avec les oiseaux.
Les symptômes de la grippe aviaire
La grippe aviaire peut contaminer tous les oiseaux d'élevage, poules, canards, oies, dindons etc. Les oiseaux peuvent être asymptomatiques, mais peuvent aussi présenter quelques symptômes comme des troubles respiratoires, des écoulements nasaux.
👉D'autres symptômes peuvent apparaître aussi, comme une crête gonflée, des diarrhées, ou des caroncules (petites excroissances) sous les yeux. Généralement la poule, ou l'oiseau, atteint par cette maladie, ne présente pas un état de forme optimale. Les plumes sont ébouriffées, l'animal à l'air fébrile, dans le cas d'une poule, elle pondra moins et ses œufs seront mous, ou avec une coquille fine.
👉Tous les oiseaux ne meurent pas de la grippe aviaire. Par précaution, ils sont donc tués pour tenter d'enrayer le virus. Mais le taux de mortalité est très élevé dans les poulaillers ou élevages atteints par cette maladie. Dans tous les cas, les éleveurs ou propriétaires doivent contacter les services vétérinaires pour signaler le problème, et obtenir des traitements allopathiques. Mais la plupart du temps, il est décidé d'abattre les volailles.
La grippe aviaire et l'homme
🚩Observé pour la première fois en 1997, à Hong Kong, la grippe aviaire avait alors causé la mort de 6 personnes. Mais les cas d'infection restent rares.
Si le virus reste sous surveillance, c'est qu'il peut muter. A ce jour, on sait qu'il peut se transmettre d’un animal à un homme, mais il n'existe pas de cas d'infection entre deux humains. C'est cette impossibilité de muter qui exclut, pour l'instant, tout risque de pandémie humaine.
👉La France a donc intensifié sa surveillance des oiseaux sauvages, ceci afin de pouvoir mieux surveiller la propagation du virus et surtout son éventuelle mutation.
Il n'existe actuellement pas de vaccin contre cette grippe pour les humains. Mais il existe des antiviraux efficaces en cas d'infection chez un humain. Et pour éviter tout risque d'infection, des mesures sanitaires sont mises en place, comme se laver les mains après avoir soigné les oiseaux.
La grippe aviaire dans les élevages intensifs
Les populations d'oiseaux d'élevage sont particulièrement touchées par cette infection en raison du très grand nombre d'oiseaux concentrés au même endroit.
🚩Une fois le virus entré dans un élevage, c'est l'ensemble des oiseaux présents dans cet élevage qui sont condamnés à mort.

Par principe de précaution, tous les oiseaux, poules, canards, oies etc présents dans cet élevage seront donc abattus, pour tenter d'éradiquer le foyer.
Cette pratique radicale sert à éviter que la grippe ne gagne les élevages proches, ou ne contamine les oiseaux sauvages, dans le cas d'oiseaux élevés en plein air.
👉L'arrivée de cette infection dans les élevages n'est pas forcément due aux oiseaux sauvages. Car beaucoup d'oiseaux élevés dans les élevages intensifs, ne voient jamais la lumière du jour. Ils restent enfermés durant toute leur courte vie dans de grands hangars clos, voir dans des cages. Ils ont donc peu de chance de croiser un pigeon, une mouette, ou même un moineau.
Mais les oiseaux ne sont pas les seuls à pouvoir propager cette grippe. La paille, les chaussures, la nourriture peuvent tout à fait servir de moyen de transport à ce virus, qui peut apparaître n'importe où, dans un élevage, comme dans la nature.
🚩Le souci des élevages intensifs est qu'ils concentrent un nombre d'oiseaux très important, que ces oiseaux sont souvent stressés, vu le trop grand nombre de congénères qui se trouvent autour d'eux. Le stress, le peu d'accès à l'extérieur, la concentration sont autant de facteurs qui favorisent l'apparition de multiples maladies.
Dans un élevage important, le virus peut décimer en 24h à 48h la totalité de l'effectif des poules présentes.
Les oiseaux sauvages uniques responsable de la grippe ?
👉Lorsque l'on parle de grippe aviaire, il n'est pas rare d'entendre que ce sont les oiseaux sauvages qui sont responsables de cette hécatombe. En se promenant, et en visitant des sites où se trouvent des oiseaux d'élevage, les oiseaux sauvages permettraient donc à la maladie de se répandre à une vitesse grand V.
Les oiseaux sauvages seraient donc de dangereux vecteurs de virus, et les uniques responsables de cette épidémie ?
Dans la réalité, ce n'est pas si simple. Le point d'entrée de ce virus dans les élevages n'est pas toujours évident à trouver.

🚩Beaucoup de volailles sont totalement enfermées, et ne voit jamais la lumière du jour. Mais par contre elles voient des humains, qui peuvent tout à fait transporter le virus, sans même s'en rendre compte (nourriture, chaussure, paille etc.)
Alors, évidemment, les oiseaux sauvages, qui bougent sans arrêt d'un lieu à l'autre sont effectivement plus susceptibles de disperser ce virus, juste en passant d'un espace à un autre. Mais ils peuvent aussi tout à fait le propager en ayant fréquenté un lieu d'élevage intensif qui lui était infecté. Le virus passe dans un sens comme dans l'autre. Et la condensation des oiseaux dans un même lieu favorise grandement l'apparition et la circulation de ce virus.
👉En Asie, des échanges entre la faune sauvage et les élevages intensifs ont permis de constater que la souche du virus n'avait pas été importée dans l'élevage par les animaux sauvages, mais que la souche de ce virus était bel et bien apparue en premier dans l'élevage. Avant de se propager parmi les oiseaux sauvages.
Les Fous de Bassan, et les Vautours fauves en danger
Ce qui a causé une hécatombe chez les oiseaux sauvages, c'est que ce virus est arrivé au printemps, au moment de la reproduction.
👉Ainsi la Réserve des Sept Iles dans les Côtes d'Armor, en Bretagne, a t'elle vu sa population de Fous de Bassan être quasiment décimée en 2022. Cette colonie de 19 000 couples représente 4% de la population mondiale. Plus de 90% des poussins nés au printemps dernier ont été infectés par ce virus et en sont morts. Des milliers d'oiseaux adultes ont été retrouvés morts sur l'île et aux alentours.
🚩Les Fous de Bassan n'ont qu'une seule couvée par an, et celle ci ne comprends qu'un seul et unique poussin. C'est donc toute une génération de Fous qui vient de disparaître, sans compter les adultes. Une catastrophe pour cette population qui a bien du mal à survivre.

🚩Dans l'Aveyron, ce sont des Vautours Fauves qui ont été retrouvés morts. Cette maladie les avait épargnés jusqu'ici.
Seulement 30% des poussins nés en 2022 ont résisté à la maladie contre 75% en 2021. Ce qui mets en danger cette espèce déjà menacée.
Les solutions pour lutter contre la grippe aviaire
🚩Le principe de précaution dicté par le gouvernement passe par l'élimination systématique et massive des oiseaux d'élevages et par l'information. Ainsi est il régulièrement demandé aux éleveurs, dont les poules sont élevées en plein air, ainsi qu'aux particuliers, de ne plus laisser leurs oiseaux à l'extérieur, mais de les confiner !
Il est aussi question de vacciner les oiseaux d'élevage contre cette grippe, un peu à la manière des humains. Un vaccin par an, pour chaque oiseau d'élevage, sachant que comme pour les autres grippes, la grippe aviaire n'est pas tout à fait la même d'une année sur l'autre. Raison pour laquelle chaque année, le vaccin pour la grippe, destiné aux humains n'est pas non plus identique à ceux des années précédentes.
👉 Pour la LPO, ces mesures ne sont pas satisfaisantes. Elle demande à ce que soit prit en compte les risques liés à l'élevage intensif, en ne permettant plus l'installation d'élevages démesurés, avec des oiseaux entassés dans de grand hangars, ou dans des cages (le tout dans des conditions parfois déplorables).
🚩Il faut privilégier les petits élevages, locaux, dont les conditions de vie et sanitaires, sont plus supportables et plus sûr au niveau sanitaire. Ces élevages permettent aussi de maintenir une diversité dans les races d'oiseaux élevés ainsi, plutôt que les gros élevages, dont les animaux voyagent beaucoup entre le moment de leur naissance, et leur lieu de mort. Certains oiseaux parcourent ainsi des milliers de kilomètres en quelques mois, passant d'un lieu à l'autre, ce qui favorise la propagation des maladies.
Références
Institut Pasteur / Reporterre / Ministère de l'agriculture / LPO